Cougar au Batofar (7 octobre 2009)

Cougar est un groupe américain globalement méconnu de ce côté de l’Atlantique, et c’est bien dommage. Découverte très récente pour ma part via Patriot, leur second album, je ne regrette pas de les avoir vus en concert sur un bateau. Sans conteste, la musique de Cougar prend toute son ampleur sur scène et on peut espérer que le groupe reviendra à Paris malgré un premier accueil plutôt frais.

cougar_live.jpg

Un concert au Batofar, c’est d’abord une expérience. Cette petite salle parisienne est atypique à tous les égards : par sa position géographique isolée (près de la BNF et rive gauche), par son cadre (péniche) et l’ambiance qui y règne. Ancien bateau phare, comme son nom l’indique, il a été rénové en salle de concert/bar/restaurant dans un quartier qui en est totalement dépourvu. La salle est plutôt sympathique, d’autant que, bateau oblige, elle bouge régulièrement. C’est plutôt surprenant au départ, mais on se laisse vite porter, au risque d’ailleurs de se laisser bercer… Une bonne heure après l’heure indiquée sur mon billet (soupir…) on peut enfin rentrer, et le concert commence ensuite.

batofar.jpg

Je passerai vite sur la première partie. Thea Hjelmeland, artiste norvégienne qui accompagne sa voix d’un peu de banjo/ukulélé ou autre instrument de ce type. Ça n’était pas mauvais, pas déplaisant, mais comme je le suggérais plus haut, le mouvement régulier du navire faisait l’effet d’une berceuse, et la musique peu entraînante n’aidant pas, je n’ai pas tout suivi. Cela m’a semblé en tout cas assez classique.

Venons-en donc au principal, à savoir Cougar. Je disais donc que c’était une découverte récente pour moi. Je suis même en mesure de la dater précisément au 18 septembre 2009, plus ou moins un jour, c’est-à-dire la date de la critique de Patriot par Benjamin. Le sachant sévère, j’ai l’habitude de jeter un œil systématique aux albums ayant reçu 9/10 et mon œil a été particulièrement attiré par le genre (Post-Rock) puis par la critique élogieuse. Une demi-écoute Spotify plus tard, j’achetais l’album sur l’iTunes Store, avant d’acheter une place de concert.

Quelle mouche avait bien pu me piquer ? Je ne veux pas refaire ce que Benjamin ou Mauve ont déjà fait si bien, à savoir une critique de l’album, mais juste revenir sur ce qui fait la force de Patriot selon moi. Le post-rock est un genre que j’apprécie beaucoup, mais qui connaît aussi ses limites, lorsque des groupes se contentent d’appliquer la bonne vieille recette du long morceau instrumental à base de guitares qui montent en puissance. Cougar a su éviter les pièges du genre en se limitant à des morceaux courts (le plus long atteint 5:35) et en se concentrant sur des morceaux relativement simples. Certes, la structure évolue, les rythmes et les ambiances changent, mais chaque morceau à son unité et son identité. Les guitares, au nombre de trois, se font sans nul doute entendre, mais elles laissent aussi place au reste, et ne se content pas du schéma doux>fort.

cougar-batofar.jpg

Crédit : Michaurel @ FlickR

Ce que le concert a bien mis en évidence, mais qui était bien sûr présent de manière un peu cachée sur le disque, c’est que Cougar n’est pas vraiment un groupe de post-rock, ou pas que (il faut dire que je suis toujours aussi nul avec les genres). Des pointes électroniques parsèment la musique, alors que la batterie occupe une place essentielle qui va bien au-delà du simple marquage du rythme. Sur scène, ce fut une évidence : Cougar me rappelait furieusement Ezekiel dans ses moments les plus lourds, quand les guitares prennent toute leur puissance. Les sonorités sont très proches entre les deux groupes en concert, c’en est même troublant.

Bien sûr, ce concert classé dans la catégorie post-rock présente quelques caractéristiques qui ne trompent pas, comme le fait que devant chaque guitare, au sol, des dizaines de boutons et de câbles s’étalent, le fait aussi que les artistes regardent moins le public que ces boutons ou le plafond (quand ils ne ferment pas les yeux, pris par leur musique comme une transe). Le volume sonore change du tout au tout en un clin d’œil, ce qui est aussi un signe. Néanmoins, on reconnaît des influences diverses et qui varient en fonction des morceaux, évitant toute lassitude. On peut aussi noter l’usage d’instruments plus inattendus, comme une contrebasse ou des guitares sèches.

On aimerait, comme toujours, un peu plus de prise de risque par rapport à l’album, mais je dois dire que le concert n’a absolument pas ressembler au passage du disque volume à fond. Comme je le disais d’emblée, la musique de Cougar prend tout son sens en concert, et il serait dommage de les rater. Néanmoins, ce premier concert français pour le groupe n’a pas été un franc succès, la salle étant restée bien vide et peu enthousiaste en moyenne. Voilà donc encore un groupe qui gagnerait à être plus connu…

Photo couverture : Michaurel @ FlickR