Le Jean Moulin à Lyon

Situé sur les quais de Rhône, dans le quartier de Cordeliers, Le Jean Moulin a été récemment rénové et il est tenu par une équipe jeune autour du chef Grégoire Baratier, qui n’a même pas trente ans. Le restaurant appartient au réseau des Toques Blanches lyonnaises, un gage de qualité habituellement, qui se confirme bien ici. Avec son menu unique et ses prix raisonnables, l’adresse est un excellent choix, avec une cuisine française simple, mais de qualité et vraiment savoureuse.

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Le restaurant a beau être placé au bord d’un grand boulevard sur les bords du Rhône, on entre dans une toute petite pièce assez calme… du moins tant qu’elle est vide. Au premier étage, quelques tables et couverts, mais l’essentiel est à l’étage, dans une salle plus vaste, mais plus bas de plafond. Une disposition traditionnelle à Lyon, Le Jean Moulin reste ainsi dans la catégorie des petits établissements, à l’image de la minuscule cuisine séparée de la salle par une seule vitre. L’équipe, elle aussi, est réduite et en ce samedi midi avec un service complet, cela s’est ressenti : entrés vers midi et demi, nous sommes sortis trois heures après, avec un grand temps d’attente entre les entrées et les plats. Ce n’est pas l’idéal et on sentait bien que les quatre employés faisaient ce qu’ils pouvaient pour servir tout le monde, mais que la petite cuisine ne pouvait pas sortir les assiettes au rythme nécessaire. Autant dire que l’on peut prendre son temps pour découvrir une carte concentrée avec quatre entrées, quatre plats et cinq desserts au choix. Inutile de commander à la carte, ici on ne mange qu’au menu avec trois formules : soit deux plats les midis en semaine, soit trois plats, voire quatre si on opte pour la formule fromage et dessert. C’est simple et c’est bon marché, puisque les tarifs débutent sous la barre des 20 € et ne dépassent pas les 30 €. Du moins, ce sont les tarifs de base, puisque l’on découvre vite des suppléments glissés dans la carte et qui font monter la note. Reste que l’on a des tarifs très raisonnables, pour cette carte qui annonce une cuisine traditionnelle.

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On commence par ouvrir une bouteille de vin, un Saint-Joseph de 2012 qui n’était pas mauvais, mais beaucoup trop cher pour la qualité. C’est classique au restaurant, mais la carte des vins du Jean Moulin aurait gagné à être plus variée et surtout plus ouverte sur l’entrée de gamme. Sans trop attendre, les entrées arrivent : outre le traditionnel gâteau de foie de volaille, apparemment parfaitement réalisé, il y a du foie gras poché au Porto avec un supplément de 4 € ou un émietté de crabe bien frais, servi avec un velouté de céleri également froid. Une entrée simple, mais qui remplit exactement son rôle pour ouvrir le repas et l’appétit. Dommage, dans ces conditions, d’avoir eu à attendre si longtemps pour les plats, mais l’attente a été compensée par les assiettes que l’on nous a apportées. Le filet de lieu accompagné de haricots coco était frais et bien cuit, la côte de veau ne méritait peut-être pas son supplément de 8 €, mais il faut reconnaître que le chef connait ses classiques et la viande rosée comme il se doit était d’une tendreté folle. Quant au paleron de bœuf Angus qui a cuit pendant sept heures si l’on en croit le menu, c’est un autre classique de la cuisine française et un autre sans faute. La viande était tendre comme du beurre et la sauce très concentrée qui l’accompagnait fonctionnait comme un condiment, un peu salée, mais idéale à condition de bien la doser. Les accompagnements, soit un gratin de pomme de terres qui n’était pas un gratin dauphinois à cause des champignons, soit une purée de légumes anciens, étaient bons, mais pas renversants, et surtout servis à part. On sent bien que le chef s’est surtout concentré sur les viandes et poissons et moins sur les accompagnements, mais ce n’est pas grave, tant l’élément principal dans l’assiette était convaincant. Les desserts restent simples, mais ils sont là encore précis et savoureux : le crémeux de chocolat relevé par une couche de praliné et surtout par une émulsion à la fève de tonka était carrément excellent, le riz au lait avec du caramel acidulé et des fruits rouge était très bien réalisé, même si le poivre de Sichuan promis par le menu était aux abonnés absents. Les amateurs de fromage seront bien servis eux aussi, avec une sélection ou des Saint-Marcellin tous fournis par Renée Richard, célèbre fromagerie lyonnaise.

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Difficile de faire la fine-bouche : à l’heure des bilans, Le Jean Moulin est un excellent restaurant, avec des prix raisonnables et une cuisine traditionnelle, certes, mais parfaitement exécutée. Chaque assiette est gourmande et on ne laisse rien traîner, c’est bon signe. Si vous cherchez une bonne adresse dans le centre de Lyon, c’est un choix à considérer !