Limitless, Neil Burger

« Et si une pilule pouvait vous faire devenir intelligent, riche et puissant ? », demande l’affiche de Limitless. C’est l’idée du film : une pilule décuple les capacités du cerveau et offre à quiconque en prend une des capacités intellectuelles extrêmement importantes. À partir de cette idée toute simple, Neil Burger construit un film léger, très plaisant à suivre et à regarder.

Limitless

Eddie Morra adorerait être écrivain. Une éditrice a suffisamment cru en lui pour lui faire une avance, mais il ne parvient pas à dépasser les trois premiers mots. La page blanche exerce sur lui une paralysie totale qui l’inhibe totalement et l’empêche d’écrire. Alors qu’il se fait larguer par sa copine, il vit de plus en plus comme un clochard qui boit le peu d’argent qui lui reste, bar après bars. Un jour, il tombe par hasard sur son ancien beau-frère, un dealer avéré. Ce dernier lui passe une pilule qu’il prétend miraculeuse : le NZT débloque totalement les capacités cérébrales de l’être humain et permet ainsi d’être beaucoup plus intelligent et efficace. Eddie n’ayant plus rien à perdre, il prend une pilule et écrit dans la journée qui suit 40 pages qui sont jugées brillantes par son éditrice. Les effets de la pilule sont néanmoins de courte durée et une seule a suffi à le rendre accroc. Sous l’effet de la substance, Eddie termine son livre en trois jours avant de gagner en ambition et de se lancer dans la finance et la bourse. Très vite, il atteint des sommets, le temps de découvrir que le NZT a aussi des effets secondaires indésirables, surtout en cas de sevrage…

Devenir talentueux et riche d’un claquement de doigts, qui n’en a pas rêvé ? C’est un thème extrêmement classique dans la littérature, comme sur les écrans, que le claquement consiste à tomber sur une formule chimique, un génie dans sa lampe, ou tout autre artifice de fiction. Limitless choisit une voie plus réaliste, même si cette pilule qui débloque les capacités du cerveau relève purement de la science-fiction à l’heure actuelle. L’idée n’est néanmoins pas totalement extravagante et elle est suffisamment crédible pour que le spectateur y croit, ce qui est bien l’essentiel. Le scénario, très certainement un des plus gros points forts du film, est d’ailleurs très bien mené, avec la découverte tardive des effets secondaires désagréables et bien entendu le twist final que l’on ne révélera pas, mais qui s’avère totalement logique. Ce loser, écrivain raté incapable d’aligner plus de trois mots sur une page, n’aurait même pas osé rêver d’une telle pilule. Quand on lui en propose une, il ne peut que la prendre et l’effet qu’elle a sur lui est tellement fort qu’il ne peut alors plus jamais revenir en arrière. C’est le coup classique de toutes les drogues, sauf qu’il ne s’agit pas ici que de se sentir bien : quand il arrête le NZT, non seulement il perd toute capacité intellectuelle ce qui menace tout son succès, mais il peut même en mourir. L’idée est là encore classique, mais efficace : prendre cette pilule, c’est un peu signer un pacte avec le diable. Le succès est au rendez-vous, certes, mais à quel prix ?

Cooper limitless

Que l’on ne s’y trompe pas néanmoins, Limitless n’a rien d’un film philosophique sur les effets de la drogue ou de la réussite. C’est un thriller assez convenu en apparence, mais dynamisé par quelques bonnes idées tant scénaristiques que formelles. Neil Burger propose un film au ton très léger, presque à la limite de la comédie. Limitless emprunte toujours le point de vue d’Eddie, son héros, et le film a la bonne idée de commencer par la fin, ou en tout cas par un climax, avant de remonter le temps. Procédé qui est ici bien mené et qui conserve toute son efficacité : passée l’introduction avec l’Eddie miteux, le film embraye sur une longue séquence d’ascension sociale fulgurante, si bien que l’on se demande comment la chute va se produire. Le ton reste quant à lui plutôt léger, quand bien même les évènements sont tragiques. Le héros de Limitless est le parfait natif à qui tout arrive et qui s’en sort finalement toujours des pires situations. Quand il fouille l’appartement de son ex beau-frère avec des gants de ménage jaunes, quand il hésite à sauter de son appartement, quand il cherche frénétiquement sa vieille boite contenant les pilules…

Limitless n’est pas un film réalisé avec beaucoup de finesse, mais il s’avère efficace et offre même quelques expérimentations visuelles inattendues et réussies. Neil Burger a choisi sans surprise de différencier clairement les moments où son héros est dans un état normal de ceux où il est sous l’emprise du NZT par deux photographies très différentes, la première terne et la seconde colorée. Rien d’original ici, c’est efficace, mais sans plus. On apprécie plus les trous noirs du personnages, représentés par de vertigineux mouvements de caméras dans tout New-York ; à d’autres moments, c’est carrément la caméra de Burger qui se retourne. À défaut d’être fine ou originale, cette mise en scène est vive et assez fun.

Limitless burger

Limitless n’est sans doute pas le film de l’année, mais Neil Burger propose un divertissement de qualité, léger, mais plaisant. L’histoire n’est pas très originale, mais elle fonctionne parfaitement bien. Le scénario parvient à maintenir un certain niveau de suspense et s’avère surtout parfaitement logique. En bref, un film parfait pour une soirée agréable.