Les Miller, une famille en herbe, Rawson Marshall Thurber

Les Miller, une famille en herbe entre dans cette catégorie de films construits autour d’une idée assez simple, mais qui fonctionne bien. Prenez un petit dealer de drogue un peu minable qui se fait cambrioler un jour et qui perd non seulement toute la marchandise qu’il doit vendre, mais aussi tout l’argent récupéré des ventes. Pour éviter la mort, il n’a pas d’autre choix que d’accepter l’offre de son « patron » : se rendre au Mexique pour chercher un peu de drogue et la ramener aux États-Unis. Pour y parvenir, il a l’idée ingénieuse de se déguiser en famille innocente qui irait faire un voyage en camping-car et il paye une strip-teaseuse, une adolescente en rupture avec sa famille et sans abris, et un jeune un peu stupide de son immeuble. Rawson Marshall Thurber joue sur le côté famille impossible et Les Miller, une famille en herbe se construit autour de cet assemblage incroyable. À défaut d’être très original, cette comédie est assez drôle et évite le piège de la fin moralisatrice. Un bon divertissement.

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Rawson Marshall Thurber n’a pas besoin d’insister beaucoup pour faire comprendre à ses spectateurs que le plan est foireux. Quand David perd toute la drogue et son argent, il est amené de force auprès de son fournisseur, un vieux copain de lycée qui est devenu richissime en contrôlant la drogue et qui exploite sans honte son ancien ami. Quand il lui demande d’aller chercher « un chouïa et demi » de marijuana au Mexique, on sent bien ce sera plus compliqué que cela. Le personnage principal se le dit bien aussi, mais il n’a pas le choix et il part donc au Mexique, emportant avec lui une famille absolument impensable. Il réussit à convaincre sa voisine, une strip-teaseuse qui a absolument besoin d’argent sous peine d’être expulsée de son appartement. Il emmène aussi le jeune adolescent du rez-de-chaussée, un garçon un peu simplet qui n’a encore jamais rien fait de sa vie, et certainement pas de la contrebande de drogue. Pour compléter le tableau, il emporte aussi une fille un peu paumée, une adolescente qui a fui ses parents, mais qui vit à moitié dans la rue. Les Miller, une famille en herbe fonctionne à partir de ce quatuor improbable : quatre personnalités incompatibles, qui vont devoir se supporter pendant un trajet extrêmement dangereux, tout ça pour un peu d’argent. On s’en doute, le film commence sur une confrontation permanente, mais les quatre apprennent à se connaître et finissent par s’apprécier. On pouvait craindre la fin moralisatrice autour de la famille reconstituée et de l’importance de vivre avec quelqu’un, mais Rawson Marshall Thurber évite en majorité ce piège en gardant un humour impertinent jusqu’au bout. Même si les Miller finissent par former une famille, on est loin du cliché de l’American Way of Life et c’est une bonne chose.

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En tenant ainsi son impertinence jusqu’au bout, Les Miller, une famille en herbe reste une comédie assez drôle, avec quelques passages vraiment hilarants et quelques baisses de régime. Ce n’est pas aussi efficace qu’un Very Bad Trip dans le même esprit, mais Rawson Marshall Thurber s’en sort plutôt bien et le divertissement est au rendez-vous. Le quatuor d’acteurs est parfait, de Jennifer Aniston excellente en strip-teaseuse à Jason Sudeikis, parfaitement crédible en éternel adolescent un peu loser, en passant par les deux « enfants », Will Poulter et Emma Roberts qui sont manifestement à l’aise dans leurs rôles respectifs. L’ensemble est vite oublié, certes, mais Les Miller, une famille en herbe amuse pendant près de deux heures et on n’en demandait pas plus…