Mission Impossible : Rogue Nation, Christopher McQuarrie

La saga Mission : Impossible semble s’embellir avec les années et les épisodes et ce nouvel opus ne vient pas contredire cette idée. Quatre ans après Mission : Impossible – Protocole Fantôme, le blockbuster explosif et convaincant de Brad Bird, c’est Christopher McQuarrie qui vient donner une suite aux aventures cultes d’Ethan Hunt. Le cinéaste s’était fait connaître derrière les caméras pour Jack Reacher, sympathique film d’action qui cultivait son côté old-school avec succès. C’est cette même tendance que suit Mission Impossible : Rogue Nation, tourné au maximum sans effets numériques pour un rendu délicieusement rétro. À l’arrivée, un blockbuster intense, pas original pour un sou, mais parfaitement mené. Un bon divertissement pour cette fin d’été !

Pour marquer les esprits d’entrée de jeu, Christopher McQuarrie ouvre son film avec une séquence d’action très impressionnante. Le personnage principal n’entre pas immédiatement en scène, mais son nom est sur toutes les lèvres : Mission Impossible : Rogue Nation nous plonge en pleine mission de l’IMF et comme prévu, c’est une mission réputée impossible. Il faut stopper un avion et surtout son chargement d’ogives nucléaires et les personnages habituels de la saga essaient d’abord de bloquer le décollage en piratant l’avion. Face à l’échec de ce premier essai, Ethan Hunt débarque, saute sur la carlingue et s’agrippe à une porte latérale alors que l’appareil décolle. En quelques minutes, le long-métrage en impose : cette première scène est déjà bluffante, avec une mise en scène au plus près de l’action qui fonctionne totalement. Mais surtout, ce qui frappe déjà, c’est le côté cinéma à l’ancienne qui est incontestable. Tom Cruise, du haut de ses 53 ans, a réalisé lui-même les cascades, sans doublures. Plus fort encore, Christopher McQuarrie a filmé son acteur sur un vrai avion, pendant un vrai décollage, sans utiliser de fond vert. Et même si les effets numériques ont énormément évolué au point de devenir transparent, on sent la différence déjà dans cette première séquence. L’action est moins propre, moins nette et en même temps plus réaliste et on sent vraiment la difficulté de l’acteur qui est aussi celle de son personnage. Cet aspect un petit rugueux n’est pas limité à l’ouverture et Mission Impossible : Rogue Nation ne change jamais de technique. Il faut tourner une scène où le personnage passe trois minutes sous l’eau ? Tom Cruise a pris des cours et il a passé lui-même le temps nécessaire sous l’eau, dans une scène filmée apparemment en une seule longue prise. C’est beaucoup d’effort, mais cela paye : cela faisait longtemps qu’une sortie au cinéma ne ressemblait pas tant à un vieux film d’action, avec une bonne dose de spectaculaire de plus.

Christopher McQuarrie a parfaitement manié les outils à sa disposition pour tourner plusieurs séquences d’anthologie. Il y a des courses-poursuites qui offrent une vraie sensation de rapidité — en particulier celle à moto au Maroc —, mais il y a aussi des scènes plus calmes en apparence, mais d’une rare intensité. Dans ce registre, on pense surtout à la séquence à l’opéra de Vienne, où le héros tente d’empêcher un assassinat qui se trame depuis les coulisses. Mais avant de réaliser, Christopher McQuarrie écrit et ce scénariste qui a notamment travaillé avec Bryan Singer est aussi l’auteur du scénario de Mission Impossible : Rogue Nation. Sans faire dans l’originalité à tout prix, l’histoire déployée dans le cinquième volet est solide et rondement menée. L’intrigue se met en place, encore une fois, autour de la dissolution des missions impossibles et le désaveu du héros, une idée que l’on a déjà croisé à plusieurs reprises, mais qui a fait ses preuves. Le reste est assez proche d’un James Bond, avec une organisation secrète mondiale nommée ici le Syndicat qui rappellera forcément le Spectre. L’histoire est conçue pour maximiser le nombre de scènes d’action, mais la progression n’est pas gratuite et on suit l’ensemble avec beaucoup de plaisir. On sent bien la pâte du scénariste habitué à mettre au point des histoires et, comme avec la réalisation, on retrouve aussi un côté old school avec ce scénario simple et direct. Et qui garde toujours la saga 007 en ligne de mire, avec un personnage féminin qui a une place importante et parvient même, parfois, à éclipser le héros. Mention spéciale à Rebecca Ferguson qui s’en sort très bien, alors qu’elle n’a pas un rôle forcement très simple, mais l’actrice s’impose aisément.

Tom Cruise n’est plus tout jeune, la saga Mission : Impossible elle non plus, mais l’acteur s’amuse comme un fou en faisant toutes ses cascades, et de la même manière, la saga semble trouver un autre souffle. Une suite est d’ores et déjà prévue et il faudra voir ce que cela donne, mais d’ici là, Christopher McQuarrie s’en sort très bien. Il reprend la formule éprouvée et opte pour un traitement très conventionnel, mais aussi parfaitement maîtrisé. À l’heure des bilans, Mission Impossible : Rogue Nation est un divertissement bien mené et plaisant… que demander de plus ?