Le Pierre et Martine à Lyon

Situé un peu en marge des nombreux restaurants du quartier du Vieux Lyon, Pierre et Martine entend proposer une cuisine française traditionnelle, mais de qualité et à des prix très raisonnables. Dans cette adresse qui appartient au célèbre réseau des Toques Blanches, on y mange une cuisine fraiche, simple, mais de qualité. Pari réussi dans une ambiance familiale sous la direction de Martine et grâce à la cuisine de Pierre.

Pierre et martine salle

La salle surprend par son style très classe, à la limite du guindé. C’est plutôt rare dans ce quartier du cinquième arrondissement lyonnais, mais Pierre et Martine n’est pas un restaurant trop chic pour autant et les clients sont d’ailleurs variés, des couples de seniors aux groupes de jeunes. La décoration n’est pas très moderne, les bouteilles et les petites lampes posées sur certaines tables évoquent même un intérieur de grand-mère, mais l’ensemble, très blanc, est plus classe que kitsch. Une petite dizaine de tables, une trentaine de convives : cette adresse est loin des usines à touristes que l’on trouve aux alentours et c’est tant mieux. Sa situation légèrement excentrée est à cet égard un avantage et la promesse de qualité semble plus facile à tenir dans ces conditions. À l’arrivée, l’accueil de Martine qui officie avec son mari depuis de nombreuses années est chaleureux, quoiqu’un peu rapide. Ce samedi soir, la salle est pleine et la patronne un peu stressée, mais il faut reconnaître que le service est d’une efficacité rare. À peine assis, on nous sert un verre d’eau fraiche, les cartes arrivent bientôt, on prend la commande complète et on se laisse porter. Et malgré le stress de Martine, on apprécie sa bonne humeur, ses remarques sur la météo à venir ou sur « l’Internet » — qui nous a permis de découvrir les lieux, mais qui lui semble totalement étranger —, ou encore ses petites attentions, comme de demander si on souhaite faire une pause entre le plat et le dessert. Bref, on est bien accueilli chez Pierre et Martine

Pierre et martine terrine aile de raie

Ici, la carte change tous les mois, ce qui est indéniablement un gage de qualité. On ne commande pas à la carte toutefois, mais dans un menu qui varie uniquement selon que l’on désire un seul plat, une entrée ou un dessert pour accompagner le plat, ou la totalité. Dans tous les cas, les taris sont vraiment raisonnables, puisque l’on paye au maximum 26 € par personne. À ce tarif, on a le choix entre quatre entrées, autant de plats et de desserts, même s’il faut noter quelques suppléments sur le foie gras et le filet de bœuf, deux classiques de Pierre et Martine qui ne peuvent pas disparaître de la carte, comme nous l’a confié la patronne en fin de repas. Au menu, des plats sans fioritures, mais qui annoncent une cuisine sincère et à base de produits frais. Loin des expérimentations et des mélanges que l’on voit parfois, Pierre privilégie des associations simples ou des grands classiques, à l’image de ce tartare de bœuf accompagné de pommes de terre sautées. On ne voyagera peut-être pas à l’autre bout du monde, mais le menu élaboré par le chef est cohérent avec les ambitions du lieu et le réseau des Toques Blanches. Le plus surprenant sur cette carte doit plutôt se chercher du côté des boissons : la carte des vins est assez complète, quoique dominée par les rouges locaux, mais elle est surtout la seule à être proposée. Inutile de chercher d’autres boissons ou des cocktails, il n’y en a pas. Seule exception à la règle, de la Chartreuse (verte, évidemment) que l’on pourra prendre en apéritif ou en digestif.

Pierre et martine gratin sole pate

Les assiettes confirment l’impression que l’on a en regardant la carte. La cuisine de Pierre et Martine n’est pas sophistiquée, mais elle touche juste, avec des saveurs au rendez-vous et effectivement des produits frais et maison. En entrée, la terrine de foie gras est classique, on apprécie plus l’autre terrine, faite cette fois avec de l’aile de raie, plus originale et très bonne. La compression de pomme de terre et sa poêlée de Saint Jacques est en fait une purée maison froide surmontée de quelques pétoncles — dommage de parler de Saint Jacques, d’ailleurs… — chaudes : c’est bon, à défaut d’être exceptionnel. La générosité était au rendez-vous pour les plats : le gratin de filet de sole et ses pages fraiches était savoureux avec ses beaux filets entiers et surtout une sauce homardine gouteuse. Autre possibilité ce soir-là, de la noisette de porc au miel avec une aubergine : un plat beaucoup plus léger et qui a eu du succès. Nulle révolution à l’heure du dessert, mais le baba au rhum était vraiment excellent, bien imbibé et avec une dose de rhum en plus, surmonté d’une chantilly maison de qualité. L’émotion chocolat permettait de ne pas céder au sempiternel et un peu lassant coulant : ce dessert très fin était à la fois fondant et craquant, fort en chocolat, mais pas écœurant (la framboise y était pour beaucoup), bref une réussite.

Pierre et martine baba au rhum

Manger au Pierre et Martine, c’est avoir l’assurance de déguster de bonnes assiettes qui savent rester modestes, mais qui sont parfaitement exécutées. Les produits sont effectivement frais, la carte change suffisamment souvent pour éviter la monotonie et la cuisine est aussi généreuse que savoureuse. Ajoutons à cela des prix modestes et une ambiance conviviale : ce restaurant est un excellent choix pour éviter les bouchons traditionnels du Vieux Lyon…