Voyage en Amérique (août 2008) — Billet n°5 : Le Canada, a Canadian Way of Life ?

On ne passe pas la frontière entre les États-Unis et le Canada sans en être informé. De ce côté-ci de l’Atlantique, point d’espace Schengen, et cela se sent. Passer la frontière, cela signifie passer la douane avec arrêt du véhicule, extinction du moteur, inspection (rapide cependant) du véhicule, questions divers et variées (avons-nous des armes ? de l’alcool ? où allons-nous ? pour combien de temps ? etc), inspection des passeports avant le tampon. Passer la frontière peut donc prendre du temps, beaucoup de temps même comme nous l’avons constaté lors de notre retour aux USA, cette fois entre Seattle et Vancouver. Nous avons en effet attendu deux heures pour simplement passer la frontière ! Et encore, nous avons appris ensuite que cela aurait pu être bien pire : on peut y attendre jusqu’à 3 ou 4 heures les jours très fréquentés ! La frontière est censée être une interface génératrice de contacts, mais ils sont bien compliqués dans ce cas… On comprend dès lors pourquoi une carte a été mise en place pour passer rapidement la frontière : ceux qui doivent le faire quotidiennement sont sûrement contents de l’avoir !

Pourtant, de l’autre côté de la frontière, il y a peu de changement. Les paysages, évidemment, restent les mêmes ce qui est logique quand on voit que la frontière n’est qu’une ligne droite passant en plein milieu des montagnes. La seule réelle différence, mais elle saute aux yeux et est appréciable pour les francophones que nous sommes, est que tout ce qui est écrit en anglais l’est aussi en français. Autre différence notable, mais qui ne saute par contre pas aux yeux : on passe au système métrique en passant au Canada. Les limitations de vitesse passent donc du miles par heure au kilomètres par heure, ce qui ne manque pas de surprendre au début si l’on n’y pense pas (des virages à 40 miles par heure, c’est étonnant, disons).

Bon, maintenant, venons aux choses sérieuses, à savoir la question qui nous (vous ?) intéresse tous actuellement, la question posée par le titre : existe-t-il un Canadian way of life ((Comment ça, vous vous en fichez ??)) ? Précisons : existe-t-il un way of life différent de l’American et qui serait, pour ainsi dire, Canadian ? Bien. À question complexe, réponse complexe je dirais. Vous souhaitez un résumé ? Soit : ça dépend (mais ne dépasse pas).

Vous voilà bien avancés… Dans mon immense magnanimité, je vais tâcher de développer quelques peu. Comme je l’ai précédemment dit, les différences entre les deux côtés de la frontière ne l’emportent pas sur les ressemblances. Dans le détail, il y a effectivement des différences, les plus intéressantes pour les français que nous étions étant, bien sûr, le système métrique et le bilinguisme anglais/français. Mais ces différences sont loin d’être fondamentales : les États-Unis, même avec un système métrique, resteraient les États-Unis !

Le Canada présente en fait une étonnante configuration. Son appartenance au continent américain en fait un pays profondément américain, même étasunien : les villes que l’on a eu l’occasion de traverser — Calgary et Vancouver — sont typiquement américaines dans leur géographie même si, il est vrai, cette organisation organisation a tendance à devenir de plus en plus courante dans le monde. Les villes canadiennes n’ont globalement pas de passé d’importance comme les villes européennes et cela se ressent. Par ailleurs, comme aux États-Unis, le Canada ne connaît pas la concentration que connaît l’Europe — encore moins que les États-Unis même pour un pays de quasiment 10 millions de kilomètres carré — et les villes s’étalent dans l’espace dans des banlieues sans fin tout en s’élevant en leur centre qui n’est centre que du point de vue de l’Européen. Par ailleurs, le mode de vie rappelle furieusement les États-Unis : les food courts — rassemblement autour de tables et de chaises d’une série assez stable de divers restaurants, du traditionnel MacDo ou Burger King aux plus « exotiques » vendeurs de milk-shakes protéinés ou, chose exceptionnelle, de fruits ! — abondent dans les malls par exemple. Dans les parcs nationaux, les RV avondent également et si ce n’est la plaque, il est bien difficile de différencier un RV américain d’un RV canadien.

Mais si le Canada est définitivement américain pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, il n’est pas qu’Américain et l’on retrouve, de manière très diffuse et parfois étonnante, des aspects de la vieille Europe au Canada. Ainsi, le Downtown des villes contient plus que le CBD des villes américaines, c’est-à-dire des buildings aux innombrables bureaux qui se vident hors des journées de travail. Il contient aussi des fonctions de commandement comme on en attend de ce côté-ci de l’Océan mais aussi une certaine ambiance que l’on ne retrouve pas forcément aux États-Unis. Certes, rien de scientifique là-dedans, mais on sent une légère différence, perceptible que si l’on y réfléchit, peut-être rendue visible par le prisme déformant induit par mon origine… Peut-être que la seule vraie différence, dès lors, est la reine d’Angleterre que n’ont plus les Américains depuis quelques années…

Bon et puis après avoir déblatéré ainsi quelque temps, force est de le constater : la question initiale n’avait qu’un intérêt limité ; la réponse ne pouvait qu’être au moins aussi peu intéressante. Bref, dans ces conditions, je ne m’étends pas et passe directement à Calgary.

Calgary

Calgary Tower

Calgary fut une petite bourgade paumée au milieu de l’Alberta, à l’Ouest du Canada. Depuis les Jeux Olympiques d’hiver de 1988 ((En fait, surtout grâce à la découverte d’énormes réserves pétrolières, mais ça dynamisait moins le récit, trouvé-je. Oui, c’est de la triche…)), Calgary est devenue une grosse ville d’un millions d’habitants avec un centre aux tours si caractéristiques des villes américaines, mais aussi avec un étalement urbain typique. La ville en effet s’étale sur des kilomètres et des kilomètres ((En tout, cela fait 721 km2, soit plus que New-York ! Source)) et le centre-ville (même si ce terme est toujours abusif sur cette partie du monde) n’est qu’une infime partie de Calgary. La ville est aussi connue pour le Stampede, sorte de rodéo géant ((D’après l’article de Wikipedia, c’est même le plus grand spectacle en extérieur du monde…)) qui a lieu dans un stade à proximité du centre et qui se déroule tous les ans, en juillet, pendant 10 jours. Quand le Stamepde a lieu, il semble que la vie à Calgary prend un rythme anormalement intense avant de reprendre un cours normal. Nous n’avons pas vécu en live l’événement, mais il m’a semblé que cela devait correspondre, par exemple, au festival pour la ville de Cannes, toutes proportions gardées.

La ville elle-même présente assez peu d’intérêt sur le plan architectural, même si elle est assez sympathique. Canada oblige, Calgary est en fait une ville double, ou au moins duale. Il y a d’abord la Calgary des rues, celle qui n’est pratiquée qu’en été et mi-saison et qui est surplombée par une Calgary d’hiver : en effet, tout le centre de la ville est parcouru d’une série de passerelles entre les immeubles et gratte-ciels. Ces passerelles forment un immense réseau connu sous le nom de +15 et qui est le plus grand dans son genre du Canada. Toutes les passerelles sont fermées et chauffées car en hiver, il peut faire très très froid. La température descend ainsi plusieurs jours par an en dessous de -30° C, ce qui fait peu, en effet. La gestion du froid se retrouve dans plusieurs aspects de la ville, comme ces parkings souterrains vantant un chauffage hivernal, ou l’absence globale de terrasses dans les cafés et restaurants de la ville. Cette double ville n’est pas typique de Calgary, on la retrouve notamment à Montréal, mais sous un aspect différent (il s’agit alors d’un réseau souterrain bien plus développé d’ailleurs qu’à Calgary, mais on change de dimensions…).

Reflets à Calgary

Mis à part cette particularité canadienne, Calgary Downtown présente tous les aspects d’une ville américaine banale, sans un intérêt majeur d’un point de vue architectural. À noter quand même, une volonté visible de dynamiser un peu ce centre, avec l’ajout de nombreuses sculptures d’art dans les rues et parc de la ville. Bon, à part pour faire des photos-marrantes-sur-le-coup-seulement, à quoi ça sert ? Euh…

Calgary : une tour et des hommes

Ce que l’on peut faire à Calgary :

  • La tour de Calgary est sympa pour avoir un bon point de vue sur la ville, à la Stendhal. Pour les amateurs de sensations fortes, il y a une zone vitrée à l’intérieur. Je n’en dirais rien, j’ai soigneusement éviter de passer dessus…
  • La ville elle-même est sympathique même si très classique et peu animée (nous y étions un samedi et c’était bien vide). Le fait qu’il n’y ait que très peu de terrasse n’aide pas, forcément…

Ce que l’on n’est pas obligé de faire à Calgary :

  • Le Stampede Park, sans le Stampede, ne vaut vraiment pas de s’arrêter. Certes, nous ne sommes pas allés vérifier sur place, mais ce que l’on a vu depuis la tour nous a suffi. Cela ressemble à un grand centre commercial fermé et vide. Pas un chat autour ou dedans, rien ne semblait ouvert, bref, la zone.
Stampede Park, Calgary
  • Le Chinatown a beau être l’un des plus grands du Canada, il n’a rien d’extraordinaire si vous voulez mon avis…
  • En fait, quand on y réfléchit bien, on n’est pas obligé de faire Calgary tout court. Je ne dis pas que la ville n’est pas sympa, non. Si vous avez le temps et que vous devez nécessairement y passer, alors arrêtez-vous. Si vous êtes un peu short sur le temps et que vous n’avez pas à y passer, alors faites le tour, vous ne raterez pas grand chose. Je suppose que le Stampede change tout cela bien sûr, mais je n’ai pas eu l’occasion de tester. Si vous y passez, comptez une demi-journée, cela suffit largement. À noter que nous n’avons fait aucun musée : peut-être valent-ils le détour, eux…