Wolverine : le combat de l’immortel, James Mangold

La saga X-Men n’est pas la plus simple à suivre. Après une trilogie avec sa propre logique, après un retour aux origines avec le médiocre X-Men Origins: Wolverine et après un reboot complet avec X-Men : Le Commencement l’an dernier, la saga s’est poursuivie cette année avec un film qui se situe dans la continuité de la trilogie initiale. On retrouve le personnage le plus important, sinon le plus populaire et c’est à nouveau un long-métrage consacré exclusivement à Wolverine qui complète l’ensemble. Cette fois, c’est James Mangold qui se colle à la réalisation et on pouvait craindre le pire après la catastrophe complète des origines du personnage. Pourtant, Wolverine : le combat de l’immortel n’est pas aussi mauvais que son prédécesseur et même s’il est loin d’être parfait, ce blockbuster plus original qu’il n’y paraît ne manque pas d’arguments. En posant pour la première fois une mutation comme une malédiction, il est plus sombre et offre un spectacle de qualité.

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Wolverine : le combat de l’immortel n’est pas une suite du premier Wolverine, mais plutôt une suite de X-Men l’affrontement final qui apportait une conclusion à la trilogie originale. Même si le scénario est conçu de telle manière qu’on peut voir ce nouveau volet sans connaître les précédents, on perdra un peu de contexte. James Mangold ouvre son film sur un Wolverine retourné quasiment à l’état de bête sauvage que ce superhéros effleure en permanence. Sept ans après le combat final qui a conduit au décès d’un bon nombre des mutants de la saga, il ne s’est toujours pas remis de la mort de Jean, l’amour de sa vie. Toutes les nuits, les cauchemars suivent aux cauchemars et il est constamment à bout. Un jour, alors qu’il veut venger un ours lâchement tué par des chasseurs locaux, il se fait interrompre par une jeune Japonaise qui lui demande de la suivre dans son pays natal. On apprend au passage que pendant la Seconde Guerre mondiale, Wolverine était à Nagasaki où il a sauvé un homme de la bombe nucléaire. Cet homme, Yashida, est devenu un puissant industriel et alors qu’il se meure d’un cancer, il appelle son sauveur à son chevet pour le remercier une dernière fois. Après cette courte séquence américaine, Wolverine : le combat de l’immortel se déroule ainsi entièrement au Japon, une première dans la saga. Le scénario mis en scène par James Mangold suit ce faisant l’un des arcs des comics originaux et ce simple voyage japonais offre à la saga un renouvellement bien nécessaire. Wolverine est confronté à un univers qu’il ne connaît pas — ou uniquement par le prisme de la guerre — et le dépaysement est au rendez-vous. La nouveauté la plus importante, toutefois, n’est pas géographique…

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Pour la première fois dans la saga, le personnage de Wolverine n’est pas la bête toute puissante à qui il ne peut rien arriver. Rappelons, si vous ne connaissez pas X-Men, que ce superhéros a l’étonnante faculté de guérir automatiquement et rapidement. Impossible de le tuer avec une balle ou une épée, à moins de le décapiter, mais on sait depuis X-Men 2 que son squelette a été entièrement renforcé par de l’adamantium, un métal extrêmement solide, si bien que même séparer sa tête du reste du corps est quasiment impossible. Bref, il est extrêmement puissant et, partant, immortel, ou presque. Quand Wolverine : le combat de l’immortel commence, on sent qu’il est las de sa vie qui n’en finit plus et qui a perdu de son sens depuis la mort de son amour. Si bien que lorsque Yashida lui propose de récupérer son pouvoir pour lui éviter une mort certaine et offrir en échange une vie mortelle, Wolverine est tenté. Par la suite, le personnage perd en partie ses pouvoirs et pour la première fois, on le voit affaibli et craintif. James Mangold a l’occasion de présenter un superhéros bien plus intéressant que lorsqu’il était monolithique et la réussite du film est d’abord liée à cette excellente idée qui est par ailleurs plutôt bien menée. L’action est en outre au rendez-vous avec quelques séquences spectaculaires — celle du train notamment — et le bilan est dans l’ensemble positif, même si Wolverine : le combat de l’immortel n’évite pas certains travers du genre. Son scénario tout d’abord est un peu trop prévisible : on peut deviner dans la première demi-heure comme le film va se terminer. Ce n’est pas trop grave, on ne regarde après tout jamais un film à gros budget comme celui-ci pour l’originalité colle de son scénario, mais l’histoire est marquée par quelques scories gênantes. L’amour japonais de Wolverine est ridicule à souhait et on aurait très bien pu s’en passer, tandis que le combat final, alors que le personnage a récupéré tous ses attributs de puissance, est assez raté lui aussi.

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Des défauts, incontestablement, mais à l’heure des bilans, il faut reconnaître que James Mangold a redressé la barre par rapport au premier film sur Wolverine et le résultat n’est pas honteux. Wolverine : le combat de l’immortel est un divertissement un peu prévisible, c’est vrai, mais très efficace et plaisant. C’est aussi la première fois que l’on a l’occasion de découvrir un superhéros vraiment affaibli et cette faiblesse ajoute de l’épaisseur à ce personnage, ce qui lui fait incontestablement beaucoup de bien. La fin ouverte — n’arrêtez pas au début du générique — annonce une suite à la trilogie initiée par Bryan Singer et l’idée est séduisante. On n’en aurait pas dit autant après le troisième film de la saga…