10 Cloverfield Lane, Dan Trachtenberg

En 2008, Cloverfield était sorti du lot des faux documentaires/films catastrophes avec une intrigue simple, mais bien menée et une catastrophe spectaculaire qui savait rester crédible jusqu’au bout. Huit ans après, le long-métrage de Matt Reeves donne naissance à une saga potentielle, en tout cas une suite. Pourtant, 10 Cloverfield Lane ne reprend personne de l’équipe originale, si ce n’est J.J. Abrams à travers sa société de production Bad Robots et ce film est tourné avec un point de vue externe bien plus classique. Une suite, pourquoi pas, mais on sent vite que les trois scénaristes ont eu du mal à tisser des liens avec l’œuvre originale. On peut même aller plus loin : on voit de façon évidente que le projet n’avait rien à voir avec Cloverfield et que les liens ont été ajoutés à la dernière minute. Pour autant, 10 Cloverfield Lane n’est pas la catastrophe attendue, c’est un petit film sympathique et assez efficace qui part en vrille dans ses dernières minutes.

Pour apprécier le premier long-métrage de Dan Trachtenberg, le mieux est encore d’oublier totalement son affiliation avec Cloverfield. Prenez-le seul, et vous avez une histoire très conventionnelle et bien menée de kidnapping et de huis-clos. L’héroïne de l’histoire, Michelle, est victime d’un accident la nuit et elle se réveille dans un bunker. Howard explique l’avoir sauvée d’une catastrophe qui a détruit tous les États-Unis et donc la civilisation toute entière, mais naturellement, elle ne le croit pas et elle essaie de s’enfuir. Voilà, en gros, le synopsis de 10 Cloverfield Lane, une œuvre qui n’essaie pas de paraître plus complexe qu’elle ne l’est vraiment. C’est simple et direct, et il faut reconnaître que l’ambiance est bien montée. Le sentiment de menace est flagrant, le suspense est bien dosé et les péripéties sont menées à bon rythme. On ne s’ennuie pas, les interactions entre la victime et son bourreau sont intéressantes, d’autant qu’il y a un troisième larron dans l’histoire, Emmett, un homme qui est venu se protéger suite à une explosion. Bref, cela fonctionne bien et si l’on parvient à oublier l’appartenance du projet à la saga, cela donne un petit film bien sympa avec un gros twist final qui pourrait surprendre. Le problème, c’est que Dan Trachtenberg perd tout effet de surprise en annonçant ces liens dès le titre. Résultat, on sait qu’il y a eu une attaque dans Cloverfield, on se doute bien qu’il se trame quelque chose de pas net.

Quel dommage de vendre la mèche à cause de cette liaison entre les deux œuvres et 10 Cloverfield Lane a beau en faire des tonnes à la toute fin — et pour le dire franchement, faire n’importe quoi —, on n’est pas tout à fait surpris. Tout ce qui précède reste réussi malgré tout, les trois acteurs sont bons, l’intrigue est crédible, mais difficile de ne pas ranger ce film dans la catégorie des vite oubliés.