La série Mission : Impossible a offert au cinéma quatre films tous très différents. Brad Bird a accepté une mission : faire mieux que les trois précédents. Mission réussie pour ce Mission : Impossible – Protocole Fantôme qui atteint un peu l’impossible en proposant un blockbuster d’action de qualité où les cascades les plus invraisemblables paraissent totalement réalistes. Un blockbuster d’action convaincant, peut-être le plus réussi cette année. À ne pas rater, si vous aimez le genre.
Mission : Impossible – Protocole Fantôme commence dans une prison soviétique où se trouve Ethan Hunt, célèbre agent du IMF. Deux autres agents viennent le libérer : l’Agence a besoin de son meilleur élément pour empêcher un fou furieux de déclencher une destruction planétaire qu’il juge salutaire. Il va sans dire qu’Ethan Hunt accepte sans broncher sa mission et il part pour le Kremlin avec son équipe. Devancés et piégés, ils ne parviennent pas à bloquer le méchant et sont accusés à tort d’avoir fait exploser le centre de la vie politique russe. Devant un tel fiasco, le gouvernement américain déclare le Protocole Fantôme qui consiste à démanteler totalement l’IMF, à nier l’existence de cette agence et à traduire en justice tous les agents qui se feraient arrêter. Abandonnés, les trois agents bientôt rejoint par un quatrième décident de poursuivre, envers et malgré tout, leur mission qui s’avère plus impossible que jamais…
Comme toute la saga et les séries télévisées, Mission : Impossible – Protocole Fantôme répond à quelques règles de base. On découvre au départ la mission, forcément impossible, proposée à Ethan Hunt, son héros. La mission n’est jamais obligatoire, mais toujours acceptée et suivent alors deux heures d’action effrénée. Le film de Brad Bird n’échappe pas à la règle avec des scènes d’action à couper le souffle pendant toute la durée du film. La saga Jason Bourne est passée par là toutefois et cela se voit. L’esthétique de John Woo est loin, Brad Bird fait au contraire dans le réalisme. Les coups de feu claquent, les explosions font vibrer la salle, les corps se brisent et affichent des difficultés : Ethan Hunt est quand même amené à l’hôpital à deux reprises pendant le film. À bien des égards, Mission : Impossible – Protocole Fantôme est l’épisode le plus réaliste de la saga, et cela ne vaut pas que pour les scènes d’action. Le scénario lui-même évite les idées les plus folles et ne devient pas simpliste comme ce fut parfois le cas par le passé avec Mission : Impossible. La meilleure illustration de ce changement de ton est l’absence quasiment complète des fameux masques qui permettaient de justifier à peu près tout et n’importe quoi dans les films précédents. Mission : Impossible II abusait de cette facilité au point de rendre le scénario simpliste, mais elle est ici bloquée symboliquement par la panne de la machine qui crée les masques. À bas les masques, semble ainsi dire Brad Bird et son film n’hésite pas à complexifier la vie de ses personnages. Un exemple parmi d’autres : les personnages n’accèdent plus à des serveurs à distance avec un simple téléphone, ils doivent se rendre physiquement près des machines pour les hacker. Ce changement est bienvenu et il redonne à la série un véritable second souffle.
Mission : Impossible – Protocole Fantôme est plus réaliste que ses prédécesseurs, certes, mais il sait aussi maintenir sa nécessaire part d’invraisemblance, notamment par l’utilisation de nombreux gadgets. Ils sont ici encore très présents et bien plus inventifs et originaux que dans la saga James Bond pour citer la référence en la matière. Les gants capables de s’accrocher fermement aux vitres ne sont pas mauvais, mais le clou du spectacle reste cette toile qui projette ce qu’il y a derrière elle pour rester parfaitement impossible à décerner. C’est invraisemblable, mais pas trop : les technologies utilisées dans Mission : Impossible – Protocole Fantôme sont toujours crédibles et inspirées par ce que l’on sait faire aujourd’hui. Au-delà des gadgets, le film de Brad Bird surprend par un ton original qui n’avait pas été croisé dans la saga jusque-là. Mission : Impossible – Protocole Fantôme est un film assez drôle en effet, contre toute attente. Tom Cruise a pris un coup de vieux, son âge commence à transparaître et la star a choisi d’en jouer. Ethan Hunt se prend ainsi de nombreux coups, mais il est aussi à deux doigts de rater certaines actions difficiles. Quand il escalade un immeuble à Dubaï, il rate de peu l’ouverture, se prend la tête dans une fenêtre et il est à la limite de tomber. Les autres personnages participent à cette ambiance assez légère, notamment en doutant en permanence de la possibilité de réussir la mission en cours. Ils doutent, ils ne sont pas toujours très doués, bref ils sont plus présents qu’à l’accoutumée tandis que Brad Bird propose une relecture moins sérieuse de Mission : Impossible qui est loin d’être déplaisante.
L’originalité de Mission : Impossible – Protocole Fantôme réside aussi dans ses scènes d’action. Brad Bird passe pour la première fois derrière la vraie caméra, mais il propose déjà des scènes véritablement époustouflantes. Plutôt que de parier sur des explosions toujours plus fortes, il privilégie l’inventivité avec des dispositifs originaux à l’image de la toile déjà évoquée. Deux scènes sont particulièrement réussies : au milieu du film, une course-poursuite hallucinante au cœur d’une tempête de sable ; à la fin, une bagarre dans un parking moderne où chaque voiture est placée grâce à un système d’ascenseur. Cette dernière scène est vraiment bien réalisée et elle rappelle un peu ce que l’on peut voir dans certains films d’animation. Ce n’est pas pour rien que Brad Bird vienne de ce milieu (il a réalisé Les Indestructibles et Ratatouille). Très impliqué dans le projet, Tom Cruise est toujours aussi convaincant dans ce rôle d’agent casse-cou et ses cascades sont toujours réussies.
Réaliser un blockbuster d’action impressionnant, mais aussi relativement réaliste, Brad Bird a relevé le défi et la mission est assurément réussie. Mission : Impossible – Protocole Fantôme est un excellent blockbuster, fun, rythmé et très spectaculaire. À voir sans hésiter si vous aimez le genre, on ne devrait pas trouver mieux d’ici la fin de l’année…