Peut-on se passer de Google ?

Depuis quelques jours, c’est la débandade sur Internet. Google a publié de nouvelles règles de confidentialité qui jettent un doute sur le traditionnel credo du géant de la recherche : « Don’t be evil ». Ces nouvelles règles sont plus simples qu’avant, ce qui est indéniablement un point positif. Elles intègrent aussi au moteur de recherche le réseau social Google+ et elles permettent surtout à l’entreprise de combiner toutes les informations à votre sujet pour présenter des résultats de meilleure qualité, mais aussi, et surtout de la publicité mieux ciblée. Dans l’histoire, le problème n’est sans doute pas le changement des règles et l’unification des données, mais plutôt le fait que les utilisateurs n’ont pas vraiment le choix. Si vous possédez d’un compte chez Google, c’est nécessairement le cas si vous disposez d’une adresse Gmail, vous n’avez qu’une chose à faire : accepter les conditions et faire avec. Ou alors, passer à autre chose et quitter Google et ses services supposés gratuits.

Plusieurs internautes et blogueurs ont ainsi fait le choix difficile de se séparer totalement de Google. C’est le cas notamment d’Anthony, collègue à MacGeneration qui explique sur son blog les raisons de son départ et les moyens mis en œuvre pour y arriver, avec succès d’ailleurs. Quitter Google n’est pas simple: vous ne vous apercevez peut-être pas, mais vous utilisez certainement les outils de cette entreprise plusieurs fois par jour. Au-delà de Gmail ou de Google+ qui nécessitent une action de la part de l’utilisateur, le produit le plus utilisé est indéniablement le moteur de recherche. Et pour cause, c’est certainement le meilleur à ce jour sur le marché, tant en terme d’efficacité que de rapidité : on y trouve toujours les meilleurs résultats et le moteur est d’une rapidité vraiment époustouflante. Difficile en outre de l’oublier quand il est le moteur de recherche par défaut de tous les navigateurs ou presque, sur ordinateur comme sur smartphone.

Comme d’autres, je pense aussi dépendre un peu trop de Google et je réduis peu à peu cette dépendance. Si les nouvelles règles de vie privée ne me gênent pas nécessairement, je n’aime pas reposer entièrement sur un seul acteur, surtout quand cet acteur peut prendre des décisions gênantes sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Je dépends de Google pour les mails, Gmail offrant à mon avis la meilleure prestation avec une offre extrêmement complète et plutôt bien pensée à un prix très modeste, au moins en apparence. J’utilisais Google Reader pour suivre des sites, mais j’ai fini par abandonner : un lecteur de flux simple, sans synchronisation, suffit pour mon travail et je n’ai plus suffisamment de temps pour lire beaucoup de blogs comme je le faisais avant. J’utilise très peu YouTube, uniquement pour lire une vidéo précise, jamais pour suivre des membres. J’utilise en revanche Google Analytics pour ce blog et j’aurais du mal à m’en passer, j’aime trop savoir qui me lit et qui lit quoi… Ayant un iPhone, je n’ai pas besoin des services de synchronisation des données de Google.

Le plus dur à oublier est sans conteste le moteur de recherche, mais bizarrement, j’ai récemment trouvé un remplaçant efficace : DuckDuckGo. Contrairement à Google ou à Bing, DuckDuckGo n’indexe pas vraiment le contenu de la toile, mais il se construit sur les moteurs de recherche existants. Tout le contenu de Bing ou de Yahoo se retrouve dans les résultats proposés par ce site qui fait ainsi office de meta-moteur de recherche. Il fait même mieux : il peut servir d’interface à tout autre moteur de recherche par un astucieux système, les bangs. Il suffit de taper dans le champ de recherche « !image apple » pour trouver des images de pommes proposées par… Google Image. DuckDuckGo sait aussi taper directement dans un site : « !flickr apple » va ouvrir le site d’images de Yahoo, « !twitter apple » lance une recherche sur le réseau social, etc. C’est très pratique et n’importe qui peut ajouter un site : essayez « !nicolinux steven spielberg » par exemple et admirez le résultat. Pour un blogueur, c’est une possibilité vraiment séduisante, bien plus simple et efficace que la méthode Google.

Duckduckgo

Avec un tel système, c’est la recherche du blog qui est utilisée et celle de base de WordPress est assez médiocre. C’est tellement vrai que j’avais moi-même tendance à passer par Google pour retrouver un vieil article sur le blog. Il est pourtant très facile et gratuit d’améliorer considérablement les résultats de la recherche d’un blog WordPress. Il existe plusieurs modules, mais j’ai vraiment été convaincu par Relevanssi. Ce module indexe mieux le contenu de votre blog et présente les résultats par pertinence et non pas seulement par date, ce qui n’a qu’un intérêt très limité pour un site qui ne traite pas d’actualité. Les options sont nombreuses, on peut indexer ou non les commentaires et des taxonomies personnalisées. Vous pouvez par exemple chercher « Ciarán Hinds » et tomber sur les films dans lequel cet acteur joue effectivement, mais s’il n’est pas évoqué dans l’article. De fait, les résultats sont vraiment meilleurs qu’avant, et même meilleurs que ceux de Google puisqu’ils sont personnalisés spécifiquement pour le blog. J’en ai profité pour mettre en avant la recherche sur le blog en plaçant un champ de saisie tout en haut du site, dans la barre de menus. Ce n’est pas très élégant, mais c’est fonctionnel.

Tout n’est pas parfait avec DuckDuckGo et Google reste de temps en temps plus pertinent, mais il est surtout beaucoup, beaucoup plus rapide. Ce moteur de recherche alternatif qui place la confidentialité de ses utilisateurs au cœur du débat est toutefois prometteur et ses concepteurs travaillent à combler les fonctions manquantes, à commencer par la terriblement efficace suggestion automatique qui devrait être ajoutée prochainement. D’ici là, je l’utilise comme moteur de recherche par défaut, avec Google en plan B quand DuckDuckGo a une faiblesse. C’est déjà une bonne chose de faite pour diminuer ma dépendance à Google, j’attends de voir pour les autres services.

Image de couverture : Wired