Titanic est beaucoup plus qu’un film, c’est un véritable phénomène de société. James Cameron a signé l’une des plus grandes histoires d’amour dans ce blockbuster qui force le respect par sa maîtrise. Titanic est le deuxième film le plus rentable de l’histoire du cinéma — il n’a été battu que par Avatar… —, sans doute le film le plus connu au monde. Et pour cause : autour de la terrible histoire du Titanic, le plus grand navire jamais construit par l’homme qui ne termine même pas son premier voyage, Titanic raconte d’abord une histoire d’amour. Une histoire d’un genre qui ne s’oublie pas, une histoire intemporelle qui a marqué des générations de cinéphiles. Avec la sortie d’une nouvelle version 3D en salles à l’occasion du centenaire de l’évènement, tout le monde peut (re)voir ce classique en salles, dans des conditions idéales. Que vous l’ayez vu en 1997 ou pas, n’hésitez pas, retournez le voir en 2012, vous ne le regretterez pas…
Faut-il encore résumer l’histoire de Titanic ? Celle du navire a été largement popularisée grâce au film. En 1912, le Titanic était le plus gros navire construit par l’homme, le plus puissant et aussi le plus luxueux. Long de 269 mètres, haut de 53 mètres, il peut transporter plus de 2300 passagers dans un confort et une sécurité inégalés. On le considérait même comme insubmersible et c’est justement cette confiance aveugle qui contribue en grande partie à sa perte. Alors même que tous les signaux étaient au rouge, le Titanic quitte le port de Southampton en avril 1912 pour son premier voyage inaugural à destination de New York. À cette période de l’année, les icebergs sont nombreux sur la route, mais qu’à cela ne tienne : non seulement la traversée se fait sans dévier de la route initiale, mais le navire est lancé à toute vitesse. Une décision bien imprudente qui devient fatale quand le Titanic croise la route d’un iceberg. Le navire est freiné et dévié, mais il tape quand même et le choc ouvre de nombreuses brèches dans la coque, trop fragile. En trois heures à peine, ce gigantesque monstre de métal est englouti par la mer, tuant au passage environ 1500 hommes, femmes et enfants sur les 2200 présents à bord.
Le Titanic n’a vécu que quatre jours, mais c’est bien suffisant pour une histoire d’amour. Titanic n’est pas un film historique sur le naufrage, mais d’abord une histoire d’amour entre un homme et une femme que rien ne prédestinait à se rencontrer. Reprenant les codes des histoires d’amour en vigueur depuis la nuit des temps, James Cameron oppose deux êtres très différents. Rose appartient à la haute société britannique. Elle embarque sur le navire accompagnée de sa mère et surtout de son fiancé, un riche Américain qu’elle part épouser aux États-Unis. Elle n’a pas vraiment le choix, mais la perspective de ce mariage ne l’enchante guère. Le Titanic, aussi luxueux soit-il, n’était pas réservé à la plus haute société et la troisième classe, beaucoup moins luxueuse bien évidemment, est la plus nombreuse à bord. Jack est l’un des passagers de cette troisième classe : cet artiste bohème est né aux États-Unis et il a essayé, sans trop de succès, de gagner sa vie en France et notamment à Paris. Il n’a même pas acheté son ticket sur le navire, il l’a gagné aux cartes quelques minutes avant le départ. Autant dire que le hasard, ou le destin, règne en maître, mais Titanic les réunit tous les deux et le coup de foudre est immédiat. Leur histoire reste brève, mais elle est extrêmement intense…
James Cameron est peut-être le cinéaste qui a le mieux réussi à raconter des histoires simples, mais universelles. Titanic en est le parfait exemple et son histoire d’amour n’a pas convaincu des millions de spectateurs du monde entier pour rien. La bonne idée du film est d’enrober cette très belle histoire dans une autre, tout aussi passionnante. Ce navire gigantesque, l’une des plus grandes créations de l’homme, est censé être indestructible et la preuve de la maîtrise humaine. Le naufrage du Titanic, c’est la revanche de la nature et un rappel à l’humilité pour l’humanité qui en tire d’ailleurs des leçons en imposant peu après de nouvelles normes de sécurité. Comme toujours avec James Cameron, le travail de reconstitution du navire tient ici du travail de l’historien et du documentaire. Avant le tournage de Titanic, il y a eu des tournages sous la mer, sur la véritable carcasse du bateau. Le film commence d’ailleurs par une reconstitution de ces plongées sous-marines, puisque l’histoire de Rose et Jack est racontée par la première à un explorateur en quête de trésors oubliés sur le Titanic. Ce choix est astucieux, il place d’emblée le film dans un réalisme que les reconstitutions seules n’auraient pu fournir. James Cameron étant un perfectionniste, la reconstitution du navire en taille quasiment réelle a été réalisée avec la plus grande minutie. Tous les éléments connus sont dans le Titanic de Titanic et le film est, à bien des égards, un formidable témoignage du passé. Un témoignage qui n’oublie pas, dans le même temps, son histoire d’amour : l’équilibre entre les deux composantes est parfait et James Cameron a vraiment trouvé le ton juste avec son film.
Le naufrage du Titanic a cent ans cette année. L’occasion rêvée de ressortir en salles Titanic, mais l’exemple malheureux de Star Wars, Épisode I : La Menace fantôme n’inspirait guère confiance en ce qui ressemblait fort à une opération commerciale de plus. À l’écran, la différence est pourtant sensible : si James Cameron veut évidemment utiliser le centenaire pour gagner encore plus d’argent, il a fait un excellent travail pour passer son travail à la 3D et le budget digne d’un film consacré exclusivement au passage à la 3D en dit long sur son sérieux. De fait, la 3D n’est ici pour une fois pas un filtre appliqué à la va-vite avec seulement quelques effets inutiles à se mettre sous la dent. Comme dans Avatar, les effets sont ici mesurés et la 3D est beaucoup plus subtile, elle apporte plutôt une touche de profondeur de champ supplémentaire. Soyons francs, ce n’est pas non plus vraiment utile, même si l’effet est très réussi sur certains plans. Titanic reste de toute manière un film à voir en salles et la 3D ne dérange pas, au moins. Le film a aujourd’hui 15 ans et cela se voit tout de même un peu. Le navire ayant été en grande partie reconstitué avec des décors, les plans intérieurs n’ont pas perdu de leur superbe. James Cameron propose une reconstitution très léchée, on l’a dit, mais c’est surtout le naufrage qui lui permet de démontrer tout son talent. Le choc avec l’iceberg intervient à la moitié du film, il reste donc 1h30 au cinéaste pour faire couler le navire. Titanic devient alors extrêmement spectaculaire, une référence même en matière de naufrage. À l’intérieur, James Cameron impose son savoir-faire et le film n’a vraiment pas vieilli. C’est à l’extérieur que le réalisateur en avance sur son temps a utilisé des effets spéciaux pour les fonds, et cela se voit aujourd’hui. Certains plans manquent de réalisme, tandis que l’eau est bien trop calme (et verte) pour l’océan, mais qu’importe : Titanic n’a pas besoin d’effets spéciaux irréprochables pour convaincre.
Comme pour toutes les histoires d’amour racontées au cinéma, Titanic repose en grande partie sur ses deux acteurs principaux. Leonardo DiCaprio et Kate Winslet étaient tous deux de petits acteurs encore peu connus du grand public en 1997. Leurs prestations dans le film a propulsé leurs carrières avec le succès que l’on connaît. Devant les caméras de James Cameron, ils sont en tout cas parfaits : Leonardo DiCaprio surtout est extrêmement jeune et il joue à merveille son rôle de jeune premier alors que Kate Winslet compose une aristocrate moderne et tiraillée tout à fait crédible. Ensemble, ils forment un très beau couple qui reste dans l’imaginaire collectif comme le couple parfait. Film habitué aux superlatifs, Titanic a remporté onze Oscars et il contient ce qui est peut-être la musique de film la plus connue, en tout cas la plus copiée. Céline Dion pose sa voix sur le titre phare et même si l’on n’apprécie pas forcément ses vocalises, force est de reconnaître que ce titre fonctionne bien dans le film. La musique de Titanic est ainsi la bande originale de films la plus vendue au monde, tout simplement…
À l’image du bateau qui lui sert de décors, Titanic est un très grand film et un phénomène qui dépasse largement le cadre traditionnel du cinéma. James Cameron a réussi à concilier l’histoire véritable du naufrage le plus spectaculaire avec une histoire d’amour extrêmement puissante qui implique les spectateurs sans pour autant rendre le naufrage secondaire. Dans Titanic, le paquebot est un personnage à part entière et c’est cet équilibre difficile qui explique le succès du film. Si ce blockbuster a tant marqué et marque encore les esprits, c’est qu’il a réussi à mêler la grande et la petite histoire avec réalisme et beaucoup de talent. Que vous ayez la chance de découvrir Titanic ou que vous l’ayez déjà vu à sa sortie, peu importe : profitez de sa présence en salles pour le (re)voir dans des conditions optimales, vous ne regretterez pas.