J’ai découvert l’existence du roman Hunger Games en découvrant le film éponyme. Ce livre de Suzanne Colins entre dans la grande famille des romans pour ados, à ranger aux côtés des sagas Harry Potter ou Twilight. Le succès ayant été au rendez-vous, son adaptation au cinéma était un passage attendu et c’est Gary Ross qui s’en charge avec Hunger Games, le premier opus d’une trilogie à venir. Sur le papier, des idées très intéressantes, mais le résultat est vraiment décevant. Rien ne fonctionne dans ce film et l’on s’ennuie ferme pendant près de 2h30 en attendant que la fin connue dès le départ arrive enfin.
Hunger Games se déroule à une époque indéterminée, dans ce que l’on suppose être des États-Unis futuristes. On sait qu’une terrible guerre civile a éclaté plusieurs années auparavant et qu’un pouvoir autoritaire, nommé Capitole, y a mis fin avec la force. Le pays a été divisé en douze districts qui doivent travailler dans un domaine précis pour la caste la plus élevée de Capitole. Dans le douzième district qui nous intéresse plus particulièrement, on travaille dans des mines de charbon, à l’ancienne. Si la société du Capitole est particulièrement avancée, elle tient le reste du pays dans un état proche de l’esclavage et avec un retard considérable : on est quelque part entre le Moyen-Âge et la Révolution industrielle. Chaque année, Capitole organise un grand jeu télévisé au principe très simple : deux jeunes sont choisis dans chaque district et ils s’affrontent jusqu’à la survie d’un seul jeune au sein d’une vaste arène. Hunger Games s’ouvre avec la sélection du 74eme jeu, dans le district 12. Pour sauver sa petite sœur sélectionnée par tirage au sort, Katniss se porte volontaire. Combattive, elle va s’avérer une adversaire redoutable dans l’arène, mais aussi une rebelle difficile à contrôler…
Au départ, une très belle idée plutôt surprenante dans un film calibré pour plaire aux ados. Hunger Games est une critique en règle de la télé-réalité qui fait florès depuis plusieurs années. Le genre est ici poussé à son paroxysme puisque la société entière repose sur l’organisation annuelle du jeu. Aussi cruel et injuste soit-il, ce jeu est très bien accepté, y compris par les différents districts qui sacrifient chaque année deux de leurs enfants. Les habitants de Capitole adorent quant à eux ces combats et ils se remémorent avec émotion les meilleures mises à mort des années précédentes. Gary Ross filme avec assez peu de conviction un système extrêmement cynique où l’on n’hésite pas à modifier les règles ou à sacrifier des joueurs pour rendre l’émission plus divertissante. Le matériau est là, mais Hunger Games ne l’exploite jamais vraiment et ce qui s’annonçait comme une critique en règle des jeux de télé-réalité s’avère finalement bien décevant.
Si Hunger Games est si faible quant à ce qu’il semblait pourtant vouloir dénoncer, c’est bien parce qu’il s’agit avant tout d’une romance adolescente. Au cœur de l’histoire, Katniss et Peeta sont tous les deux du district 12 et le jeune homme avoue très vite sa flamme pour la jeune femme. Les deux tourtereaux commencent pourtant par la jouer perso, mais l’inévitable ne tarde pas et on ne dévoile rien en disant qu’ils finiront ensemble. C’est écrit d’avance, le film est conçu entièrement autour de cette histoire d’amour bien peu captivante, car si peu originale. Bizarrement, Hunger Games ne prend pas leur romance au sérieux. De manière assez originale pour le coup, le scénario n’évoque ici ni coup de foudre, ni même amour impossible entre deux districts par exemple, mais plutôt une stratégie de survie. Au départ, si les deux tourtereaux roucoulent, c’est pour former un couple devant les caméras et attendrir les spectateurs en espérant ainsi obtenir leurs faveurs pendant les combats. Elle est censée ne pas l’aimer, mais elle va finalement être séduite par le charme du beau mâle. L’idée surprend dans un film pour ados, mais là encore Hunger Games déçoit. Personne, ni les deux acteurs, ni le cinéaste, ni même le scénario, ne semble prendre cette histoire au sérieux et le spectateur n’y croit jamais, surtout pas quand elle est censée devenir réelle à la fin du film.
Le scénario de Hunger Games est, on l’aura compris, assez faible. Qu’importe, un blockbuster n’a pas à être particulièrement malin pour plaire. Las, celui de Gary Ross commet la seule faute vraiment impardonnable pour un tel film : il n’est pas fun. Sans doute à cause d’une adaptation trop fidèle, Hunger Games est d’abord très mal rythmé. Beaucoup trop long, il est aussi trop lent à se mettre en place et au contraire beaucoup trop rapide dans certaines phases cruciales des combats. La caméra virevoltante de Gary Ross n’aide pas : les combats sont souvent illisibles et empêchent ainsi l’identification du spectateur, condition sine qua non pour qu’un blockbuster soit plaisant à suivre. Alors que le film promettait sur le plan visuel, Hunger Games offre au total une impression générale de paresse. Encore une fois, on a parfois le sentiment que personne ne croit au film et cela se ressent en salle. Dans cette débandade, Jennifer Lawrence fait ce qu’elle peut, mais elle ne parvient pas plus à relancer l’intérêt du long-métrage…
Une bonne idée gâchée… tel est le sentiment qui domine en sortant de la salle. Hunger Games propose un scénario intéressant autour des jeux de télé-réalité et à défaut d’être original — il m’a fortement rappelé la saga Wang de Pierre Bordage —, il avait largement de quoi construire un blockbuster spectaculaire et prenant. Gary Ross est ainsi passé à côté de l’essentiel en ne proposant pas un film divertissant. Dès lors, ce n’est pas l’amourette jamais crédible qui va sauver Hunger Games. Grosse déception, que l’on ne recommandera même pas pour une séance dominicale en famille…