Sorti à la fin des années 1980, Piège de cristal est devenu un classique des blockbusters d’action. À l’époque, John McTiernan adaptait un livre qui était déjà la suite d’un roman porté au cinéma avec succès à la fin des années 1960. Faute de pouvoir employer le même acteur, le projet évolue vers un film d’action porté par un Bruce Willis qui n’était alors connu qu’à la télé. Dès sa sortie, ce long-métrage a connu un grand succès et on comprend encore aisément pourquoi avec le recul. Piège de cristal est un modèle d’efficacité et John McTiernan y a trouvé l’équilibre parfait entre scènes d’action, bonne dose de suspense et juste ce qu’il faut d’émotion. Loin des énormes productions actuelles, ce huis clos modeste est un excellent divertissement qui ne prend pas une ride.
John McTiernan ne s’embarrasse pas d’une mise en place excessive et il va droit au but dès les premières minutes, une caractéristique que l’on retrouve tout au long du film. Piège de cristal raconte l’histoire d’un hold-up de grande envergure, puisque les ravisseurs prennent en otage une tour tout entière pour empocher les centaines de millions de dollars qui s’y trouvent. Leur plan est parfaitement préparé et l’exécution soignée devrait se faire sans encombre, mais on se doute bien que tout n’ira pas comme prévu. Le grain de sable qui vient enrayer la machine, c’est John McClane, un policier new-yorkais qui vient rendre visite à sa famille à Los Angeles pour Noël. On comprend vite que la situation n’est pas facile avec sa femme qui a décidé de partir avec les deux enfants pour poursuivre sa carrière : on lui a proposé une excellente position dans une boîte japonaise qui s’est installée dans une tour de la ville. Quand Piège de cristal ouvre, cette entreprise qui vient justement de battre des records en matière de résultats fête à la fois ses chiffres et la fête de Noël. John McClane vient chercher sa femme juste au moment où les malfaiteurs débarquent et bloquent toutes les issues du gratte-ciel. Très vite, son instinct de policier reprend le dessus et il se met en tête de prévenir les forces de l’ordre, tandis que les voleurs exécutent minutieusement et implacablement leur plan. Inutile de dire que, seul contre tous, ce héros malgré lui va faire des miracles et sauver sa femme : la fin n’est pas vraiment un enjeu, mais Piège de cristal ne mérite pas tant d’être vu pour son histoire originale, que pour son exécution réussie.
Résumer Piège de cristal est facile et peut-être un peu décevant. Les camps sont très bien définis, la situation de départ est classique et on comprend bien vite ce qui va se passer. John McTiernan n’est pas Quentin Tarantino et son film de gangsters suit un cheminement très classique, mais ce n’est pas grave. Au contraire même, ce classicisme permet d’évacuer les problèmes scénaristiques pour mieux se concentrer sur ce qui fait l’intérêt d’un tel film après tout : l’action. Sur ce point, le réalisateur qui a déjà connu le succès avec Predator sorti l’année d’avant, offre aux spectateurs ce qu’ils sont venus chercher. Sans en faire des tonnes comme tout blockbuster moderne le ferait, son long-métrage est très efficace quand il s’agit de montrer des fusillades et des courses-poursuites dans les décors très réussis de la tour. Celle-ci est un personnage à part entière dans Piège de cristal : c’est un vrai gratte-ciel qui a servi de décor, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur pour les étages en construction. John McTiernan exploite au mieux son décor, avec quelques scènes qui ont marqué les esprits, comme ces fusillades dans une salle pleine de vitres : le sol rempli de petits bouts de verre devient un piège pour le héros qui n’a pas de chaussure, alors que ses assaillants n’ont pas ce problème. L’idée du huis clos — on ne sort jamais de la tour et de ses environs immédiats — est excellente pour renforcer le suspense et il faut reconnaître que Piège de cristal est très bon dans ce domaine. Pendant plus de deux heures, quasiment sans interruption, on craint pour le personnage principal et on ressent très bien son stress. Une performance que l’on doit au cinéaste, certes, mais aussi au talent de Bruce Willis : l’acteur encore jeune a déjà cette présence extraordinaire qui a fait son succès et il est excellent dans cette première tête d’affiche. Face à lui, la colère froide d’Alan Rickman est également parfaitement juste.
Simple, mais extrêmement efficace : on peut résumer ainsi la réussite de ce Piège de cristal qui s’impose très rapidement comme un vrai succès public. John McTiernan a trouvé l’équilibre idéal entre plusieurs composantes et c’est justement la simplicité de son scénario et de son cadre qui fait le succès du film. Un classique, que l’on peut (re)voir aujourd’hui sans peur, tant il a bien vieilli, nonobstant quelques décors et coiffures très typés années 1980.