Depuis le succès au cinéma de Harry Potter, ou celui de Twilight, les sagas littéraires ont la cote au cinéma. Tout le monde veut trouver la nouvelle série qui sera aussi bien que ces modèles. Hunger Games a largement retrouvé ce succès, mais une saga ne suffit pas et les producteurs cherchent toujours plus de films à produire. Divergente appartient complètement à ce processus : cette adaptation d’une saga littéraire pour adolescents est le premier volet d’une trilogie, voire plus si, comme c’est souvent le cas, un roman est adapté en plusieurs films. Cette fois, on retrouve surtout l’esprit de Hunger Games avec un univers de science-fiction et une histoire d’amour au milieu d’une révolte naissante. Rien de très original, mais Neil Burger échoue sur les bases : ce blockbuster caricatural et prévisible peine à divertir et encore moins à passionner.
Divergente est construit autour d’une dystopie très conventionnelle, mais qui frappe par sa simplicité, pour ne pas dire sa naïveté. Dans un futur qui n’est pas daté, mais qui a été marqué par de longues guerres qui ont tout décimé, les habitants de Chicago ont décidé d’organiser différemment la société pour éviter toute guerre future. Derrière un énorme mur, toute la société est divisée entre cinq factions isolées : on a les érudits qui réfléchissent, les bienheureux simplets qui cultivent, les courageux qui se battent (et qui sont les plus funs), les sincères qui rendent la justice et les altruistes qui aident les pauvres (mais qui sont un peu pisse-froid). Le roman original est sans doute aussi caricatural, mais Neil Burger ne fait rien pour donner un semblant d’intelligence à cette division qui rappelle plus une fourmilière qu’une société humaine. Dès l’introduction qui présente son univers, Divergente ressemble presque à un volume de la série Pour les nuls : ici, c’est la science-fiction pour les nuls, un condensé de quelques idées très courantes dans le genre, mais simplifiées à l’extrême pour que tout le monde puisse bien les comprendre.
Ce premier contact n’est déjà pas des plus positifs, mais après tout le film étant inspiré d’un livre, ce n’est pas forcément de son fait. En revanche, le développement de l’histoire l’est beaucoup plus, et sur ce point aussi, Divergente est largement décevant. Tout est prévisible et Neil Burger ne fait rien pour nous surprendre. Le point de départ est que l’héroïne, Tris, ne peut pas être classée dans une faction, elle est divergente. Une espère rare et dangereuse, car elle ne peut pas être contrôlée. À partir de ce constat, on s’attend à tout ce qui déroule, que ce soit du côté de la famille de l’héroïne ou du beau gosse de service dont elle tombera, immanquablement, amoureuse. À propos de ce dernier, on veut nous faire croire que personne n’a reconnu qu’il était lui aussi divergent alors qu’il a un énorme tatouage dans le dos qui le montre. Divergente reste constamment à ce niveau et c’est bien dommage : le spectateur a toujours un peu le sentiment d’être pris pour un imbécile qui à qui il faut toujours expliquer et qui ne peut rien comprendre par lui-même. Ce qui, in fine, retire au projet tout le fun qu’il pouvait apporter.
Au fond, Divergente ne déçoit pas. Pensé uniquement pour surfer sur la vague des Hunger Games et autres Harry Potter, le film de Neil Burger est formaté pour plaire aux jeunes adolescent(e)s et peut-être qu’il y parvient avec sa romance à l’eau de rose. Il faut reconnaître que Shailene Woolley et Theo James sont plutôt convaincants dans leurs rôles, mais cela ne suffit pas à sauver le long-métrage. Basique et surtout prévisible, ce blockbuster n’est pas très impressionnant à regarder, même si le Chicago post-apocalyptique imaginé pour les besoins du film est assez réussi. À l’heure des bilans, Divergente entre sans peine dans la catégorie des vite oubliés et on ne peut pas dire que la suite, déjà programmée, donne beaucoup plus envie…