Le Labyrinthe entre dans la désormais longue lignée des blockbusters chargés uniquement de plaire aux adolescents, adaptés d’une saga romanesque qui n’avait déjà d’autre but que de leur plaire et si possible qui avait connu un beau succès en librairie. Harry Potter et Twilight ont en quelque sorte montré la voie, depuis on est envahi de ces sagas qui semblent reproduire le même schéma à l’infini, avec plus ou moins de succès. Hunger Games semble plutôt s’orienter vers la bonne voie quand Divergente commençait au contraire au début de l’année sur un très mauvais pied. Et au milieu de cette offre déjà très dense, voici un petit nouveau avec Le Labyrinthe, premier volet d’une trilogie déjà annoncée et même programmée. Une affaire rondement menée, qui laissait attendre le pire, et pourtant… Wes Ball ne fait pas de miracle avec son cahier des charges aussi contraignant, mais son blockbuster est divertissant comme il se doit et le spectacle est bien au rendez-vous. On s’amuse, on frémit dans ce labyrinthe obscur… bref, on passe un bon moment, c’est déjà ça !
Wes Ball réussit très bien les premières minutes de son film. Le réalisateur, qui signe là son premier long-métrage, nous plonge dans le noir pour mieux nous immerger dans son univers. On ne voit rien, mais on entend un bruit métallique et on comprend vite que l’on est dans un ascenseur qui monte, sans savoir vers où. Quand la lumière finit par s’allumer, par flash, on est aussi perdu que le personnage principal, dont on ignore encore tout. Ce personnage lui-même ignore tout de son identité et encore moins de ce qu’il fait dans cet étrange ascenseur qui, lui semble-t-il, va s’écraser… jusqu’au moment où il s’arrête et où les portes s’ouvrent, l’éblouissant en même temps que nous. Les premières impressions sont toujours importantes et le cinéaste l’a très bien compris : Le Labyrinthe marque les esprits avec cette ouverture qui ne s’embarrasse pas d’une pesante introduction et qui privilégie au contraire l’efficacité et l’action. Le héros de l’histoire ne sait rien, et les spectateurs que nous sommes n’en savons pas plus : on est simplement plongé dans cette prairie étrange au milieu d’un immense labyrinthe, sans savoir pourquoi, sans savoir s’il s’agit d’un jeu façon Hunger Games, ou d’une prison, ou même s’il y a un moyen de s’en sortir. Comme le héros, on en apprend peu à peu — par exemple, le personnage principal s’appelle en fait Thomas —, mais l’essentiel du film reste en huis clos dans cette petite prairie et dans le labyrinthe et c’est clairement sa meilleure idée.
S’il en fallait une preuve, on ne dévoilera rien d’extraordinaire en indiquant que l’on finir par quitter le huis clos vers la fin du film, et Le Labyrinthe baisse alors nettement en intérêt et en qualité. Le long-métrage de Wes Ball avait réussi à maintenir un suspense plutôt efficace jusque-là avec quelques scènes même assez impressionnantes dans le labyrinthe. Les créatures qui s’y trouvent, à mi-chemin entre la grosse araignée et le scorpion mécanique d’une part et le zombie d’autre part, sont plutôt réussies et même étonnamment gores. Tout est relatif bien entendu et il ne faut pas s’attendre à du vrai gore, après tout on a bien affaire à un pur produit formaté pour plaire au plus grand nombre et éviter toute interdiction dans les salles — en France, il y a tout de même un avertissement. Dans les mains d’un réalisateur plus confirmé et sans la contrainte des studios, Le Labyrinthe aurait sans doute pu donner un film encore plus noir et violent, mais par rapport aux modèles cités en préambule, il faut noter que Wes Ball en fait déjà beaucoup et que c’est une réussite dans l’ensemble. Mieux, il nous épargne la majorité des pièges du genre : la communauté d’ados rassemblée pour le film est essentiellement masculine et la fille qui débarque dans le dernier tiers n’ouvre aucune romance mielleuse. On n’est pas à l’abri pour les suites, mais en attendant, on évite la plupart des clichés du genre, sauf dans les dernières minutes, qui sont aussi celles où l’on sort du huis clos. La preuve, donc, encore une fois, que cette particularité faisait la réussite du projet.
Parmi tous ces projets cinématographiques formés dans le même moule, la différence est souvent faible. Ici, ce n’est pas le jeu des acteurs — on ne devrait pas retenir la prestation de Dylan O’Brien, ni celle de Kaya Scodelario… —, ni l’univers dystopique déjà tellement vu qu’il devient d’une banalité pénible. Le Labyrinthe est en revanche sauvé par sa réalisation plus sombre qu’à l’accoutumée et même (presque) gore par moments et surtout par ce choix très bien vu du huis clos. Wes Ball se contentait-il de suivre le roman original de James Dashner ou suivait-il une excellente intuition en donnant le moins de contexte possible ? Quoi qu’il en soit, c’était la bonne idée et Le Labyrinthe est un divertissement qui ne fera probablement pas date, mais qui est parfait pour une soirée agréable…
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