Je n’ai jamais mangé de porc jusqu’à sept ans. Et puis ma mère a fait une dépression et elle a commandé une pizza jambon saucisses boulettes chez Pizza Hut. À partir de là, on a mangé du porc à la maison. — Nora Hamzawi
Cette phrase extraite du premier one-man-show de Nora Hamzawi résume assez bien l’esprit de l’humour de cette jeune comédienne. Son nom la trahit forcément, elle a des origines orientales, syriennes plus précisément, mais cette cannoise d’origine a grandi à Paris et il suffit de l’écouter quelques minutes pour comprendre que la religion musulmane n’a pas eu une grande influence sur elle. La jeune femme n’a d’ailleurs que le nom qui est originaire « de là-bas » : comme elle s’en amuse, elle surprend par son apparence absolument pas typée orientale ce qui, selon les contextes, peut être une bonne ou une mauvaise chose. Dans tous les cas, la religion n’est pas un enjeu de son spectacle, c’est même le contraire : à l’opposée de ce que faisait Sophia Aram avec sa Crise de foi, Nora Hamzawi évacue par cette anecdote plutôt drôle de la pizza la question des religions. Pour mieux se concentrer sur ce qui l’intéresse vraiment : ses problèmes de femmes.
Son spectacle est ainsi consacré essentiellement à ses problèmes de « meuf », de copine parfois, de femme dans le sens biologique du terme même parfois. Que la gente masculine ne soit pas effrayée toutefois : pendant une heure et quart, Nora Hamzawi fait rire tout le monde, sans exception, et tout le monde en prend d’ailleurs pour son grade. Il y a quelques passages obligés — les hommes plus sales que les femmes, le dérèglement hormonal une fois par mois… — et quelques idées plus originales, voire osées — vous ne verrez plus vos yeux de la même manière ! —, mais c’est toujours très drôles. La comédienne est à l’aise sur scène et surtout elle joue à la perfection avec le public, sans aller dans les interactions inutilement lourdes, mais en le relançant au bon moment : on la sent vraiment dans son élément, elle se fait plaisir et ce plaisir est communicatif. Comme dans tous les spectacles du genre, il y a beaucoup de vécu, des anecdotes que l’on sent piochées dans sa propre vie… mais on sent aussi que la jeune artiste ne ment pas. Contrairement à d’autres comiques plus chevronnés, la comédienne est manifestement sincère et même touchante. Peut-être qu’elle s’est créée un personnage et peut-être que c’est la meilleure actrice du moment, mais il est plus probable que la Nora Hamzawi que l’on voit sur scène chaque soir est la Nora Hamzawi que ses amis et sa famille connaissent aussi. On voit bien que c’est quelqu’un de timide par défaut, mais qui peut rapidement devenir beaucoup plus enjoué et ouvert. Et on peut dire qu’en spectacle, elle n’a pas froid aux yeux et qu’elle se donne à fond. Ce sont des tranches de vie, sans doute un peu romancées, c’est toujours drôle et on finit toujours par se retrouver dans une vanne ou une remarque. C’est le principe du one-man-show et celui-ci ne révolutionne pas le genre, certes, mais on peut au moins au dire que c’est très bien fait.
Nora Hamzawi est sous les feux des projecteurs en ce moment : après avoir officié en tant que chroniqueuse sur France Inter l’an dernier, c’est Canal+ et le Grand Journal qui la fait travailler certains soirs. Une belle reconnaissance, pour cette comédienne qui mérite en effet d’être reconnue. À défaut de savoir ce qu’elle fera ensuite, son premier spectacle est vraiment plaisant et si vous aimez ce genre de comique, ne la ratez pas sur scène. Pour le moment, Nora Hamzawi passe surtout à Paris, au théâtre Le République, du jeudi au samedi.