Douze ans après Terminator 2 : Le Jugement dernier, la saga reprend avec un troisième volet, mais pour la première fois, James Cameron n’a rien à voir avec le projet. Le cinéaste a plusieurs fois évoqué une suite dans les années 1990, mais il a été contraint de céder l’histoire pour finir Titanic. C’est donc un autre réalisateur qui reprend le flambeau et un autre casting, même si Arnold Schwarzenegger a repris son rôle. L’affiche de Terminator 3 : le Soulèvement des Machines ne laisse d’ailleurs place à aucun doute : la star est au centre du film et même s’il n’est pas, techniquement, le personnage principal, c’est bien lui qui est mis en avant. Il faut dire que Jonathan Mostow n’est pas aussi connu que son prédécesseur, loin s’en faut et ce n’est pas lui qui ferait venir les foules. Le résultat a quelque peu déçu : par rapport aux deux films de James Cameron, ce troisième volet fait un peu pâle figure, il est vrai. Faut-il l’oublier pour autant ? Non, car ce blockbuster reste efficace et plaisant, et il ajoute une étape clé dans l’histoire de Terminator.
Terminator 3 : le Soulèvement des Machines reprend une dizaine d’années après le premier volet, et il s’inscrit dans sa suite directe. Rappelons que les deux premiers films de la saga suivent le même schéma : dans Terminator, les robots qui ont pris le pouvoir sur les humains envoient dans le passé un tueur pour éliminer la résistance humaine à sa source. Le Terminator est censé tuer Sarah Connor, mère de John Connor et leader révolutionnaire. Face à l’échec de cette mission, Skynet qui dirige les robots envoie un deuxième modèle dans Terminator 2 : Le Jugement dernier, cette fois pour éliminer John alors qu’il n’est encore qu’un enfant. Mais cette fois aussi, un deuxième Terminator a été envoyé par les humains pour le protéger et la mission est aussi un échec. On pouvait alors penser que l’émergence de l’intelligence artificielle qui allait détruire la majorité de l’humanité allait être stoppée net, mais elle n’a en fait qu’été retardée. Dans Terminator 3 : le Soulèvement des Machines, Skynet envoie, toujours du futur, un troisième robot, cette fois pour tuer tous les associés de John Connor. Ce dernier se cache depuis la fin du deuxième volet et les robots ignorent tout de leur existence, mais cette fois encore, les humains envoient un robot pour les défendre. Bref, quand le film de Jonathan Mostow commence, on est en terrain connu : la technique a évolué et les arrivées des robots sont plus spectaculaires, mais pour le reste, le film suit exactement le schéma du deuxième opus. Le cinéaste va jusqu’à parodier une scène de Terminator 2 : Le Jugement dernier en reprenant l’idée du bar, mais avec une fin plus légère et même presque comique.
De fait, c’est la principale différence entre ce troisième film et les deux premiers. Là où James Cameron restait sur un traitement très sérieux qui marquait bien le danger des robots, Jonathan Mostow adopte un ton beaucoup plus léger, assez commun dans ce genre de blockbuster. Terminator 3 : le Soulèvement des Machines ne doit pas seulement en mettre plein la vue avec des explosions toujours plus énormes — il faut reconnaître, d’ailleurs, que le réalisateur est assez bon dans ce domaine, même si en 2003, tout le monde savait réaliser des explosions impressionnantes —, il faut aussi divertir. Ainsi, le robot incarné par Arnold Schwarznegger est plus drôle qu’avant, avec un sens de l’auto-dérision très prononcé qui lui convient assez bien. L’acteur sait jouer de son impassibilité constante et son personnage ne manque pas d’occasions de jouer le pitre, souvent à son insu. Comme dans le précédent film, il apprend des humains et réutilise ce qu’il voit, ce qui donne lieu à quelques scènes plutôt drôles. Terminator 3 : le Soulèvement des Machines n’est pas une grande comédie, n’exagérons rien, mais ce second degré présent en permanence permet de relâcher les tensions et d’oublier le côté souvent un peu trop spectaculaire de l’action. Grâce à cette légèreté, certaines scènes qui auraient pu être totalement ridicules passent plutôt bien : on pense à l’attaque du cimetière et plus encore à la course-poursuite avec un camion-grue qui est tout à la fois époustouflante et complètement irréaliste. À défaut d’être un aussi bon réalisateur que James Cameron, Jonathan Mostow a le bon goût de ne pas se prendre au sérieux, et son film passe ainsi bien mieux. On oublie aussi plus facilement que le casting n’est pas aussi bon qu’auparavant : Nick Stahl incarne un John Connor peu convaincant et Claire Danes manque sans doute de crédibilité. Qu’importe, le spectacle est divertissant et on passe un bon moment.
James Cameron aurait probablement réalisé ce troisième volet très différemment et on peut regretter qu’un moment aussi important — le film montre la première victoire des machines, après tout — ne soit pas filmé avec un petit peu plus de sérieux. Sans doute, mais Jonathan Mostow ne s’en sort pas si mal et Terminator 3 : le Soulèvement des Machines ne mérite probablement pas la mauvaise réputation qu’il porte. On est loin de l’excellence du deuxième chapitre, mais ce blockbuster plus banal, certes, tient la route. Le divertissement est au rendez-vous et le film est même assez drôle, tandis que le fond est intéressant pour la saga.