Peut-on faire un film avec un concept aussi simple que la vitesse ? C’est le défi que les concepteurs de Speed se sont sans doute lancés en commençant ce projet et ils ont réussi : ce film ne traite (presque) que de vitesse pendant ses deux heures. Aussi étrange que cela puisse paraître, Jan de Bont s’en sort plutôt bien avec une idée de base aussi simple, pour ne pas dire simpliste. Certes, quelques séquences sont un peu forcées, mais Speed est un excellent représentant des films d’action à l’ancienne. Prenant et même intense par moment, le film remplit parfaitement son rôle de divertissement et, plus de vingt ans après sa sortie, il a vraiment très bien vieilli. Un classique, à découvrir (sans avoir rien lu à son sujet) ou revoir !
Pour tenir deux heures sur l’unique sujet de la vitesse, il a fallu trouver une astuce. En l’occurence, une idée simple : Speed est divisé en trois segments, qui sont autant de courses contre la montre où la vitesse est au cœur des enjeux. Le générique d’ouverture donne un indice sur le premier segment qui se déroule dans l’ascenseur d’un gratte-ciel de Los Angeles. Des bombes astucieusement placées font tomber une cabine en chute libre. Les freins font leur œuvre, mais l’homme derrière cette attaque réclame trois millions de dollars sous peine de faire détonner d’autres charges qui couperont les freins et tueront la demi-douzaine de personnes à bord de l’ascenseur. Pour contrer ce plan aussi machiavélique que bien préparé, la police de Los Angeles envoie ses meilleurs agents et en l’occurrence Jack Traven (Keanu Reeves encore jeune et parfait dans ce rôle où il doit surtout faire le beau et gonfler ses muscles) et son collègue Jeff, spécialiste en déminage. Ensemble, ils parviennent à sauver tous les otages et pensent que le responsable est mort… ce qui n’est qu’un leurre. Speed reprend de plus belle juste après, mais cette fois avec un bus : une bombe à son bord explosera si le véhicule roule à moins de 50 mph — soit environ 80 km/h — et c’est à nouveau Jack qui est sur place. Cette séquence est la plus longue des trois, la plus réussie aussi : Jan de Bont excelle dans cette longue scène, avec plusieurs moments très intenses et un rythme parfaitement maîtrisé de bout en bout. À partir d’un concept là encore très simple, Speed ajoute des éléments supplémentaires très progressivement — le chauffeur blessé, les pneus crevés, le réservoir d’essence qui fuit, etc. —, tandis que l’on a quelques gros problèmes au travers de la route. L’ensemble est très plaisant à suivre et on se prend au jeu : en matière d’action, on a rarement fait mieux et le film mérite d’être (re)vu uniquement pour cette séquence centrale.
Quand le dénouement s’éloigne encore une fois, mais cette fois dans une rame de métro qui ne peut plus s’arrêter, on peut considérer que Speed va un petit peu trop loin. Toutefois, cette troisième séquence de vitesse est l’occasion d’un ultime affrontement entre les deux personnages principaux et elle est assez rapide. Jan de Bont aurait peut-être gagné à raccourcir l’ensemble, mais ne soyons pas injuste. Speed est déjà un excellent divertissement quand commence la partie dans le métro et celle-ci ne vient pas gâcher le plaisir que l’on a éprouvé jusque-là. Un film incontournable si vous aimez l’action simple et intense !