The Strain, Guillermo del Toro et Chuck Hogan (FX)

Pour son passage du grand au petit écran, Guillermo del Toro ne s’est pas éloigné de l’un de ses genres de prédilection : l’horreur. The Strain prends des allures de série de fin du monde, avec une invasion de créatures à mi-chemin entre les zombies et les vampires. Résolument tournée vers les films de série B, cette série ne se prend pas trop au sérieux, mais déploie son récit avec un plaisir communicatif. Si vous aimez les créatures déplaisantes à regarder, les intrigues à base de vampires et les vengeurs solitaires armés d’épées en argent, The Strain offre un bonheur coupable indéniable. On sent que Guillermo del Toro et Chuck Hogan ont d’abord écrit un roman avant de l’adapter en série pour se faire plaisir, mais c’est une réussite aussi pour les spectateurs. On a hâte de voir la suite après une première saison pleine de promesses !

The strain fx guillermo del toro

Comme Fringe, cette série commence autour d’un accident d’avion. Nulle explosion en vol ici toutefois, simplement un avion qui arrive mort : il se pose à l’aéroport, mais personne ne répond à la radio, tous les volets sont fermés et on a l’impression qu’il n’y a rien de vivant à l’intérieur. Puisqu’il pourrait s’agir d’un accident bactériologique ou d’une épidémie d’une quelconque sorte, c’est le CDC qui entre le premier dans l’avion et constate que les 200 passagers et membres d’équipage sont morts. Le mystère, c’est qu’il n’y a aucune cause évidente : The Strain repose largement sur cette idée que l’on ne sait pas ce qui se passe. Guillermo del Toro et Chuck Hogan ne vont pas aussi loin que The Leftovers, jusqu’au-boutiste pour ne donner aucune explication, mais leur série ne donne pas toutes les clés tout de suite. On comprend en même temps que le docteur « Eph » Goodweather que quelque chose ne va vraiment pas dans cet avion, mais si on voit très vite ceux qui sont derrière ce qui se passe, on ne connait pas tout de suite leurs motivations. La première saison dévoile quelques éléments, mais en garde aussi : on découvre rapidement que l’on a affaire à une attaque de vampires/zombies, on comprend qu’elle est organisée sans savoir à quelle fin et surtout on découvre petit à petit que la situation est beaucoup plus complexe que prévu. Il y a d’autres groupes qui se forment pour attaquer le problème et on ne sait pas ce qu’ils cherchent. Bref, The Strain met en place son univers et ses personnages clés et on a envie d’en savoir plus, mais le scénario n’en dévoile habilement pas trop. Il faudra attendre la suite, d’ores et déjà prévue avec au moins deux saisons de plus, pour mieux comprendre ce qui se passe et savoir si les héros pourront battre les vilains.

The strain corey stoll mia maestro

Même si c’est un petit peu plus complexe, The Strain peut se résumer très simplement à une opposition entre le bien et le mal. À cet égard, Guillermo del Toro et Chuck Hogan restent dans l’esprit de la série B et assument : leur histoire ne cherche pas les complications inutiles et la ligne directrice est assez claire. Le plaisir ne vient pas d’une intrigue qui part dans tous les sens, mais plutôt de ses thèmes classiques revisités avec brio. La série joue sur le mythe du vampire et ajoute quelques éléments à ce personnage vieux de plusieurs siècles et déjà tellement utilisé au cinéma. Les créatures de The Strain vivent en buvant du sang, elles craignent la lumière du jour et l’argent ; en cela, elles sont bien des vampires. Mais elles se comportent largement comme des morts-vivants, se déplacent comme eux, sont stupides comme eux. Et puis il y a cet appendice qui sort de leur bouche et qui rappelle plus un Alien qu’un vampire traditionnel. De ce fait, on est bien dans le registre de l’horreur, mais c’est de l’horreur revisitée, une vision originale avec ses propres règles qui renouvelle le genre. Les treize épisodes de la première saison se suivent comme un feuilleton, on a toujours envie d’en voir plus et le récit est bien mené, avec des personnages bien dessinés. The Strain n’évite pas quelques défauts, le grand méchant notamment manque étonnamment de réalisme et ressemble plus à un vilain de dessin-animé, ce qui tranche avec le traitement assez sérieux des autres créatures. Et puis, alors que la série entend maintenir un traitement réaliste malgré ses bestioles fantastiques, le récit opte souvent pour la facilité : on se demande bien comment l’infection peut être aussi large dans une ville comme New York, sans que les autorités n’interviennent, par exemple. Par ailleurs, certains épisodes abusent un petit peu des flashbacks et le scénario gagnerait souvent à être moins prompt à toujours tout expliciter. Néanmoins, on ne s’ennuie jamais, le rythme maintient l’attention d’un bout à l’autre et le simple plaisir de voir des créatures hideuses, combiné à un sens aiguisé du suspense font le reste.

The strain richard sammel david bradley

Essai réussi pour The Strain ! À condition d’aimer le genre de l’horreur, tendance vampires et zombies, vous auriez tort de ne pas regarder la première série de Guillermo del Toro. Le cinéaste s’est manifestement fait plaisir en combinant ce qui constitue ce qu’il préfère dans le genre, et le résultat est convaincant. Nonobstant quelques défauts, cette première saison est très encourageante et donne envie de voir la suite. The Strain a posé de bonnes bases et on espère qu’elles serviront à des saisons encore plus folles par la suite.


The Strain, saison 2

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(23 novembre 2015)

La première saison de The Strain était prometteuse et on avait hâte de connaître la suite. Guillermo del Toro et Chuck Hogan ne déçoivent pas avec treize épisodes qui portent la série à un tout autre niveau. L’invasion de vampires a pris le dessus dans tout New York et la lutte entre les créatures maléfiques et l’humanité, rien que ça, a commencé. Le ton reste à la série B et les scénaristes ne se prennent toujours pas vraiment au sérieux, mais la tension monte d’un cran et les affrontements sont au cœur du récit désormais. Finis les faux semblants, les deux camps sont bien campés, avec d’un côté le Maître et ses disciples, de l’autre les docteurs du CDC qui ont commencé la série dans la saison précédente et surtout Abraham Setrakian, celui qui lutte contre les vampires depuis des décennies. L’ambiance est plus sombre, même si le ton reste souvent léger, notamment lorsque les cinq ou six personnages se rassemblent pour lutter contre des vampires pour quelques séquences assez funs. L’intrigue se complexifie aussi légèrement, avec l’entrée en matière de Kelly Goodweather, la femme d’Eph et mère de Zack transformée en vampire dans la première partie de The Strain. C’est un très bon moyen de relancer la série avec un suspense supplémentaire et de nouveaux enjeux, et sans trop en dire, on n’a qu’une hâte à la fin des treize épisodes : voir les suivants le plus vite possible.

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The Strain n’a pas de grandes ambitions sur le plan stylistique ou scénaristique, mais la série créée par Guillermo del Toro et Chuck Hogan reste toujours aussi plaisante. Peut-être même plus encore avec cette deuxième saison qui se permet des séquences visuellement horribles, pleines de pustules, de verres et de liquides blanchâtres projetés dans toutes les directions. Dans le genre, c’est très réussi et la majorité des défauts relevés dans la première saison ont été estompés ici, tandis que les flashbacks, parfois un petit trop nombreux encore, donnent plus d’ampleur aux évènements présents. The Strain devient peu à peu une excellente série, à ne pas rater !


The Strain, saison 3

(1er janvier 2017)

Après deux premières saisons vraiment excellentes, The Strain change d’échelle et… se plante un petit peu. En tuant l’un des personnages clé à la fin de la saison précédente et surtout en explosant le bloc de personnages qui s’était formé et que l’on avait appris à aimer, Guillermo del Toro et Chuck Hogan prenaient le risque de nous perdre un petit peu. Pour ne rien arranger, l’invasion de zombies devient tellement importante que New York est sur le point de tomber, tout comme le reste du monde d’ailleurs. Cette sympathique histoire digne des meilleurs films de série B oublie alors un élément clé : ne pas se prendre trop au sérieux. C’est sans doute le plus gros point faible de cette troisième saison, désormais beaucoup trop noire et premier degré pour ne pas être en décalage par rapport aux créatures étonnantes et à leur invasion un petit peu folle. L’armée entre en jeu et les héros sont un petit peu laissés sur le bas côté, ce qui laisse plus de temps pour se concentrer sur leurs problèmes. Le docteur Eph qui pleure la perte de son fils, les problèmes de cœur de Fet et Dutch… il faut bien le dire, on s’ennuie parfois un petit peu.

The Strain était fun et c’est précisément pour cette raison que la série fonctionnait si bien. Maintenant qu’elle est devenue sérieuse, c’est moins le cas, même si elle conserve quelques arguments à faire valoir. Au fond, le problème, c’est qu’elle n’avance pas assez vite. On ne sait pas bien où ses deux créateurs veulent aller et Guillermo del Toro et Chuck Hogan disaient avoir cinq saisons en tête dès le départ, mais on a plutôt l’impression qu’ils ont rempli ces dix épisodes par obligation. Peut-être que ce n’est qu’une pause avant une relance dans la saison suivante, mais The Strain va tellement loin ici dans la chute de la civilisation qu’on ne voit pas bien à quoi pourrait ressembler une suite…


The Strain, saison 4

(22 septembre 2017)

La quatrième saison de The Strain sera aussi la dernière pour la série créée par Guillermo del Toro et Chuck Hogan, et c’est très bien ainsi. La troisième saison laissait un goût un petit peu amer, la faute à un changement de style et de rythme et la sensation que les deux créateurs de la série ne savaient plus où aller et qu’ils remplissaient les épisodes commandés mécaniquement. Sans compter que la saison se terminait sur une bombe atomique lâchée sur New York et on se demandait bien comment la série pouvait rebondir après cela. Bonne nouvelle, The Strain n’avançait pas dans le brouillard complet et ces dix ultimes épisodes reprennent logiquement, neuf mois après l’explosion nucléaire, hors de la ville où tout s’était concentré jusque-là. On suit Eph qui erre à Philadelphie après l’implication de son fils dans l’accident nucléaire, Fet qui cherche une autre ogive nucléaire dans les terres glaciales au nord des États-Unis, et Setrakian qui essaie tant bien que mal de lutter. Le plus important dans cette saison, c’est sans doute la dystopie imaginée sur la base de l’invasion des créatures. Ce n’est pas foncièrement original, mais cet univers faussement enjolivé par les publicités diffusées en boucle résonne étonnamment bien avec notre actualité et il génère un malaise qui fait beaucoup dans le succès de la saison. Alors que la dernière lutte pour la survie de l’humanité commence, on apprécie ce nouvel angle et cette saison est à nouveau très bonne, même si elle met de côté la légèreté des débuts… peut-être parce qu’elle est parfois trop proche de l’actualité américaine ?

The Strain ne se débarrasse pas totalement de ses défauts, le camp des méchants est toujours un peu kitsch parfois, tandis que le personnage de Zack occupe une place sans doute inutilement importante dans cette ultime saison. Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir : Guillermo del Toro et Chuck Hogan offrent un final à la hauteur de leur série, c’est une conclusion logique et cohérente et on quitte la série sans aucun regret. The Strain reste ainsi un grand moment de délire à base de vampires et de zombies et même si elle est inégale, la série dans son ensemble mérite le détour.