Série mythique des années 1980, Miami Vice a fait son retour, mais cette fois sur le grand écran, au cœur des années 2000. Et c’est Michael Mann, producteur de la série télévisée, qui s’est lancé dans ce remake, ou plutôt cette relecture. Car si les personnages et le cadre général ont bien été préservés, Miami Vice : Deux flics à Miami1 n’a plus grand-chose à voir avec l’œuvre originale. Et pour cause, le cinéaste a imposé sa marque de fabrique, autant sur la forme que le fond. À l’arrivée, on a un long-métrage souvent magnifique, ample et long, qui prend son temps pour poser son récit et ses personnages. On peut difficilement l’apprécier si on s’attend à retrouver la série, mais pris pour lui-même, le long-métrage de Michael Mann est une réussite.
Miami Vice : Deux flics à Miami commence avec l’opération menée par Sonny et Ricardo, les deux policiers de Miami annoncés par son titre. On découvre les deux hommes sur leur terrain de prédilection, en mission secrète dans un bar de la ville pour piéger un malfrat local. La scène se déroule dans une boîte de nuit et cette séquence assez longue permet à Michael Mann de poser les personnages et de montrer leur professionnalisme. Ils sont très compétents, mais semblent en plus prendre du plaisir à ce qu’ils font… un thème récurrent dans ce film où les frontières entre police et malfrat est toujours assez floue. Très librement adaptée de l’un des épisodes de la première saison de Miami Vice, l’intrigue se met ensuite en place quand les deux flics reçoivent un appel d’un ancien indic. On apprend qu’il était infiltré au sein d’un trafic de drogue et que sa couverture a été grillée, puis que toute l’opération menée par le FBI est compromise. Il y a une taupe dans l’organisation et les deux policiers sont chargés de la retrouver. Ils partent donc à leur tour en infiltration dans l’organisation en question. Miami Vice : Deux flics à Miami est un film policier, centré tout entier autour de cette enquête, mais bizarrement, on ne s’en rend presque pas compte. Michael Mann filme son enquête presque de biais, préférant se concentrer sur ses personnages et le cinéaste accorde en particulier une grande place à une histoire d’amour entre Sonny et Isabela, qui travaille avec le chef de toute l’organisation. C’est une surprise, avec tout un segment au cœur du film qui est presque romantique : la série n’avait jamais été sur ce terrain-là, mais le réalisateur n’hésite pas une seconde et offre ainsi à son personnage une épaisseur psychologique supplémentaire. La conséquence, c’est aussi que l’on met de côté l’intrigue policière à proprement parler, alors même qu’on ne la quitte jamais. Elle est présente, mais ce n’est peut-être pas l’essentiel et c’est bien là, sans doute, la différence fondamentale avec un épisode de série.
Michael Mann n’hésite pas non plus à étendre la durée de son film : près de 2h30 au compteur. Et pourtant, ce n’est pas gratuit : on suit l’enquête policière de sa mise en place à sa résolution, mais comme on le disait précédemment, cette intrigue est presque secondaire. Ce qui compte ici, ce sont les personnages, et Miami Vice : Deux flics à Miami parvient très bien à dessiner un duo de flics. Comme souvent, on est ici dans la confrontation de deux personnages très différents, mais le policier blanc et le noir n’ont rien à voir avec les duos comiques, façon Bad Boys. La différence est surtout de caractère : là où Ricardo est un professionnel aguerri qui n’oublie jamais sa mission et qui reste impassible en toute circonstance, Sonny est un homme manifestement usé par son métier. L’infiltration requiert un travail de maîtrise constant et Sonny n’en veut manifestement plus, il ne veut plus mentir et c’est aussi sans doute pour cela qu’il se laisse aller à une histoire d’amour impossible. Ricardo est un personnage assez transparent, incarné par un Jamie Foxx imperturbable et du coup bien peu inspiré, tandis que Sonny a davantage d’épaisseur et il est beaucoup plus intéressant ; Colin Farrell est lui aussi plus convaincant dans son rôle, probablement en partie parce que le rôle était plus intéressant. C’est en tout cas un très beau duo de flics, bien plus riche et passionnant qu’on pouvait le penser au premier abord. Le personnage d’Isabela, incarnée par une Gong Li qui a malheureusement du mal avec l’anglais, est lui aussi du même acabit et on voit bien pourquoi l’enquête à proprement parler n’est pas aussi centrale, alors même qu’on ne la quitte pratiquement jamais des yeux.
Dès son générique d’ouverture, Miami Vice : Deux flics à Miami est placé sous le signe de la vitesse et tout le reste du film ne sera que mouvements incessants. En voiture sportive, en avion, en bateau… les personnages n’arrêtent pas de se déplacer, tout comme la drogue et l’argent. Michael Mann a parfaitement su capter ces mouvements et il faut bien reconnaître que le long-métrage a souvent le cadre juste et le résultat est parfois magnifique. En grand amateur de numérique, le réalisateur a opté à nouveau pour des caméras sans film et le grain est toujours présent, mais plus discret que sur ses projets antérieurs. Ce tournage sans pellicule génère une ambiance froide qui convient parfaitement au projet. À l’heure des bilans, Miami Vice : Deux flics à Miami est un film très séduisant et réussi, mais qui n’a plus rien à voir avec la série originale. Est-ce vraiment un défaut ? Chaque spectateur pourra en juger, mais la neuvième réalisation de Michael Mann mérite mieux que les critiques reçues à sa sortie. Que l’on adhère ou non au projet, difficile de contester que l’exercice est maîtrisé et passionnant.
Vous voulez m’aider ?
- Encore un titre en français qui n’a pas su choisir entre les deux langues… pour un résultat vraiment mauvais. ↩