The Big Lebowski, Joel et Ethan Coen

Voici encore un long-métrage qui est sorti dans une forme d’indifférence, malgré les bonnes critiques de l’époque, mais qui a acquis depuis un statut incontestable de film culte. Deux ans après le très réussi Fargo qui a donné aux deux réalisateurs une plus grande visibilité, les deux frères Coen proposent avec The Big Lebowski une comédie totalement délirante. Inspirée par le genre du film noir, cette histoire du « Dude »1 part dans tous les sens, entre bowling, rêves, guerre du Vietnam et cocktails ressuscités pour l’occasion. Un joyeux bordel réjouissant, pour un résultat toujours aussi amusant : un film à voir et à revoir avec autant de plaisir.

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« Ils l’ont pris pour un bon un rien… ils avaient raison ! » : l’esprit du septième long-métrage de Joel et Ethan Coen est bien résumé par son affiche. Le personnage principal, qui ne veut se faire appeler qu’avec le surnom « The Dude » est un chômeur ravi de passer ses journées à jouer au bowling avec ses amis et… c’est à peu près tout. Toute l’intrigue se construit autour d’un malentendu : des malfrats entrent chez lui pour lui soutirer de l’argent, mais ils l’ont pris pour un homme extrêmement riche, nommé Lebowski, comme lui. Une petite erreur qui entraîne un enchaînement totalement inattendu d’évènements : le Dude décide d’aller voir la vraie cible pour essayer de se faire rembourser son tapis souillé par les malfrats. À la place, on lui propose de délivrer le million de dollars réclamés par ces mêmes types en échange de la femme de Lebowski, kidnappée. The Big Lebowski s’inspire des films noirs classiques pour sa structure et quelques pistes de scénario. On a une sorte de course qui s’organise entre le Dude et ses amis de bowling, la femme de Lebowski qui, comme on finit vite par le comprendre, s’est auto-kidnappée, mais aussi la fille de Lebowski qui vient mettre son grain de sel. L’intrigue part un petit peu dans tous les sens, mais au fond, elle n’est pas vraiment importante. On comprend vite que les Coen sont dans le registre de l’absurde et on oublie l’histoire pour mieux se concentrer sur les personnages et il y a de quoi faire !

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Les deux frères Coen sont connus pour créer des personnages hauts en couleur et The Big Lebowski en est sans doute le plus bel exemple. La galerie de personnages imaginée pour les besoins de ce film est vraiment impressionnante et on comprend aisément comment il a pu devenir culte. Le personnage principal est évidemment une réussite : Jeff Bridges a trouvé le ton parfaitement juste pour incarner ce Dude toujours à l’ouest, et un grand incapable bon à rien, si ce n’est à enchaîner les strikes sur la piste de bowling toute la journée. Sa passion pour les White Russian est devenue célèbre au point de relancer l’intérêt pour ce cocktail largement oublié à la fin des années 1990. Ses accoutrements qui hésitent entre le pyjama et le jogging, son style inimitable, son attachement au tapis qui harmonise la pièce… The Big Lebowski impressionne par la multitude de détails réunis pour caractériser ses personnages. Et quel meilleur exemple que le rôle de John Turturo, très peu présent à l’écran, mais mémorable : il incarne Jesus Quintana, un compétiteur au bowling et son apparition brève est inoubliable. Son attitude quand il prend la boule et la lèche, sa manière de parler et de se déplacer : on pourrait presque voir le film uniquement pour lui. Joel et Ethan Coen ont d’autres arguments à faire valoir toutefois, avec un John Goodman en grande forme dans son rôle d’ami du Dude, joueur de bowling lui aussi et vétéran de la guerre du Vietnam qui ramène tout à cet épisode. Et puis il y a ces séquences de rêve qui dépassent tout en matière de n’importe quoi, et qui permettent à Julianne Moore de se distinguer, elle aussi…

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The Big Leboswki n’a pas volé sa réputation : la septième réalisation du duo est un délire permanent et extrêmement convaincant. Bien sûr, il faut adhérer à ce récit sans vraiment de but, ni d’objectif et à cet humour un petit peu particulier. Mais Joel et Ethan Coen ne sont pas si éloignés, au fond, de leurs productions habituelles, ne serait-ce que par la mise en avant de personnages perdus et souvent perdants. Bourré de scènes cultes, le film tient très bien face à l’épreuve des années et il se regarde, aujourd’hui encore, avec beaucoup de plaisir.


  1. Renommé « Duc » en français. Mais pourquoi voudriez-vous voir ce film, ou n’importe quel autre, en VF ?