À l’image de la victoire finale de son personnage principal, le succès de Rocky était une surprise et une suite était nécessairement attendue. Sylvester Stallone tenait un excellent sujet le long-métrage de John G. Avildsen lui offre un écrin sobre, mais qui marque, avec quelques séquences devenues cultes. On sent que l’acteur, qui était aussi scénariste sur le premier long-métrage, a voulu s’impliquer encore plus dans ce projet qui lui tenait à cœur et l’idée d’une suite étant acquise, il a aussi choisi de la réaliser. C’est donc avec la double casquette d’acteur principal et de réalisateur qu’il se lance sur ce nouveau projet. À l’arrivée, Rocky II : La Revanche maintient le niveau et constitue une suite très honnête, malgré un sentiment de redite.

Cette suite ne sort que trois ans après le premier volet, mais Sylvester Stallone a manifestement souhaité remettre la fameuse scène finale en mémoire pour tous les spectateurs. Et plutôt que de nous le résumer, le mythique match entre Rocky Balboa et Apollo Creed est présenté intégralement au début de Rocky II : La Revanche. Une bonne manière de rafraichir les mémoires, même si cette suite a, du coup, un petit peu de mal à s’installer. Il faut dire que le scénario commence de façon assez inattendue : on s’attendait à ce que le thème de la revanche prenne d’emblée le pas sur le reste, mais ce n’est pas le cas. Le film commence par une assez longue partie où Rocky a pris sa retraite et profite de l’argent gagné suite à son match pour fonder une vie de famille. Il épouse Adrian, achète une grande maison et une voiture de sport et commence même à faire de la publicité. Bref, il mène la belle vie, mais Sylvester Stallone ne permet pas à son personnage de rester sans ce bonheur trop longtemps. Très vite, la misère qui était la norme dans le premier Rocky reprend ses droits et on comprend rapidement que le boxeur n’a pas vraiment évolué. Il ne sait toujours rien faire, si ce n’est mal boxer, il est un piètre acteur, il ne peut rien faire dans un bureau et les seuls boulots qu’on lui propose sont des travailles manuels mal payés et pénibles. On peut reconnaître que le scénariste et le réalisateur n’ont pas soigné l’acteur et Rocky II : La Revanche commence sur une note amère. Certes, le boxeur a obtenu la reconnaissance à la fin du premier volet, mais c’est bien tout, et sa vie n’est pas meilleure pour autant.

Même si Rocky a beau s’en défendre aussi souvent qu’il le peut, on sait bien qu’il va à nouveau monter sur le ring. C’est le principe même de la saga, et le titre français trahit un petit peu toute l’intrigue, si tant est que l’on puisse parler d’intrigue. Oui, Rocky II : La Revanche évoque la revanche des deux boxeurs, le champion du monde qui a battu le boxeur amateur que personne ne connaissait par une victoire douteuse. Alors que l’on voit notre héros construire sa famille, le cinéaste présente aussi son opposant rongé par les lettres d’insulte qui l’accusent d’avoir triché et de ne pas avoir vraiment gagné. Pour obtenir sa revanche, Apollo provoque constamment Rocky jusqu’à obtenir la réaction attendue et il obtient son match. Sylvester Stallone emprunte alors beaucoup au premier film, avec un entraînement dans la salle de boxe un petit peu minable et surtout dans les rues de Philadelphie. Il faut bien le dire, on a parfois le sentiment de revoir l’épisode précédent, mais avec plus d’ampleur — et plus de monde derrière le champion —, tout comme le combat qui occupe toute la fin du long-métrage est un petit peu trop attendu. Néanmoins, on a beau se douter de son issue, il faut saluer l’intensité dramatique créée par ce combat. À bien des égards, le cinéaste a fait mieux que son prédécesseur sur ce point et Rocky II : La Revanche est vraiment plus impressionnant et prenant. La victoire n’est pas obtenue facilement et on souffre avec le boxeur, matraqué par son adversaire. C’est très bien rendu et ce combat de boxe est un grand moment de cinéma qui justifie à lui seul de voir le film.

Quand la star d’un film à succès se lance à l’écriture et la réalisation de sa suite, on peut raisonnablement craindre le pire. Mais on ne peut que reconnaître que Sylvester Stallone a fait un excellent travail et Rocky II : La Revanche est un deuxième volet très plaisant. Certes, il répète parfois un petit peu trop son prédécesseur, mais il trouve aussi sa voie, notamment en reposant sur une victoire beaucoup plus difficile qu’on aurait pu le penser. Toute la première partie, sur la vie de famille de Rocky, est aussi plus touchante qu’escompté et l’ensemble est convaincant.