Après une préquelle, les deux créateurs d’Infernal Affairs complètent leur trilogie avec un hybride ambitieux, mais qui n’est clairement pas à la hauteur de ses ambitions. Infernal Affairs III entremêle deux fils narratifs, avec d’une part, les évènements qui se déroulent juste après la mort du premier volet, quand la taupe de la police dans la mafia a été découverte et tuée par la taupe de la mafia hong-kongaise dans la police. En parallèle, on a aussi un bout de flashbacks avec les évènements qui précèdent la mort de Yan et des évènements du premier film. En théorie, Andrew Lau et Alan Mak expliquent ainsi tout ce qui s’est passé et dévoilent une information essentielle que l’on n’avait pas eu jusque-là. En pratique, ils produisent un long-métrage mal fichu et ennuyeux.
Infernal Affairs III se déroule en partie dix mois après la mort de Yan (la taupe de la police dans la mafia), alors que Ming (la taupe de la mafia dans la police) a été relégué à un petit boulot au sein de la police pendant que l’enquête interne se poursuit sur les évènements. Il s’occupe des places de parking et des costumes des autres policiers, un travail de placard en attendant d’être innocenté. Mais le dernier long-métrage dans la saga se penche aussi sur une autre époque, cette fois quelques mois avant la mort de Yan, alors que ce dernier a intégré l’organisation de Sam, le grand parrain de la mafia à Hong-Kong. Et le flic sous couverture semble perdre la confiance de Sam, tout en faisant face à de graves problèmes psychologiques qui le conduisent, comme on l’avait appris dans le premier Infernal Affairs, chez une psychologue avec qui il deviendra très proche. Dans les deux cas, Andrew Lau et Alan Mak introduisent le personnage un petit peu trouble de Leung, un policier qui semble un petit peu trop proche de la mafia et notamment de Sam, sans que l’on ne sache très bien de quel côté il est, au juste. L’objectif est clair : les deux branches vont se rapprocher jusqu’à l’explication finale, un coup d’éclat censé apporter un éclairage neuf sur toute la saga. C’est ambitieux, mais malheureusement, c’est aussi raté. La réalisation est toujours aussi ampoulée, avec des effets de style qui semblent, à nos yeux occidentaux, extrêmement grossiers et même parfois ridicules. C’est une constante dans la saga, mais auparavant, on passait outre, parce que l’intrigue et les personnages étaient passionnants. Cette fois, on s’ennuie ferme et on ne comprend pas très bien ce qui se passe. Infernal Affairs III s’embrouille à passer d’une époque à l’autre, voire à les mélanger à l’occasion d’une séance embrouillée chez la psychologue et à l’arrivée, on ne cherche même plus à comprendre. On suit l’histoire d’un œil distrait et on regarde activement sa montre quand la fin s’étire sans raison… c’était probablement l’épisode de trop.
Infernal Affairs renouvelait le genre du film de mafia et de police avec cette double taupe, une belle idée d’ailleurs reprise par Hollywood quelques années après. Fallait-il vraiment lui donner une suite ? Probablement pas, comme le prouve encore plus ce troisième volet, confus et sans grand intérêt, que l’on peut s’éviter sans problème. Il n’apporte rien de plus malgré un potentiel indéniable sur le plan psychologique — mais il n’est jamais exploité — et Infernal Affairs III est beaucoup trop long et mal ficelé pour passionner, dommage…