L’histoire du roi Arthur n’est pas avérée, on ne sait même pas s’il a existé et ce n’est pas pour rien que l’on parle de légendes. À partir de là, on ne peut pas reprocher à un récit de s’inspirer très librement de la légende, voire de s’en éloigner tout à fait, comme le propose Guy Ritchie avec son nouveau film. De fait, Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur ne repose sur rien de concret, mélange toutes les époques et triture le peu de réalité pour créer tout à fait autre chose, davantage dans l’esprit du Seigneur des Anneaux que des écrits arthuriens. Ce n’est pas un problème en soi, mais tout le reste pose problème. Le réalisateur britannique en fait des caisses comme d’habitude, sauf que cette fois ce n’est pas au service du fun, mais d’un premier degré lourdingue. Tout est raté dans ce long-métrage paresseux et ennuyeux qui se contente de recopier les succès du moment, Game of Thrones en tête. À fuir.
Faisons un jeu : regardez la première image en tête de cet article, et l’image ci-dessous. Puis essayez de deviner qui est le gentil et qui est le méchant. Non, il n’y a pas de piège : Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur appartient à cette catégorie de films où tout doit être explicite, pour ne rien laisser que le spectateur pourrait comprendre de travers. Donc le héros est toujours habillé en blanc ou en beige et le méchant est toujours en noir. Les lieux positifs sont en couleurs claires, les négatifs dans des tons foncés. Là où se trouve l’ennemi, il fait systématiquement moche, mais le beau temps peut se lever sur le héros… vous avez compris l’idée. Dire que tout est caricatural dans le long-métrage de Guy Ritchie est encore un doux euphémisme, mais c’est aussi le style du cinéaste et ses réalisations ont pu, par le passé, jouer le carte de la caricature au maximum, tout en restant très plaisantes — c’était le cas du précédent, le très amusant Agents très spéciaux : Code U.N.C.L.E., par exemple. Hélas, ce n’est pas le cas pour ce nouveau projet, pas du tout. Le problème, c’est qu’il n’y a aucune place laissée à un second degré, à une pointe de légèreté qui permettrait d’excuser les lourdeurs du style ou de la musique, pompière à souhait, omniprésente et qui vient, elle encore, expliciter grossièrement ce qui se passe à l’écran, dès que fois que la mise en scène outrancière ne suffise pas. Tout est uniformément grossier et idiot, on se désintéresse très vite de ce héros bodybuildé au dessein tout tracé et le méchant est moins passionnant que la fesse d’une huître, ce qui est, croyez-le ou non, le surnom de l’un des personnages secondaires. Ajoutons à cette histoire affligeante des effets spéciaux d’un autre temps, qui hésitent constamment entre le kitsch et l’affligeant et vous aurez un tableau bien noir de l’ensemble. Il n’y a rien à sauver dans Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur, si ce n’est peut-être une scène de combat ou deux, même si les effets de ralentis ont déjà été mis en œuvre par Guy Ritchie dans sa relecture des Sherlock Holmes et c’était alors plus original et intéressant qu’ici, ou cela ressemble davantage à un cache-misère.
Le pauvre roi Arthur ne méritait sans doute pas cela. Le spectacle dure plus de deux heures, on pourrait jurer que cela faisait le double et Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur n’est même pas divertissant, en tout cas pas dans un état de sobriété normale. On attendait une relecture fun à défaut d’être fine, on a bien eu de la lourdeur, mais jamais de plaisir, ce qui est gênant. Guy Ritchie a réalisé un blockbuster énorme et kitsch qui vaut nettement moins le détour que n’importe quel épisode de Kaamelott.