Nu, c’est avant tout un concept que le titre résume parfaitement. Dans un futur proche, le principe de transparence devient la clé de voute de la société et à ce titre, les vêtements sont bannis. Tout le monde doit rester nu dans l’espace public, même si chacun fait encore ce qu’il veut chez lui, et la devise française devient « Liberté, égalité, nudité ». Cette idée très originale est née dans l’esprit d’Olivier Fox après les attentats récents et les contrôles systématisés qui ont suivi et c’est un excellent point de départ pour une dystopie originale. Est-ce pour autant suffisant pour une série ? La première saison commandée par OCS est très courte, puisque Nu se contente de dix épisodes d’une vingtaine de minutes, mais il n’en fallait pas beaucoup plus. Très drôle au départ, la série patine vite et se termine assez mal. Les premiers épisodes méritent malgré tout le détour.
Référence assumée à The Walking Dead, le pilote place le personnage principal de Nu dans un hôpital, alors qu’il se réveille d’un coma de huit ans. C’est aussi un policier, et son coma est également lié à un accident professionnel, mais la comparaison entre les deux séries s’arrête vite. Il faut dire que Franck se réveille tout nu et sort pour découvrir que tous les autres patients de l’hôpital sont nus, ainsi que les personnels soignants. Son médecin essaie bien de lui faire croire qu’il s’agit d’une hallucination liée à sa situation, mais on comprend vite que ce n’est pas du tout le cas, et qu’en 2026, tout le monde est effet tout le temps nu. C’est même une obligation légale depuis le vote d’une loi en faveur de la transparence absolue. Personne ne porte de vêtement et la vie de tout le monde est connue par tout le monde, voilà en gros les deux principes qui régissent la France du futur, et on s’en doute bien, l’adaptation va être difficile pour Franck, qui n’a jamais connu cet ancien monde. Les premiers épisodes de Nu, les meilleurs, jouent ainsi sur la difficile adaptation du personnage à ce nouvel environnement. Il doit affronter ses parents nus, ses anciens collègues nus, son médecin nu qui vient lui parler très près, trop à son goût. Olivier Fox n’essaie pas de masquer la nudité avec des artifices de mise en scène, elle est souvent frontale, sans jamais tomber dans l’exhibitionnisme ou le sexuel. Il faut bien reconnaître que c’est très bien fait et que ce futur tient même très bien la route. Parmi les meilleures trouvailles de la série, faire du vêtement l’interdit immoral, comme l’était la nudité avant : dans une boîte de nuit chaude où tout est permis, on s’habille désormais. Se vêtir est ainsi une marque de résistance politique et on se fait arrêter par la police dans la rue si on sort habillé. C’est absurde et très drôle, Nu rappelle parfois l’univers d’un Quentin Dupieux et les amateurs du genre seront ravis. Malheureusement, la série pèche sur d’autres points. L’intrigue policière est sans grand intérêt, certains personnages tombent dans la caricature trop facile (d’autant que le jeu des acteurs n’est pas toujours au niveau) et pas très drôle et surtout, la fin est ratée. L’évolution de plusieurs personnages est trop rapide et pas crédible et les scénaristes donnent le sentiment de n’avoir pas su comment finir et d’avoir improvisé sur les deux derniers épisodes.
La série d’OCS se termine sur une note négative, mais cela n’enlève rien à la réussite initiale. Nu repose sur une idée originale et très bien trouvée, et les premiers épisodes sont vraiment plaisants, très absurdes et aussi très drôles. La série créée par Olivier Fox mérite ainsi d’être regardée pour tous ses épisodes excellents et cette idée brillante. C’est fun, mais c’est dommage que cette fin gâche un petit peu le plaisir.