Le sens de la fête se déroule presque comme un huis clos, le temps d’un mariage organisé par Max et tous ses employés. De la préparation dans l’après-midi jusqu’à la fin des rangements au petit matin, Éric Toledano et Olivier Nakache signent un film choral parfaitement orchestré. C’est une chorégraphie de dizaines d’acteurs, même si la star au centre de tout est bien Jean-Pierre Bacri dans le rôle de l’organisateur. Les deux réalisateurs ont pensé à cet acteur lors de l’écriture et cela se sent, il y est parfaitement à son rôle. Et à l’arrivée, c’est une nouvelle réussite dans le même esprit du très bon Intouchables : pas un chef-d’œuvre, mais une comédie très sympathique, drôle et tendre à la fois.
Avant de passer les portes du château où se déroule le mariage au cœur du film et le reste du projet, Le sens de la fête commence avec une petite scène qui permet déjà à Jean-Pierre Bacri de briller. Face à un couple qui essaie de réduire les prix de leur mariage par tous les moyens, y compris en supprimant les bandes blanches autour des photos pour payer le photographe moins cher, il finit par s’énerver et leur suggère de réduire les coûts en supprimant le repas et en demandant à chaque invité d’apporter un Tupperware. On reconnaît bien là le ton sarcastique qui a fait le succès de l’acteur, mais c’est aussi une bonne introduction à l’esprit du sixième long-métrage réalisé par Éric Toledano et Olivier Nakache. De l’humour, souvent beaucoup de sarcasmes et d’ironie, mais toujours aussi avec bienveillance et une pointe de sérieux par endroit. Pour que la comédie fonctionne, le scénario imagine que tout se passe mal dans ce mariage. Les employés se disputent, il manque du personnel, les remplaçants sont des pistonnés qui n’ont rien à faire ici, et puis bientôt, c’est la catastrophe, le plat principal du repas doit être jeté et il faut improviser. Tout cela est déployé avec beaucoup de fluidité et on peut saluer le travail impressionnant des deux réalisateurs, qui parviennent à coordonner tous leurs acteurs en un impeccable ballet.
L’intégralité du film, nonobstant la scène d’introduction, se déroule en un seul lieu, mais on n’arrête pas de passer d’une pièce à l’autre, d’un sujet à l’autre sans jamais s’y perdre. Il a certainement fallu un gros travail en amont pour préparer cette chorégraphie, mais le résultat est là, c’est parfaitement mené d’un bout à l’autre et on ne s’ennuie jamais pendant près de deux heures. Surtout, Le sens de la fête parvient très bien à jouer sur plusieurs tableaux à la fois. D’un côté, il y a les problèmes du mariage, l’organisation qui foire complètement et les solutions trouvées pour chaque problème. De l’autre, il y a l’humour qui prend parfois quasiment la forme d’un sketch lorsque Sammy arrive et qu’il ne comprend rien à rien. Ce n’est pas toujours très subtil, ni original, mais cela fonctionne assez bien, surtout si vous avez eu la chance d’échapper à la bande-annonce qui rassemblait toutes les meilleures vannes. Enfin, Éric Toledano et Olivier Nakache ménagent une place importante aux histoires personnelles, en particulier celle de Max qui a du mal à gérer ses problèmes amoureux, mais aussi celles de plusieurs autres personnages. On ne s’attendait pas à un tel développement et c’est peut-être le plus intéressant, même si certaines évolutions sont un peu forcées. Entre le personnage de Gilles Lellouche et celui d’Eye Haïdara, le changement est un petit peu brutal et aurait peut-être mérité davantage de temps et d’espace.
Éric Toledano et Olivier Nakache ont signé encore une fois un film très sympathique, qui n’est pas inoubliable non plus, mais qui permet de passer un très bon moment. Jean-Pierre Bacri est excellent dans ce rôle taillé sur mesure, les autres acteurs autour de lui sont tous très bien, c’est surtout drôle, touchant aussi par moment, bref, Le sens de la fête mérite d’être vu. Et entendu, la musique originale de jazz composée par Avishai Cohen étant très plaisante.