Max et les Maximonstres, Spike Jonze

Spike Jonze a déclaré à propos de Max et les Maximonstres, son dernier film : « Je n’ai pas cherché à faire un film pour les enfants ; j’ai voulu faire un film sur l’enfance » . Cette distinction est pour le moins essentielle. Ce qui n’est sur le papier que l’adaptation d’un conte pour enfants est en fait un film totalement dérangé et un film à réserver aux grands enfants. Une expérience visuelle et cinématographique fascinante.

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Max est un petit garçon énervé, qui peine à s’intégrer dans une famille marquée par un père absent, une mère très occupée et une sœur qui ne le défend même pas. Il essaie bien de montrer sa frustration en tapant des crises de colère, mais il n’est même pas puni et finalement, le monde semble se désintéresser de son cas. C’est pourquoi il décide un jour de partir sur une frêle embarcation qui le mène sur une île mystérieuse. Cette île est peuplée des « Maximonstres », sortes de peluches géantes en forme de chats, d’oiseaux, ou de créatures extraordinaires. Alors que ces monstres s’apprêtaient à manger Max, ce dernier se dit doté de pouvoirs très puissants, et les créatures en font leur roi. Commence alors un séjour onirique au milieu de ces monstres colériques, mais pas méchants.

Le livre qui a inspiré ce film est très court : une vingtaine de dessins et 338 mots très précisément (d’après Cinemateaser, je leur fais confiance là-dessus…). Voilà qui, à tout le moins, a laissé au réalisateur et scénariste toute latitude pour adapter l’histoire comme il l’entendait. Néanmoins, le film est assez contemplatif : il se passe des choses, plein de choses mêmes, mais le film est marqué par la circularité et le rêve et les actions sont réduites. Il n’y a pas à proprement parler d’intrigue et de suspense, on suit plutôt le quotidien d’êtres extraordinaires et désespérés.

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Ce qui frappe en effet avec Max et les Maximonstres, c’est la noirceur du film. Noirceur qui se traduit métaphoriquement par une des premières images du film (je me demande même si ça n’est pas le plan d’ouverture) : dans un cours, l’enseignant explique que le soleil n’est pas éternel, qu’un jour il mourra entraînant au passage la destruction de la Terre. Ce fait scientifique travaille notre jeune Max et devient une sorte d’épée de Damocles suspendue en permanence au-dessus du monde. La certitude que la nuit sera suivie d’un lever du soleil disparaît alors brutalement et on s’inquiète de ne pas voir le retour de l’étoile.

Cette noirceur ambiante est autant celle de Max qui aimerait bien qu’on s’occupe un peu de lui, que celle des Maximonstres, êtres désespérés finalement par l’absence de but dans la vie. Ils sont là, sur leur île, ils n’ont l’air de manquer de rien, mais ils ne servent aussi à rien. Il leur manque un leader, rôle qu’occupe un temps Max, et des objectifs. La construction en commun d’un fort leur donne brusquement un objectif, et le film se fait plus joyeux. Mais la noirceur reprend vite le dessus et ne quittera jamais vraiment Max et les Maximonstres. C’est d’ailleurs sans doute pour cette mélancolie permanente et prenante que ce film n’est pas pour les enfants, plus que l’image parfois très sombre (et puis ces Maximonstres sont assez impressionnants).

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Sur le plan technique, Max et les Maximonstres est un peu l’exact opposé d’Avatar et à cet égard, c’est amusant que les deux films soient sortis le même jour. Quand le premier fait le choix d’une technologie de pointe et même d’une technologie jamais utilisée avant ce film, le film de Spike Jonze opte pour des choix beaucoup plus rétrogrades pour une production à l’ancienne, rehaussée quand même d’effets numériques. À la base, les monstres sont des acteurs en costumes avec simplement une post-production numérique pour améliorer apparemment le rendu. Globalement néanmoins, ce que l’on voit à l’écran est un film presque artisanal.

Le plus surprenant peut-être est que ce travail à l’ancienne fonctionne totalement. Si Avatar a convaincu par la surenchère d’effets spéciaux, Max et les Maximonstres convainc au contraire avec très peu d’effets, mais un naturel étonnant. Rarement des monstres ont semblé aussi réalistes au cinéma, tout en conservant leur bizarrerie liée à leur aspect de peluche. Le film vaut la peine d’être vu rien que pour ces monstres…

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Mieux vaut que je m’arrête ici en vous recommandant une nouvelle fois Max et les Maximonstres. N’allez pas le voir avec des enfants en bas âge (par contre, le livre de Maurice Sendak devrait leur plaire), mais allez-y pour voir un film vraiment original, poétique et terrible en même temps sur l’enfance.

Le film a particulièrement plu sur Internet, que ce soit Rob Gordon, chez MyScreens, Plan C (avec quelques nuances néanmoins), les avis sont assez unanimes et positifs. Même son de cloche chez Critikat.

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