Unbelievable porte très bien son titre. Cette mini-série portée par Netflix raconte une histoire vraie tellement dingue qu’elle pourrait sembler incroyable, littéralement impossible à croire. Et puis c’est l’histoire d’une jeune femme que l’on n’a pas cru et dont la vie a été brisée à cause de ce scepticisme. En huit épisodes seulement, Susannah Grant, Ayelet Waldman et Michael Chabon ont créé une série puissante qui évoque fréquemment le meilleur de True Detective. Portée par un trio d’actrices toutes excellentes, Unbelievable est une excellente surprise que vous auriez bien tort de rater.
Août 2008, Marie Adler se fait violer dans son appartement de Lynnwood, dans l’État de Washington. Cette adolescente de 16 ans est dans une résidence pour jeunes en difficulté après avoir passé son enfance de famille d’accueil en famille d’accueil. Au départ, tout le monde prend les choses sérieusement, la police est méthodique, la jeune femme passe à l’hôpital pour les prélèvements nécessaires à l’enquête et tout semble se passer très bien. Mais il n’y a absolument aucune preuve dans le logement et la police n’a aucune idée pour mener l’enquête. C’est quand l’une des anciennes mères de foyer d’accueil vient indiquer à la police que Marie est troublée et qu’elle a peut-être tout imaginé que tout déraille. Les deux enquêteurs en charge du dossier se disent eux aussi que l’histoire ne tient pas debout et ils multiplient les interrogatoires, jusqu’à pousser la victime à reconnaître qu’elle avait menti. L’enquête est abandonnée et la police attaque même la jeune femme pour fausse déclaration. L’histoire pourrait s’arrêter là, mais trois ans plus tard et à l’autre bout des États-Unis, dans le Colorado cette fois, deux policières enquêtent sur deux viols séparés. Elles réalisent que le même homme pourrait être derrière les deux et elles commencent une enquête en commun, aidées bien vite par le FBI. Unbelievable suit ces deux trames narratives et ces deux époques en parallèle, mais on sent très vite qu’elles vont se rejoindre. Le scénario est très bien mené, l’intrigue ne se dévoile pas dans sa totalité et il y a une bonne dose de séquences intensives et même un soupçon de suspense ici ou là. L’ambiance est un point fort de cette série d’ailleurs, la photographie est soignée et le jeu d’acteurs impeccable. À cet égard, il faut surtout saluer le travail des trois actrices principales : Kaitlyn Dever est parfaite dans le rôle de Marie, tout en timidité apparente et en même temps avec une force intérieure redoutable. Merritt Wever est impeccable dans celui de Karen Duvall et Toni Collette fait fort impression en incarnant Grace Rasmussen. Le duo de flics ainsi revisité fonctionne très bien, ce sont deux femmes que tout oppose sur certains aspects — religion, âge, méthode de travail… —, mais qui se retrouvent dans leur volonté de coincer le violeur en série et dans leur dégoût de cette société si tournée vers le masculin. C’est bien ce qui ressort de la série de Netflix, au-delà de l’intérêt porté à un fait divers, c’est de décrire une société par les hommes, pour les hommes, où les femmes sont toujours moins considérées. Autant les meurtres sont considérés avec beaucoup d’attention, autant les viols sont souvent laissés sans suite et le violeur peut s’en tirer tranquillement tant qu’il change à chaque fois de ville. Cela fait froid dans le dos et la série ne choisit pas la voie de facilité en mettant ce sujet de côté, elle le traite avec détermination et de manière frontale.
Réussite totale pour Unbelievable, série aussi divertissante à suivre qu’elle peut être passionnante et effrayante à la fois. Elle doit beaucoup au talent de ses actrices et on aimerait presque en voir davantage du duo de flics formé pour résoudre cette affaire. Son sujet est évidemment essentiel dans sa réussite et il est extrêmement bien traité, avec un point de vue constamment ramené aux femmes concernées plutôt qu’aux hommes qui gravitent autour et qui causent bien souvent plus de mal que de bien. Ne passez pas à côté d’Unbelievable, vous le regretteriez.