Après les vampires dans Only Lovers Left Alive, Jim Jarmush s’attaque à une autre créature mythique dans son dernier film. The Dead Don’t Die porte un titre assez explicite : oui, il est question de zombies, de morts-vivants amateurs de chair fraîche dans son dernier film. Comme on pouvait s’y attendre, les zombies de Jim Jarmush ne sont pas très sérieux. Dès le départ, le réalisateur impose une certaine ambiance, avec un duo de flics que tout oppose dans une petite bourgade paumée du fin fond des États-Unis et la menace sourde qui gronde. La promesse d’un film de zombies décalé est bien là, mais The Dead Don’t Die ne se contente pas de cette ambiance bizarre et le long-métrage va loin, très loin dans le délire. Trop loin peut-être pour son propre bien…
Comme beaucoup de films du genre, The Dead Don’t Die ne dévoile pas tout de suite toutes ses cartes. La dernière réalisation de Jim Jarmush commence ainsi tranquillement, avec le shérif de Centerville, petite ville perdue aux États-Unis où il ne se passe jamais rien. Avec son adjoint, ils vont voir un ermite suspecté par l’un des habitants d’avoir volé et tué une poule et l’échange se termine sur des réprimandes enfantines et un coup tiré en l’air. Bill Murray imprime sa nonchalance naturelle sur tout le film, qui avance doucement, dans une ambiance déjà assez singulière, comme si tout cela n’était pas très sérieux. On découvre ensuite quelques personnages importants de la ville, le fameux fermier qui ne cache pas son racisme ni ses préjugés, les deux autres policiers de la ville, la mystérieuse propriétaire de la maison funéraire du coin, le patron de la quincaillerie du coin, et puis une bande de trois jeunes qui arrivent dans le bled. Tout ce petit monde se met en place et le scénario glisse des allusions à une catastrophe écologique majeure, alors que la planète sort de son axe suite aux manipulations humaines. The Dead Don’t Die glisse ainsi tranquillement vers l’attaque zombie, qui commence une nuit avec deux cadavres qui sortent de leurs tombes et vont attaquer deux personnes dans le dinner du coin, puis qui s’amplifie la nuit suivante avec une attaque en règle. Face à cette fin du monde, les policiers ne paniquent pas, ils assistant à la scène avec un petit peu de dégoût et sans vraiment agir. C’est à ce moment là que Jim Jarmush a décidé de faire dérailler pour de bon son film, en introduisant un grosse dose de méta. Les personnages commencent à évoquer la musique du film, « The Dead Don’t Die » étant un titre de Sturgill Simpson écrit spécialement pour l’occasion, puis le scénario. Et comme si cela ne suffisait pas, Tilda Swinton incarne ici une Écossaise samouraï et extra-terrestre, dans un final qui n’a absolument plus rien à faire de quoi que ce soit.
On pourrait argumenter que c’est une critique de la bêtise générale du cinéma hollywoodien, ou encore que c’est une satire efficace de notre société qui ne s’intéresse pas aux vrais problèmes en particulier environnementaux. On pourrait essayer de sauver le film, mais le fait est que The Dead Don’t Die va trop loin et finit par lasser. Le début est très bien, Jim Jarmush maîtrise bien son univers décalé et la présence d’Adam Driver contribue à contribuer à ce décalage. Les références et clins d’œil qui émaillent le film sont aussi assez plaisants, mais le scénario tombe vite dans une quête de l’absurde qui tourne assez vite en rond. Les stars rassemblées par le réalisateur se sont peut-être amusées pendant le tournage, mais les spectateurs sont un petit peu laissés sur le bas côté et on s’ennuie poliment. Dommage…