London Spy commence comme une comédie romantique, avant de basculer brutalement à la fin du premier épisode dans le thriller d’espionnage. Cette série créée par le romancier Tom Rob Smith est pleine de promesses et les premiers épisodes sont vraiment passionnants, avec une bonne dose de mystère et une ambiance très plaisante. Malheureusement, la création de la BBC ne tient pas toutes ses promesses et les deux derniers épisodes de révélation sont assez décevants. Cela étant, London Spy ne dure que cinq épisodes en tout et les trois premiers valent le détour. Une bonne mini-série dans l’ensemble.
La bonne idée de Tom Rob Smith est de commencer sur une histoire d’amour apparemment très banale. Danny rencontre Alex par hasard dans les rues de Londres, alors que le premier sort de soirée et qu’il a toujours l’esprit embrumé par la drogue, et alors que le second est en train de faire son jogging matinal. Alex voit Danny à terre, il s’approche pour lui demander si tout va bien et c’est instantanément le coup de foudre. Pour parfaire cette belle histoire d’amour, London Spy imagine deux hommes complètement opposés. L’un est fêtard, bordélique et insouciant, quand l’autre est extrêmement sérieux et organisé. L’un travaille dans un entrepôt comme manutentionnaire, l’autre dans une grande banque. Bref, ils n’ont rien en commun, mais se complètement parfaitement et c’est le grand amour… interrompu par une tragédie au bout de huit mois. Danny découvre alors qu’il ignorait tout de l’homme de sa vie, qu’il était en fait espion pour le MI6 et qu’il a sans doute été tué suite à l’une de ses découvertes. Le scénario se construit à partir de ce point de départ détaillé dans le pilote, et les deux épisodes qui suivent sont prenants et très bien menés. On découvre petit à petit une conspiration invraisemblable et pourtant bien réelle. On comprend qu’Alex était un homme qui menait au moins une double vie, mais aussi que tout le monde autour de Danny lui ment constamment. La réalisation signée Jakob Verbruggen est très soignée et l’ambiance british parfaitement rendue. Et puis on profite du talent de Ben Whishaw et de Jim Broadbent : les deux acteurs sont parfaitement à leur place, dans ces rôles qui ont probablement été écrits en pensant à eux. Hélas, quand l’heure des explications arrive, la mini-série de Tom Rob Smith se casse un petit peu la figure. La révélation de la découverte d’Alex est assez ridicule, surtout à notre époque où elle n’aurait de toute manière absolument aucune importance1, et le dernier épisode se perd dans des explications longues et sans intérêt. Le créateur de London Spy donne vraiment le sentiment d’avoir eu un bon point de départ, mais pas de bonne idée et c’est assez dommage.
Bilan en demi-teinte donc, et en même temps, la fin n’enlève rien aux débuts réussis. Tom Rob Smith est parvenu à créer une belle histoire d’amour et surtout un thriller plein de mystères passionnant. London Spy est une série très courte qui ne restera peut-être pas comme une grande réussite éclatante, mais qui se regarde malgré tout avec plaisir.
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- Spoiler alert ! L’idée qu’un algorithme quantique puisse analyser n’importe quel discours et déterminer s’il est vrai ou faux ressemble à une bonne idée d’il y a dix ou vingt ans. Aujourd’hui, ça n’impressionne plus personne et dire la vérité ne sert plus à grand-chose, comme en témoignent les nombreux succès de menteurs éhontés à travers le monde. Bref, c’est une fausse bonne idée… ↩