Official Secrets raconte l’histoire de Katharine Gun, lanceuse d’alerte qui travaillait pour les services secrets britanniques et qui a voulu alerter l’opinion publique sur la réalité de la guerre en Irak qui se préparait. C’est une historie vraie et Gavin Hood en propose une reconstitution si fidèle que l’on est quasiment dans le docufiction. On ne regardera pas ce long-métrage pour ses qualités techniques, c’est sûr, mais c’est un film divertissant et surtout un rappel nécessaire de la supercherie de cette guerre voulue par une poignée d’Américains et imposée au monde. Official Secrets mérite bien d’être vu, au moins pour cette bonne raison.
Katharine Gun est une jeune traductrice pour le compte du GCHQ, pendant britannique de la NSA américaine, quand elle tombe sur un mémo envoyé par les États-Unis. On est début 2003 et l’administration Bush n’arrive pas à obtenir un vote de l’ONU en faveur de la guerre en Irak. L’allié britannique est incité à aider en espionnant le délégués des pays indécis pour orienter le vote en sa faveur. Il s’agit de trouver de quoi faire pression, du chantage en somme, ce qui révolte Katharine Gun. Official Secrets replace bien le contexte de l’époque, avec le gouvernement de Tony Blair qui soutient celui de Bush contre l’avis de sa population. L’argument des armes de destruction massive n’est pas convaincant et tout le monde semble voir clair dans le jeu des Américains. Cette demande de la NSA est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour la jeune femme, qui imprime le document et le transmet à une amie. Quelques semaines plus tard, le memo est imprimé texto dans The Observer, un journal pourtant engagé en faveur de la guerre jusque-là. Malheureusement, cela ne change rien sur l’issue et le Royaume-Uni entre en guerre avec les États-Unis, mais le film de Gavin Hood s’intéresse surtout à l’histoire personnelle de la lanceuse d’alerte et son parcours par la suite. Alors que les services britanniques mènent une enquête minutieuse, elle préfère se dénoncer plutôt que de laisser ses collègues en danger. Elle est alors arrêtée, interrogée et subit des pressions folles, qui culminent avec la quasi déportation de son mari d’origine kurde et en attente d’asile politique. Cela dure un an, jusqu’à un procès annulé à la dernière minute par le gouvernement britannique. Entre temps, la guerre en Irak s’est révélé être le fiasco que l’on sait et surtout, absolument aucune arme de destruction massive n’a été trouvée sur place. La guerre ayant été lancée sur cette promesse, elle était donc illégale et l’avocat de Katharine Gun a astucieusement joué cette carte. Official Secrets montre toute cette histoire avec une mise en scène très efficace, à défaut d’être novatrice. Le long-métrage doit beaucoup à l’intensité du jeu de Keira Knightley, impeccable dans le rôle principal, mais il n’y a aucune fausse note dans le casting.
Gavin Hood signe une reconstitution soignée et son film doit beaucoup à son sujet. La guerre en Irak est toujours d’actualité aujourd’hui, on en paie encore les conséquences près de dix-huit ans après les faits, et il est important de rappeler comment elle est née. Official Secrets ne raconte pas toute l’histoire comme Vice pouvait davantage le faire avec le point de vue de Dick Cheney qui était l’un de ses principaux promoteurs. Ce film s’attache à un plus petit point dans l’ensemble, mais cela n’enlève rien à ses mérites, d’autant que ce n’est pas le fait le plus connu. Plaisant et utile.