Christophe Honoré, les corps libérés se lance un défi compliqué : rassembler et résumer la carrière d’un homme qui évolue sans peine du cinéma au théâtre et du roman à l’opéra. Comment évoquer et surtout synthétiser une carrière aussi foisonnante ? Mathieu Champalaune ne se laisse pas démonter et s’attaque à l’artiste avec une analyse transversale, comme les éditions Playlist Society savent si bien les faire. Que vous connaissiez par cœur toutes les créations de Christophe Honoré ou que vous ignoriez presque entièrement sa carrière, cet essai assez bref se lit très facilement et il éclaire parfaitement son parcours.
N’étant pas un grand connaisseur de l’œuvre de Christophe Honoré — je n’ai même pas vu tous ses films, rien lu, ni vu sur scène ce qu’il a pu faire —, j’avais peur en commençant ma lecture de me sentir vite perdu. Fort heureusement, l’auteur avait sans doute conscience que ses lecteurs allaient souvent en connaître bien moins que lui et il prend systématiquement la peine de tout expliquer et remettre dans son contexte. Même si vous n’aviez jamais rien lu ou vu de l’artiste, vous pourriez lire Christophe Honoré, les corps libérés sans jamais avoir le sentiment d’être perdu. Et vous le feriez avec plaisir, car Mathieu Champalaune est très pédagogue et il avance ses arguments avec beaucoup de clarté. Son analyse est thématique, il travaille sur tout le corpus pour décortiquer les principaux thèmes qui traversent tous les films, toutes les pièces, les romans et autres créations de son sujet d’étude. De la place de la musique dans les films à la représentation de la ville, de la place des parents au traitement de la maladie et de la mort, tous les grands thèmes qui intéressent Christophe Honoré sont listés et détaillés, tout en tissant des liens avec son parcours personnel et sa vie, de sa Bretagne natale à sa vie parisienne. Et s’il y a des choses assez évidentes, comme l’utilisation centrale de la pop et le travail réalisé avec Alex Beaupain, notamment sur Les Chansons d’amour, d’autres remarques ne sont pas aussi évidentes au premier abord. Le titre de l’essai évoque cette étonnante idée des corps libérés et elle est développée à la toute fin, dans toute une section dédiée aux traitements des corps, de la maladie à la mort. C’est la partie la plus courte, mais aussi la plus riche de Christophe Honoré, les corps libérés et vous (re)découvrirez sans doute le travail de l’artiste sous un autre angle en la lisant.
Mathieu Champalaune prouve toute sa connaissance de l’œuvre de Christophe Honoré en listant tout ce qui en ressort avec une facilité déconcertante. Mais surtout, il le fait sans jamais perdre ses lecteurs, même ceux qui n’auraient qu’une connaissance très théorique de l’artiste. Christophe Honoré, les corps libérés s’adresse évidemment aux fans qui veulent creuser leurs connaissances, mais aussi aux néophytes qui souhaiteraient découvrir le cinéaste, romancier et dramaturge.