Dans le monde du cinéma, le making-of est un exercice courant pour en découvrir plus sur les coulisses du septième art. Il permet en général de comprendre comment un film est réalisé, mais plus rarement pourquoi. La mécanique Lucas Belvaux ne s’intéresse pas tellement au comment et bien plus au pourquoi, ce qui rend cet ouvrage si intéressant pour tout cinéphile. Composé d’une introduction à l’œuvre de Lucas Belvaux, puis d’un entretien avec le cinéaste, cet essai de Quentin Mével et Louis Séguin mérite le détour, même si vous ne connaissez pas son sujet d’étude. C’est mon cas, n’ayant vu qu’un seul film de Lucas Belvaux. Et même si son cinéma n’est pas ma tasse de thé, La mécanique Lucas Belvaux a été une lecture passionnante et enrichissante.
Onze films à son actif, aucun gros succès populaire, mais un réalisateur reconnu et apprécié dans l’univers du cinéma français. La mécanique Lucas Belvaux attirera inévitablement en priorité les fans ou tout du moins ceux qui connaissent le travail de ce réalisateur belge né dans les années 1960. S’il a commencé comme acteur dans les années 1980, c’est vers la réalisation qu’il se tourne rapidement et se fait connaître à partir de la décennie suivante. En une vingtaine de pages, Louis Séguin présente le cinéaste et offre quelques points de repère importants si vous n’avez jamais vu un seul des onze long-métrages signés Lucas Belvaux. Ce condensé d’une carrière est utile en ce sens, même si l’entretien qui suit est lui aussi très pédagogique, avec un découpage par œuvre. Les questions posées par Quentin Mével permettent toujours de s’y retrouver, et surtout l’interviewé est parfaitement à l’aise pour parler de son travail et surtout de ses motivations. Film après film, c’est toujours ce qui est le plus intéressant dans ses réponses : il détaille pourquoi il a choisi telle ou telle histoire, pourquoi tel personnage a tel métier plutôt qu’un autre, pourquoi la trajectoire du récit est ainsi ou encore comment lui est venue une idée de mise en scène ou de scénario. Réalisateur autant que scénariste, Lucas Belvaux a une position privilégiée pour parler de ses films, d’autant qu’il ne laisse rien au hasard. Il explique comment il pense ses longs-métrages dès le départ en termes de montage, avec des acteurs en tête dès l’écriture et l’envie de tout préparer en amont. Cette façon très réfléchie de travailler lui permet de répondre aux questions avec beaucoup de précisions et des informations que l’on a rarement de la part des réalisateurs.
Au-delà du cinéaste qu’il analyse, La mécanique Lucas Belvaux est un essai d’une richesse rare sur le cinéma en général. C’est ce qui le rend si captivant, même si les films de Lucas Belvaux ne sont pas votre tasse de thé. Je n’apprécie pas nécessairement sa façon de raconter une histoire, trop froide et théâtrale à mon goût, mais j’ai beaucoup apprécié ses justifications et explications sur tous ses choix de mise en scène. On a rarement la chance d’avoir un tel regard derrière la caméra et l’ouvrage de Quentin Mével et Louis Séguin est précieux pour cette raison.