Suite à l’immense succès de Your Name, Makoto Shinkai propose un nouveau long-métrage au synopsis assez proche. Il est à nouveau question d’amours adolescentes à Tokyo, avec une histoire teintée d’une touche de fantastique. Les Enfants du Temps a indéniablement un air de famille avec son prédécesseur, ce qui pourrait le desservir, mais il se distingue par le choix d’une thématique centrale : le climat. Imaginant un univers où il pleut constamment et une jeune fille capable de créer une éclaircie, le réalisateur tente de concilier romance et écologie, une alliance assez maladroite au bout du compte. Malgré des moments toujours aussi sublimes, on peine à retrouver la magie et ce film d’animation n’est pas aussi convaincant, hélas.
Makoto Shinkai se démarque du studio Ghibli par un style résolument réaliste. Le Tokyo que l’on découvre dans son dernier long-métrage est animé, certes, mais il est similaire à celui que des caméras pourraient capter et son style est volontiers documentaire. Son personnage principal, un lycéen qui fugue de son île isolée natale pour se rentre à la capitale, affronte vite la rude vie urbaine et termine dans un MacDonald’s à manger des soupes, sans doute l’élément le moins cher sur le menu japonais de l’enseigne. Le dessin fouillé représente cette réalité avec le plus de précision possible, mais cela n’empêche pas l’inclusion du fantastique. Comme dans ses œuvres précédentes, Les Enfants du Temps ajoute une dose de surnaturel avec cette autre adolescente rencontrée par le héros, qui est capable de percer n’importe quel ciel pluvieux pour apporter une éclaircie de soleil pendant quelques minutes. Autour de cette idée se construit autant une romance entre les deux jeunes qu’une histoire fantastique, dans un univers proche du nôtre, mais où la météo a perdu la tête. Il pleut constamment dans ce Tokyo de fiction et alors que l’on est au cœur du mois d’août, il fait un temps de novembre ou décembre, avec des inondations et même de la neige à un moment. Une bonne idée, que l’on lierait volontiers au réchauffement climatique, mais qui est très maladroitement gérée par le scénario. Makoto Shinkai donne le sentiment de vouloir dire l’inverse, l’un de ses personnages exprime d’ailleurs l’idée que la météo a toujours été bizarre, sous-entendu qu’il n’y a pas de changement récent. C’est peut-être pour se moquer d’une génération qui a laissé le monde en sale état et qui en plus ne s’en soucie pas, mais cela pollue le message du film, à tel point que l’on ne sait plus bien si l’on est face à une œuvre climatosceptique. Le réalisateur a beau s’en défendre, on est loin sur ce point de l’amour d’un Hayao Miyazaki pour la nature et même si les parties plus fantastiques sont fort belles, avec de bonnes idées visuelles, la magie est quelque peu cassée. Les Enfants du Temps souffre peut-être en partie de la comparaison avec Your Name, qui approchait une forme de perfection dans son équilibre entre ses différentes forces. Ce film n’est pas raté, mais il n’est pas aussi réussi ou original que son prédécesseur et on aurait préféré un traitement plus franc de la question climatique.
À l’heure des bilans, Les Enfants du Temps se regarde sans déplaisir et vous auriez tort de passer à côté si vous aimez l’animation japonaise. Le mélange de réalisme et fantastique est particulièrement bien amené et le long-métrage est techniquement irréprochable. C’est plus sur le fond que l’on aurait à redire, à la fois par le manque d’originalité par rapport au précédent travail de Makoto Shinkai et à la fois par sa gestion trop ambiguë de la question climatique.