The Mosquito Coast ouvre avec une bonne dose de mystère. Pourquoi est-ce que la famille Fox n’a aucun téléphone portable, aucun téléviseur, encore moins un ordinateur ? Que fait le père de famille exactement, si ce n’est inventer des machines qui n’intéressent personne ? Cette adaptation du roman du même nom écrit par Paul Theroux ne reste pas longtemps dans cette phase, puisque l’on découvre vite que la NSA est aux trousses des parents, qui décident brutalement de tout plaquer pour fuir au Mexique. Commence alors une sorte de road-trip, une aventure comme aime à le répéter le père, entre le sud de la Californie et le Mexique, entre gouvernement américain et cartel. L’idée est intéressante et la série commence bien, mais Neil Cross et Tom Bissell peinent à trouver le ton juste. À force de multiplier les événements invraisemblables, on finit par ne plus y croire. Dommage, The Mosquito Coast était pourtant prometteuse…
La narration adopte le point de vue des enfants, qui ne savent pas ce que leurs deux parents ont fait pour mériter d’avoir deux agents de la NSA à leur trousse. On se doute vite que l’information ne sera pas donnée rapidement et de fait, les épisodes passent sans que l’on sache au juste ce qui s’est passé. Cette manière d’entretenir le doute est une bonne idée sur le papier, mais dans le cas présent, c’est un piège. En effet, The Mosquito Coast se construit sur une fuite en avant toujours plus intense, un effet de crescendo dans la violence qui nécessite une base solide. Sans cela, on a la famille américaine typique, un papa, une maman, une fille et un fils, qui préfèrent traverser la frontière mexicaine au péril de leur vie, sans que ce soit justifié. Pourquoi se lancer dans une telle aventure ? Pourquoi tout risquer et surtout, pourquoi continue alors que les problèmes s’accumulent ? À défaut d’explorer le passé des personnages, la création de Neil Cross et Tom Bissell multiplie les péripéties en ajoutant embûches après embûches. Que cette famille présentée comme ordinaire malgré tout puisse s’en sortir une fois est une prouesse, mais au bout du dixième problème apparemment insurmontable et pourtant surmonté facilement, on finit par ne plus y croire du tout. Ce serait moins grave si l’on savait ce que les parents fuyaient, mais les scénaristes ont manifestement le garder pour plus tard. Et ce n’est pas quelques références à l’environnement glissées ici ou là — des références qui contrastent d’ailleurs constamment avec les actions des personnages qui n’hésitent jamais à détruire et polluer sur leur chemin — qui vont nous aider. Il ne reste plus qu’une fuite, où chaque épisode permet aux Fox d’avancer un petit peu plus, mais sans aucun sens pour soutenir l’ensemble. Et même si la première saison ne dure que sept épisodes, on finit par se lasser. Comment croire que cette famille subisse ce qu’elle doit subir sans broncher ? Il y a bien quelques dissensions qui éclatent à la fin, mais The Mosquito Coast les referment aussi vite qu’elles ont été ouvertes, si bien que rien ne permet d’envisager une suite différente. A-t-on vraiment envie de continuer à voir cette famille se sortir des pires ennuis avec une facilité déconcertante à chaque fois ?
Peut-être que la deuxième saison, d’ores et déjà commandée par le service de streaming d’Apple, changera radicalement et s’intéressera un petit peu plus au passé des personnages, mais à ce stade du récit, il est difficile d’imaginer autre chose qu’une fuite semée de nouveaux défis. Ce principe commence à tourner en rond dans les sept premiers épisodes, cela ne serait que pire par la suite. C’est dommage, car The Mosquito Coast était prometteuse et le pilote est d’ailleurs excellent, mais la série se perd trop vite dans son inlassable quête de problèmes pour ses personnages principaux et dans ses solutions qui semblent toujours trop belles pour être vraies. Décevant.