Future Man pourrait n’être qu’une énième histoire de science-fiction à base de voyages temporels, si cette série portée par Hulu n’avait pas fait le choix d’être aussi drôle. Kyle Hunter, Howard Overman et Ariel Shaffir ont repris la trame vue et revue du retour dans le passé pour corriger un futur dystopique, mais il s’agit avant tout d’une excuse pour multiplier les idées et tester toutes les combinaisons possibles à partir de leur trio de personnages principaux. À ce titre, les trois saisons offrent une qualité inégale, avec des expérimentations qui ne paient pas toujours, mais Future Man reste une création originale et intéressante par son positionnement. Jusqu’au bout, les scénaristes tentent des choses et quand ils tombent juste, le résultat peut-être hilarant. Rien que pour cette saison, la création de Hulu vaut le détour.
À peine avait-il terminé son jeu vidéo que Josh Futturman voit débarquer chez lui deux soldats du futur, Tiger et Wolf. Ce looser qui vit encore chez ses parents et qui passe ses journées à jouer quand il ne passe pas la serpillère dans le laboratoire de recherche où il travaille apprend alors qu’il est le seul à avoir terminé le jeu, ce qui en fait de lui le sauveur du futur de l’humanité, rien que ça. Avec Tiger et Wolf, il va devoir éliminer son patron, le docteur Kronish qui va inventer un traitement révolutionnaire et faire dérailler le futur vers des décennies de guerres sans merci. Voilà le pitch de départ de ce qui pourrait être une nouvelle variante d’un thème bien connu, mais ce qui est finalement la base d’une étonnante série comique. Dès le départ, les scénaristes jouent sur les contrastes entre le niveau d’attente des deux personnages du futur et la réalité de Josh. Future Man traite son sujet avec sérieux, avec un goût prononcé pour le second degré et l’absurde : on s’amuse ainsi des décalages entre présent et futur, ainsi que de la difficile adaptation des deux soldats du futur dans notre réalité. Ces contraires forment un ensemble solide et la première saison se construit toute entière sur cette idée d’empêcher le futur de survenir. Comment souvent en pareille occasion, les personnages remontent dans le temps à des moments-clés avec l’espoir de changer le futur. Et à chaque fois, ils réalisent que rien n’a changé ou même que c’est pire encore. Le concept de voyage temporel est très séduisant, mais ses paradoxes sont rarement bien gérés par la fiction. Rien de tel ici, où le scénario tient compte des décalages induits par la manipulation du passé et la création de plusieurs univers parallèles. D’ailleurs, c’est la base des saisons suivantes : la première fait le tour de Kronish, il est temps de passer à autre chose et la deuxième saison se déroule dans un autre futur, tout aussi mauvais, mais différemment. On ne retrouve alors quasiment que nos trois héros, pour treize épisodes bien différents, plus posés et parfois un peu longuets, mais qui suivent quelques pistes intéressantes. La dernière saison, plus courte que les deux premières, part sur toute autre chose encore, avec plusieurs idées délirantes qui sont poussées à l’extrême. D’un bout à l’autre, la série parvient à surprendre en testant des idées, toutes ne fonctionnent pas, mais il faut saluer un engagement pour l’expérimentation qui force le respect.
Face à une telle variété d’arcs narratifs et d’expérimentations, Future Man tient presque uniquement que sur les épaules de ses trois acteurs principaux. Josh Hutcherson dans le rôle du faux sauveur est bien, mais on retiendra surtout Eliza Coupe et Derek Wilson, qui composent un duo de soldats du futur parfait, trash et attachants tout à la fois. Ils trouvent toujours le ton juste et la série de Hulu leur doit indéniablement beaucoup.