Le phénomène typiquement américain des télévangélistes qui passent leur temps à prêcher face à des caméras et qui ont amassé pour quelques-uns une belle fortune a inspiré The Righteous Gemstones. Cette série écrite et créée par Danny McBride, qui réalise aussi des épisodes et surtout incarne l’un des personnages principaux, imagine une famille de télévangélistes qui gagne des millions tout en étant la moins pieuse qui soit. Le concept de base de cette création HBO n’est pas le plus original qui soit et la première saison a quelque fois du mal à trouver le ton juste, mais le potentiel est bien là. Si vous aimez l’humour de bras cassés incapables façon frère Coen, ne passez pas à côté.
Dans la famille Gemstones, on est pasteur de père en fils, mais Eli a vu grand. Avec sa femme, il a réussi à sortir des petites églises avec quelques dizaines de croyants pour bâtir un empire télévisuel, une émission regardée par des millions de fidèles chaque semaine et une entreprise qui brasse des millions de dollars. Quand The Righteous Gemstones débute, l’empire familial est à son apogée. La famille habite sur un immense terrain, chacun dans sa maison, avec un parc d’attraction, un golf et bien d’autres divertissements privés qui n’ont pas grand-chose à voir avec la mission divine mise en avant face caméra. De toute manière, les Gemstones ne sont pas très croyants, comme la première séquence en Chine le prouve bien. Le père et ses deux fils sont venus baptiser en masse face caméra, mais la cérémonie ne se passe pas bien, les deux enfants pourtant adultes n’arrêtent pas de se chamailler comme des gamins et il est vite évident que la religion n’est qu’une façade bien pratique. Une impression qui se confirme et même qui se déploie au fil de la première saison, avec neuf (allez savoir pourquoi…) épisodes centrés essentiellement autour d’une vidéo de Jesse Gemstones, l’aîné, qui profite d’une convention religieuse pour se droguer et fréquenter des prostituées. Danny McBride imagine un trio de maîtres chanteurs qui tentent d’extorquer de l’argent à la famille grâce à cette vidéo, mais ce sont des incapables maladroits qui ne parviennent pas à leur fin. Est-ce la présence à l’écran de John Goodman — impeccable, comme toujours, d’ailleurs — qui nous y fait penser ? Il y a des airs des films des frères Coen dans ces personnages aux grandes idées qui ne parviennent jamais à leur fin et dans ces riches qui se comportent comme des enfants pourris-gâtés. L’ensemble n’est pas toujours original et il y a quelques passages à vide, mais la saison se termine mieux qu’elle ne se commence et son créateur a de grandes ambitions.
Alors que la deuxième saison est en cours de diffusion et que HBO a renouvelé The Righteous Gemstones pour une troisième, on peut bien laisser sa chance à cette série qui a un réel potentiel comique. Danny McBride a eu besoin de quelques épisodes pour poser ses personnages et trouver le ton juste, il pourrait maintenant avoir de quoi signer une excellente série avec un humour noir bien trouvé sur la religion. Vivement la suite !