Largo Winch, le Jason Bourne à la française ? C’est un peu l’ambition de cette licence qui a vu la sortie d’un deuxième opus cette année. Pour une fois, un film français qui cherche à faire comme dans les films américains ne s’en sort pas couvert de honte. Sans tenir la comparaison vraiment jusqu’au bout, Largo Winch 2 s’en tire quand même pas trop mal dans le genre blockbuster d’action. Certaines scènes sont assez spectaculaires, quoique souvent trop brouillonnes et le spectacle est globalement au rendez-vous. On regrette d’autant plus un acteur assez médiocre dans le rôle titre et un scénario qui ne déplacera pas les foules, c’est le moins que l’on puisse dire.
Largo Winch 2 reprend très exactement à la fin du premier opus. Dans ce dernier, Nerio Winch mourrait et Largo, son fils, a été sorti de sa fugue de plusieurs années pour prendre sa place à la tête de l’empire Winch. Le voilà multimilliardaire, mais la perspective de poursuivre le travail de son père n’enchante guère le turbulent jeune homme. Au début de cet épisode, on apprend ses intentions : vendre l’empire et utiliser l’argent récolté dans la fondation Winch qui, elle, œuvre pour le bien de l’humanité. Une belle idée qui, on s’en doute, va apporter à Largo beaucoup d’ennemis prêts à en découdre.
De manière surprenante, le film ne s’intéresse pas vraiment à ce choix de Largo de démanteler l’empire paternel. Cette décision est évoquée de temps en temps évidemment, mais si elle fournit l’excuse principale au scénario, elle n’est qu’une trame de fond et non pas le sujet principal de Largo Winch 2. Le film assume manifestement son statut de divertissement grand public et n’entend pas lasser ses spectateurs avec des considérations techniques qui auraient pourtant pu former un scénario plus original. À défaut, on revient sur les recettes qui ont fait leur preuves : Largo voit son passé ressurgir, il est confronté à la femme qu’il a aimé trois ans auparavant en même temps que certaines fréquentations douteuses de son père lui causent quelques menus soucis, Largo étant accusé de complicité dans un crime contre l’humanité, tout de même. L’enjeu du film se resserre logiquement sur son héros : comment va-t-il parvenir à prouver son innocence et sortir de ce faux pas ? On ne dévoilera pas tous les tenants et aboutissants d’une intrigue plutôt bien menée, mais finalement assez peu intéressante et plutôt convenue. La fin ne fait aucun doute et elle laisse la porte bien ouverte à une possibilité de suite, Largo Winch, la BD, offrant un terreau riche pour de multiples suites sur grand écran.
Si le spectateur est amené à souffrir d’un vague désintérêt pour Largo Winch 2, c’est que le personnage principal du film de Jérôme Salle n’est pas très passionnant. Largo est un personnage monolithique et invariablement bon. Il n’est pas un capitaliste pourri comme son père, il ne pense qu’à faire le bien et on ne comprend vraiment pas pourquoi on l’accuserait de complicité pour un crime contre l’humanité. Cet aspect monolithique est assez décevant : Largo est un super héros en quelque sorte, dans la catégorie de ceux qui n’ont pas de super pouvoirs. Même si son action est moins spectaculaire que celle de Batman, elle est très proche dans l’esprit : fils à papa extrêmement riche qui met son argent au service de la société. Dans les deux cas, on a même le majordome complice, Gauthier ici qui est d’ailleurs le personnage le plus amusant et le mieux écrit de Largo Winch 2. Si le personnage de Largo est lui-même monolithique, son acteur n’aide pas à passionner le spectateur. Tomer Sisley interprète encore Largo et ce n’est pas brillant, il ne parvient pas à nous convaincre vraiment, à entrer totalement dans la peau du personnage et il sonne souvent faux. Dommage pour le film qui en pâtit nécessairement.
Le film pêche également par plusieurs problèmes techniques, à commencer par un rythme défaillant. Pour un blockbuster d’action, Largo Winch 2 manque de rythme. Trop souvent, le film s’arrête et se pose le temps d’une ou plusieurs scènes, que ce soit pour un flashback ou pour les retrouvailles familiales de Largo qui, en plus, sonnent faux. Ces pauses sont trop fréquentes, le spectateur perd le fil, se désintéresse de l’intrigue et peine ensuite à s’y raccrocher. Par moments, Largo Winch 2 ressemble à une mauvaise série télévisée de l’été, ce qui est vraiment dommage : le scénario aurait gagné à être resserré. Autre problème, cette fois au contraire dans les scènes d’action : filmer une scène en donnant le sentiment que tout va très vite sans perdre le spectateur n’est pas une tâche aisée et Jérôme Salle a encore à apprendre. La chute libre en particulier est très spectaculaire (d’autant qu’elle a été réalisée sans doublure), mais elle est assez peu lisible et sa conclusion semble trop rapide et simple.
Le bilan n’est pas honteux pour ce film français caché dans un blockbuster. Largo Winch 2 se défend finalement assez bien dans cette catégorie, malgré plusieurs défauts évidents. On aurait été sans doute plus indulgent si le film n’avait pas été français, donc ne boudons pas ce film qui se regarde sans déplaisir, à défaut d’être une vraie réussite. Si suite il y a, espérons simplement que Jérôme Salle et Tomer Sisley s’améliorent… le résultat pourrait être vraiment satisfaisant.