« Cette fois, c’est la guerre » : l’affiche d’Aliens le retour laisse peu de place aux doutes quant à ses intentions. Alien, le huitième passager ouvrait la saga avec un film qui ne pariait pas tant sur le spectaculaire que sur la peur créée par cette créature invisible la majeure partie du temps. Sept ans après Ridley Scott, c’est au tour de James Cameron de prendre le flambeau de la saga avec une formule bien différente. Si Aliens le retour parvient parfois à susciter un peu de peur, c’est d’abord un blockbuster d’action extrêmement efficace. Dans le genre, c’est une réussite.
Après avoir réussi à s’échapper au monstre, Ellen Ripley dérive dans la navette avec laquelle elle a réussi à s’échapper pendant 57 ans. Repêchée un peu par hasard dans l’espace, elle apprend que la compagnie qui l’employait a depuis envoyé des hommes coloniser la planète de l’Alien. Peu après son retour, tous les contacts ont été perdus avec cette colonie et le récit de Ripley qui n’avait pas été pris au sérieux dans un premier temps commence à devenir vraisemblable. La compagnie propose alors à Ellen de repartir sur la planète avec quelques soldats surarmés, en tant que conseillère technique uniquement. On lui fait la promesse avant de partir qu’il ne s’agit que d’éradiquer la bestiole et elle finit par accepter. Sur place, il n’y a plus âme qui vive et l’équipe de secours arrivée trop tard va vite être prise au piège par l’Alien qui est désormais plus nombreux et plus intelligent. Ça va chauffer…
Alors qu’Alien, le huitième passager ne montrait quasiment pas la bête, en partie faute de moyens techniques d’ailleurs, Aliens le retour prend au contraire le parti de la montrer sous tous ses angles. Les quelques années qui séparent les deux films ont permis à James Cameron de proposer des aliens convaincants et son film les montre par dizaine. La colonie humaine contenait une bonne centaine d’humains, ce qui a permis aux créatures de se multiplier rapidement. On en compte désormais des centaines et le suspense qui prévalait chez Ridley Scott n’est ici qu’un vague souvenir. Aliens le retour propose parfois un certain suspense, mais le film est dans l’ensemble assez prévisible puisque l’on a affaire à la mise à mort méthodique de la chair à canon envoyée par l’armée. Le suspense a fait place à l’horreur brute et à l’action : les brutes épaisses envoyées sur la planète ont la gâchette facile et ils n’hésitent jamais à tirer dans le tas. Le résultat est visuellement assez impressionnant, il faut bien le dire, avec en guise de boss de fin une reine Alien bien plus grosse et méchante que les créatures de base.
L’ambiance a changé depuis Alien, le huitième passager, mais le film de James Cameron n’est pas mauvais pour autant. S’il est beaucoup moins original que son prédécesseur, il est extrêmement bien exécuté et pas aussi simpliste qu’il ne pourrait en avoir l’air. Comme toujours, le cinéaste a su mettre des images de manière évidente sur une histoire qui n’était pas si évidente. Aliens le retour raconte la mise à mort d’une dizaine de soldats envoyés sur la planète hostile, mais le film continue d’épaissir le mythe Alien et lui ajoute même de nombreux éléments. Le film de Ridley Scott était assez vague au sujet de ces créatures finalement, celui de James Cameron détaille leur fonctionnement. Les Aliens sont des sortes de fourmis de l’espace : elles agissent de concert et sont dirigées par une créature plus grosse qui se charge aussi de pondre les œufs. Ces derniers produisent une bestiole intermédiaire qui a besoin d’un corps humain pour produire un petit Alien. Tous ces éléments s’ajoutent harmonieusement au film précédent et contribuent à renforcer l’intérêt d’Aliens le retour pour qui s’intéresse à la fameuse créature. Pour les autres, James Cameron fournit un blockbuster extrêmement classique, certes, mais aussi parfaitement réussi.
S’il ne fallait retenir qu’un nom à associer au blockbuster d’action, ce serait sans doute celui de James Cameron. Dans ce film de science-fiction, il esquisse déjà ce qui fera le succès d’Avatar, plus de vingt ans après. Une histoire très simple, mais pas simpliste, pour un film totalement maîtrisé qui parvient à transporter ses spectateurs dans un autre monde. Avec Aliens le retour, James Cameron nous emmène dans l’espace, dans un univers poisseux et dangereux tout à fait crédible. Cette planète terraformée où l’atmosphère est respirable, mais où il fait toujours nuit et où il pleut sans cesse confère au film un climat angoissant. Le cinéaste parvient en outre à proposer une action assez spectaculaire avec parfois très peu de moyens : quand les Aliens attaquent la première fois, on ne voit que le cadran indiquant le nombre de balles restantes et le niveau de stress monte en même temps que ce nombre diminue. Au cœur de cette action intense, Sigourney Weaver dévoile une facette combattante et s’avère convaincante en guerrière prête à tout pour en démordre. Les bestioles sont aussi un élément clé du spectacle et elles sont réussies, moins humanoïdes et plus insectoïdes que dans Alien, le huitième passager.
James Cameron propose avec Aliens le retour un film bien différent de celui de Ridley Scott. Bien loin du suspense psychologique, il compose un blockbuster d’action aussi classique que réussi en raison d’une maîtrise technique et scénaristique parfaite. Moins passionnant qu’Alien, le huitième passager, certes, le deuxième film dans la saga Alien reste malgré tout un très bon film.