Avec Men in Black en 1997 puis MIIB en 2002, la saga de Barry Sonnenfeld a marqué les esprits. Les hommes en noir feront leur retour cette année, quinze ans après leur première apparition au cinéma. L’occasion de revenir sur deux films qui proposaient une version revisitée du couple de flics dans un univers de science-fiction inventif. La formule fonctionne parfaitement et les deux films de Barry Sonnenfeld sont réussis, drôles et ils conservent leur originalité, même si les effets spéciaux ont, forcément, un peu vieilli.
Men in Black fait office d’introduction à l’univers de la saga, mais le film sert aussi à présenter les deux personnages principaux. L’agent K a participé à la fondation des MIB, une organisation secrète fondée pour réguler les extraterrestres de passage sur la Terre. Dans la saga, la vie extraterrestre est bien réelle et des êtres venus de tout l’univers sont de passage sur notre planète, voire y vivent au quotidien. Les hommes du MIB surveillent ces visiteurs plus ou moins gênants et ils s’efforcent aussi de cacher la vérité aux autres humains qui sont bien contents de ne pas connaître la vérité. Les extraterrestres passent ainsi tous par les bureaux de l’organisation et ils doivent se camoufler en humain, ou en animaux pour certains d’entre eux. Si la plupart de ces êtres venus de l’espace sont pacifiques et ne posent pas de problèmes, d’autres doivent au contraire être surveillés de près, voire arrêtés. C’est alors que les MIB entrent en action et tentent de protéger, coute que coute, la planète et ses occupants.
Le premier film de Barry Sonnenfeld repose à la fois sur la découverte de cet univers de science-fiction si différent et en même temps totalement familier, mais aussi sur son duo de personnages principaux. Men in Black réunit l’agent K qui connait l’organisation depuis ses débuts et qui a tout vu en matière de formes de vie extraterrestres et l’agent J. Au début du film, il ne s’agit pas encore d’un agent habillé de noir, mais plutôt d’un flic particulièrement motivé qui poursuit pendant des heures un fuyard qui se révèle être un extraterrestre. C’est à l’occasion de cette course-poursuite que K remarque le jeune homme et choisi d’en faire un MIB. Les deux hommes ne pourraient être plus différents : couleur de peau et caractère sont aux antipodes et le clash est dès lors inévitable. Ce premier film exploite surtout cette opposition pour constituer une comédie déjà vue et revue, certes, mais qui fait encore une fois ses preuves. Le concept du duo de flics a servi à construire tant de films qu’on ne pourrait tous les énumérer. Il est ici encore utilisé et les contraires forment encore des étincelles. Les gags sont attendus, mais ils font mouche à l’image du choix des armes de l’un et de l’autre ou du rôle assigné à chacun. Le succès de Men in Black tient en grande partie dans ce duo.
MIIB ne pouvait évidemment rejouer la carte du duo de flics, en tout cas pas de la même manière. Les deux agents reprennent bien du service dans ce film, mais ce n’est plus la même chose. L’agent J n’est plus le novice maladroit qui découvre l’univers des hommes habillés de noir, il est même devenu le meilleur agent depuis le départ à la retraite de l’agent K. Le long-métrage de Barry Sonnenfeld revient un temps au duo de flics en l’inversant quand l’ancien novice doit ramener le retraité à son boulot d’antan, mais cette piste est vite laissée de côté. MIIB utilise essentiellement un autre biais comique de la saga : plus encore que dans Men in Black, ce sont les différentes créatures extraterrestres qui font tout l’intérêt du film. Le bestiaire de la saga est extrêmement riche : les équipes qui l’ont conçue se sont fait plaisir et on a rarement vu un univers aussi riche, à part dans les sagas phares de la science-fiction que sont Star Wars et Star Trek. En deux films, Men in Black trouve malgré tout quelques bonnes idées, comme Serena, la méchante de MIIB et ses longs tentacules, ou encore le charmant bébé alien qui apparaît dans le premier. Sur ce plan, le deuxième opus est beaucoup plus riche et imaginatif : les extraterrestres du casier dans la gare ou encore le chien parlant sont réussis et ils participent au plaisir du film.
Barry Sonnenfeld est un réalisateur assez discret, mais à qui l’on doit plusieurs gros succès de ces dernières années. Outre la saga Men in Black qu’il est le seul jusque-là à assumer, il est aussi le réalisateur de La Famille Adams. Dans les deux cas, on retrouve son goût pour un cinéma populaire, plutôt fantastique et qui tire souvent vers la comédie. Avec Men in Black et MIIB, il ne brille pas par une mise en scène révolutionnaire, mais il fait le travail avec soin et sa formule simple atteint son but. Le premier film trahit son page sur deux points : les effets spéciaux et un rythme apaisé qui surprend aujourd’hui pour un blockbuster. Son scénario reste toutefois toujours aussi efficace et Men in Black se défend plutôt bien visuellement. Le mélange de modernité entre les armes d’origine extraterrestres et l’habit autant que les voitures des MIB est même plutôt moderne et évoque des univers steampunk. MIIB est plus récent — 10 ans tout de même — et cela se voit : le rythme est plus élevé et les effets spéciaux plus nombreux et aboutis, même si on devrait logiquement être loin de ce qui nous attend dans Men in Black III. Dans l’ensemble, le premier garde ce charme des films des années 1990, tandis que le deuxième est plus proche de nous et en met plein la vue avec ses extraterrestres. Dans tous les cas, la saga repose aussi en grande partie sur les épaules de ses deux acteurs principaux. Nul besoin de vanter les mérites d’acteur de Tommy Lee Jones qui interprète ici un excellent agent désabusé, mais particulièrement efficace. Face à lui, Will Smith compose un agent J convaincant dans l’opposition avec son aîné.
Men in Black III sortira dans un mois, on verra alors si la saga tient encore le coup. Quel que soit le résultat, Men in Black et MIIB constituent déjà deux très bons blockbusters de science-fiction tendance comédie. Barry Sonnenfeld n’a pas révolutionné le genre, il n’en a de toute manière sans doute jamais eu l’ambition. À partir de recettes connues, il propose deux films très efficaces. Du grand spectacle et un cinéma populaire que l’on aurait tort de bouder…