Cet après-midi, je suis allé comme tous les ans ((Sauf celui de l’an dernier que je n’ai, pour une raison qui m’échappe totalement, toujours pas vu !)), quasiment religieusement, voir le dernier Woody Allen, Vicky Cristina Barcelona. Du haut de ses 72 ans en effet, le réalisateur américain continue de réaliser des films au rythme effréné d’un par an. Et avec Woody Allen, quantité rime exceptionnellement avec qualité : son dernier film est vraiment excellent.
Ce film, c’est d’abord un casting de folie, et d »abord un trio d’acteurs exceptionnels : Scarlett Johansson qui accompagne le réalisateur depuis Match Point, Penélope Cruz qu’on ne présente plus et Javier Bardem, récemment vu dans No Country for Old Men où il était exceptionnel. Ces deux derniers acteurs sont là parce qu’ils l’ont demandé au réalisateur qui a ainsi écrit leurs rôles sur mesure, comme il l’explique dans une récente interview. Mais Woody Allen joue de ces attentes : le film en effet met en scène deux jeunes femmes, l’une blonde, c’est Scarlett Johansson, et l’autre brune mais ça n’est pas Penélope Cruz (il s’agit d’une actrice jusque là inconnue mais très bien, Rebecca Hall). Penélope Cruz n’interviendra que plus bien plus tard dans le film, à un moment où le spectateur ne l’attendait plus : l’effet est réussi !
L’histoire de base est assez simple : deux jeunes américaines passent un été à Barcelone pour passer du bon temps et éventuellement trouver l’amour pour l’une (Cristina), finir sa thèse en attendant son mariage pour l’autre (Vicky). Ce scénario est cassé par l’arrivée impromptue de Juan Antonio, peintre à la mode qui leur propose de les emmener sur une île pour éventuellement discuter mais surtout coucher. Les deux jeunes femmes sont totalement opposées sur la question de l’amour : quand Vicky met en avant un mariage rationnel avec un homme promis à un avenir brillant et riche, Cristina ne sait pas bien ce qu’elle cherche, elle sait ce qu’elle ne cherche pas, et cela correspond justement à ce type d’homme. Autant dire que face à cette proposition, les deux femmes sont partagées mais toutes deux se laisseront séduire.
Je ne veux pas dévoiler l’intrigue qui réserve quelques surprises et rebondissements. Où l’on découvre que les positions initiales sur l’amour sont mises à mal ((Je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir une référence quasiment explicite à une certaine pièce de Corneille. Mais je crois que c’est surtout le signe ds dégâts occasionnés par trois ans de prépa…)). Où l’on voit aussi que l’amour parfait n’est pas forcément celui auquel on pourrait d’abord penser.
La cuvée Allen 2008 est décidément une très bonne année. Si le réalisateur explique avoir tourné à Barcelone pour bénéficier de tarifs moins élevés, la période européenne de Woody Allen (qui s’est achevée puisqu’il vient de tourner à nouveau à New-York) est bien plus qu’une simple question financière. Depuis Match Point, le réalisateur a atteint un autre niveau. Cela tient notamment à ses acteurs, lui-même s’effaçant de ses films (sur les quatre derniers, il n’a joué qu’une fois) et tout particulièrement à Scarlett Johansson qui, visiblement, a relancé sa carrière cinématographique.
Je vous encourage donc à aller voir ce film, en attendant le prochain que je verrai avec toujours autant de plaisir !
À lire, sur le même registre, les critiques de Télérama et de Critikat…