Ce soir, ce fut Mensonges d’État au cinéma, soit le dernier Ridley Scott avec, en tête d’affiche, rien de moins que Leonardo DiCaprio et Russel Crowe.
Ce film nous embarque, pour deux heures et des poussières, dans le Moyen-Orient actuel pour suivre un agent de la CIA, DiCaprio, poursuivre un clone de Ben Laden à l’aide de son mentor qui le dirige depuis les États-Unis, Russel Crowe. Mensonges d’État m’a immédiatement rappelé Syriana en plus simple. Si j’avais beaucoup aimé ce dernier film, il était en effet parfois un peu prise de tête, ce qui a d’ailleurs expliqué un échec commercial. Le dernier film de Ridley Scott se veut beaucoup plus proche du blockbuster et de sa volonté de plaire. Mais l’intrigue n’est pas simpliste, loin de là, et c’est tant mieux car cela donne au film son réalisme, dans une région du monde oh combien complexe.
Il s’agit d’un film d’espionnage et les codes ont été respectés. Pourtant, on ne s’ennuie pas dans ce film qui parvient à conserver une certaine originalité, à la fois par un scénario pas si idiot que cela et par le duo d’acteurs. Si l’idée d’un duo composé d’un jeune et d’un vieux n’a absolument rien d’original, celui-ci fonctionne très bien en mettant en parallèle deux univers qui n’ont rien à voir. Nos deux héros passent leur temps au téléphone, l’un au cœur de l’action, l’autre en train d’aider son fils à faire pipi au beau milieu de la nuit. Ces parallèles sont très efficaces et laissent même, parfois, place à des pointes d’humour.
Il n’est pas possible de passer sous silence Leonardo DiCaprio. Décidément, cet acteur étonne : de film en film, il ne cesse de s’améliorer, sans jamais de fausse note. Comme l’époque de Titanic semble loin ! Il est ici brillant en espion américain fondu dans l’univers arabe : il parle un arabe sans accent et peut se fondre dans la masse sans problème. À l’image d’un Jack Bauer, il survit à toutes les attaques, les tortures qu’il peut avoir à affronter sans le moindre problème et il trouve même le temps de tomber amoureux. Je vous rassure tout de suite ceci dit, l’amour est réduit à sa portion congrue dans le film…
Ridley Scott se permet, au passage, de critiquer la politique américaine dans la région. Les seuls qui réussissent, dans le film, ce sont les Jordaniens plus patients (magnifique attaque de la politique du résultat immédiat) et plus intelligents. Les Américains arrivent avec leur technologies (très belles séquences façon GoogleEarth) et leurs gros sabots et n’arrivent finalement à rien. Critique aussi de la capacité impressionnante des Américains pour se créer des ennemis, mais je ne veux pas dévoiler toute l’intrigue.
Ainsi, Mensonges d’État est un film intelligent sur une région du monde très complexe sans oublier pour autant son statut de blockbuster. Il s’agit donc d’un film très efficace (à voir si vous appréciez la trilogie Jason Bourne ou la série 24 heures chrono) mais moins bête qu’il n’en n’a l’air. En bref, un film à voir…
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La critique, très positive, des Inrocks ; celle, assez positive de Télérama ; ou celle, plus mitigée de Critikat.