L’artiste et le cuisinier à Lyon

L’artiste et le cuisinier propose une cuisine bistronomique avec des bases bien françaises, mais relevées par la cuisine du monde. Sur la colline lyonnaise de Croix-Rousse, cette adresse moderne élabore des assiettes qui peuvent sembler classiques et qui sont en fait toujours réveillées par une épice ou une association étonnante. Un excellent assemblage et des prix qui restent raisonnables : un restaurant à découvrir !

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La devanture comme la salle sont très simples : ce restaurant ne cherche pas à attirer avec une devanture tape à l’œil, il compte plutôt sur sa réputation. À l’intérieur, une petite salle toute en longueur qui accueille au maximum une trentaine de convives. Comme souvent, c’est la clé d’une cuisine plus petite et mieux soignée, tout comme l’est cette grande ardoise qui trône au fond de la pièce. Ici, la carte change très régulièrement au grès des saisons et des envies du cuisinier et c’est tant mieux pour la fraicheur des produits. On s’installe pour découvrir la carte complète et son concept particulier : on peut choisir une entrée, un plat et un dessert pour composer un menu, mais L’artiste et le cuisinier incite à la découvert avec une idée originale particulièrement bien trouvée. Autour du plat, vous choisissez deux entrées et deux desserts servis dans des proportions moindres, pour goûter davantage de choses.

Pour 34 € par personne, le restaurant sert donc cinq assiettes : deux entrées, un plat et deux desserts. On commence avec des entrées qui en offrent pour tous les goûts, avec une salade de calamars à la ricotta enrichie d’olives et d’anis, sur un lit de salicornes, une entrée froide qui respire bon l’océan. Exactement opposé, un surprenant tartare d’agneau assaisonné avec des tomates séchées, des câpres et du piment, une entrée très originale, peut-être un petit peu trop épicée pour les amateurs d’agneau qui ne retrouveront pas le goût de la viande. Les raviolis de butternut aux noix avec son bouillon de thym étaient légèrement grillés pour un goût plus complexe et même si la farce aurait pu être plus généreuse et si le bouillon était un petit peu trop salé, c’est une entrée chaude très plaisante. Mais la meilleure entrée de l’avis générale, c’était plutôt le gnocchi à la châtaigne, une spécialité de la maison servie avec une émulsion de parmesan. L’ensemble est très équilibré et c’est une version différente du gnocchi de pomme de terre classique, une vraie réussite parfaite à l’automne. Après ces deux petites entrées, un plat complet poursuit le repas et c’est peut-être là que l’influence de la cuisine mondiale se ressent le mieux. Du lapin ou du chevreuil, des légumes de saison : en apparence, on est en terrain connu, mais le chef a inclus des petites choses originales.

Le lapin est accompagné de marrons, mais aussi de shiitake, les champignons japonais. La sauce va chercher du côté de l’Asie avec une petite touche de thé et la purée de panais qui l’accompagne est relevé par une bonne touche de poivre de selim, un faux poivre au goût très marqué et assez épicé. Quant au gibier, il est cuisiné avec du maté et surtout de la fève de tonka qui fait la différence et ajoute une touche d’originalité à cette assiette par ailleurs très classique. À chaque fois, c’est une viande en sauce avec des légumes, mais les assaisonnements font la différence et ils sont très bien maîtrisés. On en vient aux desserts, servis à nouveau en demi-portion. Sur les conseils de l’artiste en salle, on choisit tous l’intriguant mille-feuille d’avocat, une spécialité de la maison qui s’avère être un dessert excellent. L’avocat enrichi d’une touche de mascarpone est très sucré, mais il garde une certaine fraicheur. Les feuilles de brick ajoutent un petit peu de croustillant et l’effet mille-feuille. Seule déception, la praline posée dessus n’apporte rien, si ce n’est de la couleur, mais ce dessert mérite effectivement le détour. Les autres propositions sont plus classiques, avec un crumble un petit décevant, un moelleux au chocolat très porté sur le cacao et très peu sucré ou encore une panna cotta au romarin, une association audacieuse et bien trouvée.

Cette idée de découvrir davantage la cuisine du chef avec deux entrées et deux desserts est vraiment excellente, surtout pour un tarif qui sait rester très raisonnable. Si vous aimez le concept, un menu de découverte servi à la table entière permet de la découvrir en dix assiettes différentes. Dans tous les cas, L’artiste et le cuisinier est indéniablement une bien belle adresse à Croix-Rousse.