Les Aventuriers de l’arche perdue, Steven Spielberg

Au début des années 1980, Steven Spielberg enchaîne les succès au cinéma et après Rencontres du troisième type, il cherche une nouvelle idée et c’est son ami George Lucas qui la lui apporte sur un plateau. Entre deux Star Wars, le cinéaste suggère cette histoire d’un archéologue qui est avant tout un aventurier intrépide, une sorte de cliché sorti tout droit de l’imaginaire de l’entre deux-guerres. Les Aventuriers de l’arche perdue se base d’ailleurs sur les serial des années 1930 et 1940, des films à petit budget qui s’étalaient sur un grand nombre d’épisodes, comme les feuilletons papiers publiés à la même époque dans les journaux. Le personnage d’Indiana Jones naît sur cette idée et dès le départ, une trilogie est prévue par les deux réalisateurs. Le succès est au rendez-vous, à tel point que Les Aventuriers de l’arche perdue est le film le plus rentable de 1981 et reste le film le plus rentable de tous les temps pendant plusieurs années. Il faut dire que Steven Spielberg a construit à partir de cette idée assez simple une œuvre culte qui n’a pas pris une ride, un film d’aventures parfaitement dosé, bref un classique qui se revoit avec toujours autant de plaisir.

Les Aventuriers de l’arche perdue commence par une introduction du personnage principal, au cœur de la jungle sud-américaine. Le docteur Indiana Jones est professeur en archéologie et spécialiste des sciences occultes, mais c’est aussi un aventurier qui n’hésite jamais à partir sur le terrain pour trouver des reliques dans les pires environnements qui soient. En l’occurrence, il cherche une statuette en or massif, une idole située au cœur d’un temple, mais il faut non seulement trouver son emplacement, mais aussi déjouer tous les pièges placés en amont. Steven Spielberg exploite cette première séquence pour présenter les aptitudes de son personnage et il le fait avec une pointe de mystère. Pendant plusieurs minutes, on ne le voit jamais de face, uniquement une silhouette de dos, mais cela suffit déjà à poser quelques caractéristiques importantes. Avec son chapeau et son fouet, il représente l’archétype de l’aventurier tel qu’on pouvait l’imaginer à l’époque. Quand il se retourne enfin, c’est pour arrêter un traitre d’un coup de fouet, un premier geste impressionnant qui montre la dextérité d’Indy, tandis que sa progression dans le temple, déjouant tous les pièges, sert à montrer son talent dans cette situation. Toute cette partie n’a rien à voir avec l’intrigue principale du film, mais c’est peut-être la plus célèbre, et pour une bonne raison. En quelques minutes, Les Aventuriers de l’arche perdue présente une séquence riche en rebondissements et d’action, mais aussi de pointes d’humour, ce qui fait la marque de la saga. Le décor est très inventif, avec plusieurs types de pièges, des araignées, les squelettes d’archéologues qui ont échoué auparavant et naturellement le passage obligé au fouet. Le tout se termine sur la statuette avec le sac de sable, sans conteste un des moments les plus fameux de toute la série. Steven Spielberg montre que son personnage récupère du sable à l’entrée, sans expliquer pourquoi et on comprend à la fin qu’Indiana Jones est très malin… mais pas infaillible non plus. Du danger et de la tension, mais aussi des moments drôles, c’est un grand moment de cinéma, tout simplement.

Après une telle introduction, l’intrigue principale peut se mettre en place. On retrouve l’archéologue dans sa salle de classe, aux États-Unis, quand deux agents des services secrets américains viennent l’interroger. Les Aventuriers de l’Aache perdue se déroule en 1936, quelques années avant la Seconde Guerre mondiale donc, et les nazis cherchent des reliques mythiques partout dans le monde. La rumeur court qu’ils cherchent l’arche perdue, la fameuse arche qui contenait les Dix commandements et qui aurait des pouvoirs divins. Indiana Jones est donc chargé de retrouver cette arche avant l’ennemi et il part en direction de l’Égypte, via le Népal où il récupère une ancienne connaissance. À partir de ce moment, le film avance vite, à travers une série de péripéties qui mènent à la découverte de l’arche. À cet égard, l’esprit du feuilleton est bien respecté et le scénario ne se perd pas dans des méandres inutiles, il reste parfaitement ancré sur son axe principal. Ce qui n’empêche pas de développer les personnages, bien au contraire : Steven Spielberg trouve le bon équilibre entre toutes les composantes du projet, avec une bonne dose d’aventure et de l’action spectaculaire, avec des touches d’humour ici ou là et tout en créant une ambiance de suspense et un peu de fantastique, surtout à la fin, quand l’arche est ouverte. Indiana Jones n’est pas seulement cet homme courageux et combattif qui se sort de n’importe quelle situation avec son fouet, c’est aussi un archéologue malin et parfois un peu vicieux. La scène où il tue d’un coup de pistolet un assaillant avec son sabre est excellente pour cette raison : il n’est pas inutilement héroïque ou chevaleresque, il est aussi capable de se sortir d’une situation difficile en trichant. Harrison Ford est parfait pour ce rôle, son ironie naturelle colle idéalement au personnage qui rappelle un petit peu celui de Han Solo dans Star Wars et c’est indéniablement l’une de ses plus grandes performances d’acteur. Le film lui doit beaucoup, mais il ne faut pas sous-estimer la mise en scène de Steven Spielberg qui frappe, aujourd’hui, par sa modernité. Les scènes d’action n’ont pas vieilli en particulier et Les Aventuriers de l’arche perdue est toujours aussi impressionnant et ose même quelques séquences plus gores que la moyenne moderne. Encore une fois, l’équilibre est parfait et la bande-originale mythique composée par John Williams ajoute la touche finale qui manquait pour en faire une œuvre culte.

Carton plein pour Les Aventuriers de l’arche perdue : c’est une réussite sur tous les points. L’histoire originale de George Lucas était excellente, mais il fallait un réalisateur pour la mettre en images et de bons acteurs pour l’incarner. Les talents de Steven Spielberg et de Harrison Ford ont fait le reste : le résultat à l’écran est spectaculaire, effrayant, drôle et toujours plaisant. Le succès populaire depuis sa sortie et maintenu encore aujourd’hui ne ment pas : Les Aventuriers de l’arche perdue est un excellent film. Plusieurs décennies après sa sortie, on le regarde avec toujours autant de de plaisir, c’est bien la preuve de sa réussite totale.