Bad Boys, Michael Bay

Bad Boys lance la carrière de deux figures clé du cinéma américain de ces dernières années, puisqu’il s’agit du premier film de Michael Bay, mais aussi celui de Will Smith. Le cinéaste s’était contenté de réaliser des publicités et quelques clips, mais on lui offre son premier long-métrage avec ce projet qui a propulsé sa carrière vers les plus hautes sphères en matière de blockbuster hollywoodien. Quant à Will Smith, il était connu du grand public pour la série Le Prince de Bel-Air, mais le succès de Bad Boys en a fait une superstar. Le seul intérêt du premier film de Michael Bay ne tient pas seulement dans les trajectoires des hommes qui l’ont fait toutefois et ce blockbuster sorti au milieu des années 1990 représente parfaitement une certaine idée du cinéma de cette époque. C’est explosif, fun et assez bête, bref, c’est un divertissement régressif amusant qui se revoit avec plaisir.

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Les blockbusters de ces années-là ne perdaient pas de temps à introduire leur sujet et Bad Boys s’inscrit directement dans cette tradition. La première séquence oppose les deux personnages principaux, deux policiers de Miami, dans une scène où ils se chamaillent pour des frites tombées dans une Porsche. Comme dans tous les films qui reposent sur un duo de flics, chaque personnage est très différent et le scénario s’amuse à le montrer avec cette petite scène pré-générique, qui n’a pas vraiment d’autres fonctions que d’amuser avant le début de l’intrigue à proprement parler. Michael Bay impose alors une mise en scène qui prône l’efficacité avant tout autre chose : les fonds colorés jaunâtres, vestige des années 1990, n’ont pas très bien vieilli, mais cette séquence de dialogues est une réussite malgré tout. Ce n’est peut-être pas la réalisation qui le sauve, mais le jeu des deux acteurs. Will Smith et Martin Lawrence forment un couple improbable, comme il le fallait, et les deux hommes ont eu une grande liberté sur le plateau. Le réalisateur n’était pas satisfait des dialogues et, tout en respectant la ligne générale, il leur a beaucoup demandé d’improviser. La complicité entre les deux est indéniable et la réussite de Bad Boys leur doit, au fond, beaucoup. Ils surjouent en permanence, mais ce jeu grossier a tout à fait sa place dans ce film d’action décérébré qui s’assume totalement.

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L’humour est une composante essentielle, mais l’action est aussi au rendez-vous. Au fil des années et des sorties, Michael Bay s’est construit une solide réputation de créateur de blockbusters explosifs et on sent, dès ce premier passage derrière les caméras, que c’est une tendance lourde de son cinéma. Moins explosif que les réalisations suivantes — il faut dire que le budget de 19 millions de dollars est modeste par rapport à ce qui suivra —, Bad Boys reste très spectaculaire par moments, avec plusieurs énormes explosions qui en mettent plein la vue. Là encore, ce n’est pas le réalisme qui importe, mais plutôt d’impressionner au maximum, quitte à en faire trop. Qu’importe, l’intrigue est de toute façon extrêmement légère et on est là pour ça. Du coup, on ne se formalise pas des raccourcis assez évidents, comme la présence dans toutes les séquences d’action de bouteilles d’hélium, prêtes à tout exploser. À dire vrai, l’histoire qui soutient le film n’est pas très intéressante et on n’y croit pas une seconde. Il y a d’un côté des flics pas toujours très doués, mais qui doivent tout résoudre eux-mêmes, et de l’autre des méchants pas forcément meilleurs, mais qu’il faut abattre à tout prix. Ajoutez à cela quelques filles et beaucoup de quiproquos totalement invraisemblables — pourquoi fallait-il absolument maintenir l’inversion des personnages tout le long du film ? — et on obtient un cocktail où l’action ou l’humour des personnages prennent aisément le dessus. Cela tombe bien, Bad Boys ne manque ni de l’un, ni de l’autre.

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Vingt ans après sa sortie, Bad Boys ressemble encore fort aux productions actuelles, à tel point que l’on a parfois l’impression de voir une parodie. Il faut dire que Michael Bay, avec quelques autres réalisateurs, a modifié le cinéma en profondeur et cette première réalisation fait partie des succès qui ont contribué à généraliser ces blockbusters toujours plus énormes. Will Smith et Martin Lawrence se sont visiblement beaucoup amusés et cela se ressent : on (re)voit Bad Boys avec beaucoup de plaisir, aujourd’hui encore.