My Beautiful Boy, Felix Van Groeningen

My Beautiful Boy1 est l’adaptation de deux biographies sur le même sujet : l’addiction de Nic Sheff, un jeune de 18 ans qui a failli mourir à plusieurs reprises d’une overdose. La première biographie est celle de David Sheff, son père journaliste qui a écrit un livre sur la descente aux enfers de son fils et son incapacité à réagir. La deuxième est écrite par Nic lui-même, sur son parcours et sa difficile rémission. Ces deux angles offrent au projet une vision d’ensemble intéressante, que Felix van Groeningen adapte avec un scénario non-linéaire, entremêlant les époques pour mieux les opposer et surtout pour montrer les ravages de l’addiction. Même si My Beautiful Boy n’est pas le film le plus original qui soit, l’interprétation impeccable de ses deux acteurs principaux et sa mise en scène soignée en font un drame réussi.

Felix van Groeningen suit en priorité le point de vue d’un père qui découvre un beau jour que son fils pratique à peu près toutes les drogues disponibles sur le marché depuis deux ans, et qu’il est addict à la méthamphétamine depuis quelques mois. Nic n’a alors que dix-huit ans et son père tombe des nues : il pensait entretenir une relation proche et spéciale avec son enfant, il découvre qu’il ne sait rien de sa vie et de ce qu’il ressent. Face à cette situation, David fait ce qu’il a toujours fait face à un sujet inconnu : des recherches. Il découvre les méfaits de cette drogue, extrêmement addictive, dont l’effet diminue pourtant dès la deuxième dose et un massacre cérébral qui peut vite devenir permanent. My Beautiful Boy n’est pas un documentaire, mais on sent toute la documentation en amont, certainement fournie par les livres qui ont été adaptés pour ce long-métrage. Le réalisateur exploite ce matériaux pour composer une reconstitution portée par deux excellents acteurs, qui incarnent remarquablement les deux personnages. C’est un Steve Carell sérieux et émouvant, comme on le connaît désormais bien, qui interprète le rôle du père et face à lui, Timothée Chalamet était tout indiqué pour celui du fils. L’acteur incarne le rôle de Nic avec une facilité apparente qui force d’autant plus le respect qu’il s’est investi physiquement pour ce rôle, perdant beaucoup trop de kilos pour son bien afin de filmer les scènes où son personnage a frôlé la mort de près. L’alchimie entre les deux acteurs est essentielle, c’est sur elle que repose le film. Le père effrayé par l’addiction de son fils et qui réagit souvent très mal, face à un fils qui cherche à remplir un vide d’une noirceur absolue avec toutes les drogues qui lui passent sous la main. Peut-être dans une volonté de s’éloigner de la biographie documentaire, Felix van Groeningen n’a pas opté pour un montage chronologique et linéaire. Il préfère au contraire entremêler les époques, glisser des images de l’enfance de Nic pour mieux faire ressortir celles du présent, mais aussi mélanger le présent comme pour générer un gros bloc un petit peu flou. Que s’est-il passé et dans quel ordre ? Le spectateur ne sait jamais très bien, peut-être pour signifier que Nic a vécu cette période sans trop savoir lui aussi. Quelle que soit la raison, cela donne à My Beautiful Boy une petite pointe surprenante, même si l’ensemble reste assez classique sur le fond comme sur la forme.

D’ailleurs, on se demande un petit peu ce que Felix van Groeningen a trouvé dans cette adaptation. C’est le premier film en anglais pour le réalisateur flamand et on retrouve quelques traces de ses longs-métrages précédents dans le traitement de la famille ou encore dans le choix des musiques. Pour autant, on sent aussi que ce n’est pas un projet aussi personnel que ses productions précédentes et on ne retrouve pas l’intensité émotionnelle d’un Alabama Monroe, pour ne donner qu’un exemple. Cela ne fait pas de My Beautiful Boy un film raté pour autant et son traitement du rôle de la dépression dans l’addiction de Nic est un angle trop rare en la matière. Sans être un grand film, il vaut le détour.


  1. Qui est le titre français de ce film, nommé dans son pays d’origine Beautiful Boy. Allez comprendre…