Blood Diamond, Edward Zwick

Les diamants ensanglantés qu’évoque le titre du film sont au cœur du long-métrage d’Edward Zwick et on sent dès les premières minutes que le réalisateur s’est senti investi d’une mission. Dénoncer ce trafic de diamants qui contribue aux guerres civiles et au chaos en Afrique, pointer du doigt au passage les responsabilités de l’Occident dans le maintien de cet intérêt pour les pierres précieuses et donc pour les guerres : tels sont les objectifs affichés de Blood Diamond. Une cause juste, indéniablement, mais qui dessert malheureusement le projet en le faisant tomber dans la caricature. Les objectifs sont bons, la réalisation beaucoup moins et on se lasse vite face à cette histoire bourrée de clichés dévoilés sur près de deux heures et demi. C’est bien long et même si la performance de Leonardo DiCaprio est vraiment remarquable, comme souvent, elle ne suffit pas à sauver le film. Décevant.

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Les premières minutes suffisent à se faire une idée assez précise de l’intégralité du long-métrage. Edward Zwick ouvre Blood Diamond avec une séquence tragique, l’attaque d’un paisible village de pêcheurs quelque part au Sierra Leone par des hommes armés qui tuent par dizaine, emportent les enfants et coupent les mains des adultes qui ne peuvent pas être envoyés dans les mines de diamant. Le ton est donné, mais alors que cette scène devrait émouvoir, elle énerve par la musique bien trop présente. Ce sera un problème tout au long du film : la bande-originale dans l’esprit world, avec des chants africains sur des instruments occidentaux, est beaucoup trop forte et elle essaie toujours d’appuyer le message, ce qui a, comme souvent, l’effet exactement inverse. Malheureusement, l’ambiance musicale n’est pas le seul cliché qu’il faut accepter pour apprécier la réalisation d’Edward Zwick. On navigue constamment dans la caricature et alors même que tout est vrai ou inspiré de faits réels – l’intrigue se déroule au cœur de la guerre civile sierra-léonaise qui a traversé les années 1990 –, on n’y croit jamais. On sent que le réalisateur a voulu passer un message et a cherché à rendre ce message aussi clair que possible, sauf qu’en ne comptant jamais sur l’intelligence de ses spectateurs, il finit par les endormir. Les personnages ne sont que des concepts (le trafiquant véreux, la journaliste intrépide, l’Africain qui a tout perdu) et jamais des êtres de chair et d’os crédibles. C’est d’autant plus frustrant que dans le lot, il y a Leonardo DiCaprio et l’acteur est excellent, comme souvent. Son jeu est juste et précis et on pourrait totalement croire à son personnage, mais il est probablement trop mal entouré pour cela. Blood Diamond lui doit beaucoup, il n’empêche qu’il ne peut pas tout et il ne peut pas sauver le film. Si vous ne connaissez absolument rien aux conflits africains, aux enfants soldats en particulier, ou au rôle des matières précieuses, comme le diamant, dans ces conflits, le long-métrage conserve de son intérêt sur la plan pédagogique. Mais sur le plan cinématographique, il est surtout lassant à enchaîner les clichés et à ne jamais chercher à surprendre, à tel point que l’on peut à peu près prédire la fin en regardant le début.

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Edward Zwick a voulu bien faire, sans doute, mais ce n’est pas en tombant dans la caricature facile et dans l’émotion forcée par la musique que l’on peut faire passer un message. Bien au contraire, Blood Diamond finit par agacer et on suit les aventures des différents personnages d’un œil assez distrait, convaincus que la fin ne sera pas une surprise qui mérite notre attention. C’est bien dommage, car le sujet reste passionnant et on aurait pu en faire un excellent film, à la fois dans le spectaculaire et l’action (il y a d’ailleurs quelques scènes assez convaincantes de ce côté), mais aussi dans l’explication pédagogique. En l’état, non seulement c’est caricatural, mais on ne comprend pas grand-chose au conflit, un comble…