Bodyguard, Jed Mercurio (BBC)

Bodyguard déploie une intrigue à base de complot politique et de terrorisme qui n’est pas très originale, mais cette mini-série de six épisodes1 portée par la BBC maintient la tension du début à la fin et elle est d’une redoutable efficacité. Loin des grosses machines américaines, Jed Mercurio imagine une histoire assez simple et surtout concentrée sur un personnage principal, embarqué bien malgré lui dans une conspiration qui le dépasse. Entre kamikazes islamistes et politiciens prêts à tout pour le pouvoir, Bodyguard est un grand spectacle qui sait rester crédible et une série à ne surtout pas rater.

David Budd souffre toujours de problèmes psychologiques depuis son passage en Afghanistan, mais ce sergent de police essaie de le masquer tant bien que mal. Sa femme l’a quitté, mais il garde son travail et parvient, il faut le dire, à réagir parfaitement face à un danger. Le pilote de Bodyguard commence ainsi par une séquence époustouflante dans un train, où deux terroristes s’apprêtent à faire exploser une bombe. Très calme, le sergent parvient à repérer la femme qui veut se faire exploser dans les toilettes du train et sans jamais perdre son sang froid, il réussit à la calmer et à travailler avec l’équipe de déminage pour éviter la catastrophe. Dès cette scène, la série créée par Jed Mercurio frappe par sa maîtrise et par son intensité. Sans mettre des moyens colossaux, elle parvient à capter l’attention et on est pris dans cette vague de stress que ressent le personnage principal, c’est extrêmement bien fait. La série commandée par la BBC a d’autres opportunités similaires tout au long de ses six épisodes, mais le mieux est de se laisser porter par l’intrigue pour ne pas révéler toutes ses surprises. Comme son titre le laisse entendre, Bodyguard place ensuite David Budd auprès de la ministère de l’intérieur britannique en tant que garde du corps. Il a pour mission de protéger cette femme qui a contribué à l’envoyer au front quelques années auparavant, et ce n’est pas évident, même si son professionnalisme ressurgit naturellement. Et puis il a fort à faire, la ministre est constamment attaquée, à la fois politiquement et directement, avec des tentatives d’assassinats dont elle réchappe de peu. Petit à petit, la série déploie son scénario qui navigue entre l’univers politique, la mafia et le terrorisme islamique. Cela paraît beaucoup, surtout en six épisodes, mais les scénaristes ont eu la bonne idée de se concentrer sur David Budd et son point de vue, si bien que l’on découvre ce qui se passe en même temps que le personnage. Cela renforce le suspense dans bon nombre de scènes, et c’est un bon moyen d’éviter la confusion et de maintenir le très bon niveau du début, avec des moyens raisonnables.

À défaut d’emporter la palme de l’originalité, cette mini-série de la BBC est un plaisir à regarder et on comprend qu’elle ait eu un tel succès au Royaume-Uni lors de sa première diffusion télévisée. Bodyguard est très bien réalisée, l’intrigue est prenante d’un bout à l’autre, et Richard Madden est excellent dans le rôle principal. Avec son air bourru et son accent écossais, il tranche avec la ministre qu’il doit protéger et tous les autres policiers, ce qui renforce son isolement. Jed Mercurio compose ainsi une série très plaisante, qui traite aussi de sujets plus sérieux, en particulier sur les troubles psychologiques liés à la guerre. Ces six épisodes d’une heure environ valent bien le détour et attention, vous aurez du mal à vous arrêter quand vous aurez lancé la série…

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  1. Pour le moment, il ne s’agit que d’une mini-série composée d’une unique saison de six épisodes. Mais le succès a été tel qu’il appelle certainement une suite. Pour le moment, la BBC n’a pas encore renouvelé Bodyguard, mais ce sera presque inévitablement le cas…