Le bon apôtre, Gareth Evans

Le bon apôtre promet une ambiance pleine de mystère sur une île perdue au large du Pays de Galle où une mystérieuse communauté se livre à un culte diabolique. Gareth Evans inscrit son dernier long-métrage dans un début de XXe siècle désaturé pas très novateur, mais la promesse est bien là et le projet commence assez bien. La première partie n’est pas originale pour un sou, elle reste plaisante et bien menée, avec un mystère galopant, même si les habitués de l’horreur trouveront tout cela un petit peu téléphoné et facile. On serait prêt à pardonner cette simplicité, si le scénario allait quelque part d’intéressant. Malheureusement, Le bon apôtre tourne vite en rond et préfère tomber dans le gore toujours plus énorme et grotesque. Gareth Evans n’avait sans doute pas de quoi tenir près de 2h30 et on s’ennuie ferme sur toute la fin. À oublier.

Sans perdre de temps, le scénario commence par présenter son personnage principal et sa quête. Après s’être fait passer pour mort pendant des années sans que l’on ne sache pas pourquoi, Thomas Richardson retourne dans sa famille pour retrouver sa sœur, kidnappée par une société mystérieuse qui agit sur une petite île anglaise. La lettre indique qu’une rançon doit être apportée sous peine de la voir mourir et c’est donc Thomas qui s’y colle, en suivant quelques fidèles de la secte qui rassemble cette société. Dans ces premières minutes, Le bon apôtre garde l’essentiel du mystère et il titille notre curiosité. On ne sait quasiment rien du personnage ou de sa famille et Gareth Evans ne laisse quasiment aucune information, juste assez pour susciter l’intérêt. La traversée et l’arrivée sur l’île sont toujours très rapides et la découverte de la communauté apporte encore de nombreuses questions. Cependant, le scénario pêche très vite par son manque de suspense et son côté extrêmement prévisible. Si vous avez vu quelques films d’horreur, vous vous attendez à ce que cette communauté en apparence heureuse soit en fait une horrible société autoritaire et… c’est le cas. Le cinéaste ne semble faire aucun effort, il pose toutes ses cartes sur la table et il n’évite aucun cliché. Ce qui fait que ce qui était plaisant au départ devient vite lassant. Les personnages sont tous sur des rails, ils n’ont aucune évolution psychologique, pas même vraiment une profondeur ou un intérêt quelconque. Thomas dévoile son jeu très vite et il ne nous surprend jamais, pas plus que le prophète auto-proclamé. Les deux acteurs principaux, Dan Stevens et Michael Sheen, ont été excellents par ailleurs, mais ici, ils ne semblent jamais y croire et nous non plus. Malgré tout cela, Gareth Evans développe une mythologie a priori intéressante, avec cette déesse qui nourrit la terre, mais il n’en fait rien. Ou plutôt si, il s’en sert comme excuse pour multiplier les scènes inutilement violentes et gore. On se croirait parfois dans une caricature de la saga Saw, mais ça n’apporte rien et plus le temps passe, et plus cette violence extrême semble n’exister que pour cacher la vacuité de l’histoire. C’est certainement censé impressionner, mais on s’ennuie vite face à ce déluge d’hémoglobine et le film n’est jamais très impressionnant, à force d’être trop prévisible.

On ne dirait pas que Le bon apôtre est une grosse production portée par Netflix, le long-métrage ressemble plus à un film fauché. Le réalisateur a beau multiplier les séquences dans le noir, on finit bien par voir que les décors ne sont pas nombreux et qu’il s’y passe bien peu de choses. C’est dommage, car Gareth Evans tenait une idée plutôt prometteuse avec cette communauté îlienne et la divinité locale. Ce sujet est intéressant, sauf que le scénario ne cesse d’aller voir ailleurs, oubliant son sujet et perdant les spectateurs au détour d’une quelconque intrigue secondaire téléphonée. Le bon apôtre aurait mérité une bonne réécriture et une version plus courte, mais en l’état, ce n’est même pas vraiment divertissant…